Quel avenir pour les semences paysannes ? Entre partage informel, changement des lois et utilisation du numérique

Quel avenir pour les semences paysannes ? Entre partage informel, changement des lois et utilisation du numérique

Elles représentent moins de 3 % des graines utilisées pour la production alimentaire mondiale.

Les semences paysannes sont, dans de nombreux pays, tenues hors des circuits commerciaux. La France figure parmi les pionniers de la standardisation, dès les années 1930, cherchant à rendre les semences prévisibles, productives et commercialisables. 
Aujourd’hui la mise sur le marché de la semence industrielle s’inscrit dans une construction juridico-légale complexe avec des caractéristiques de distinction, homogénéité et stabilité (DHS), dont les semences paysannes se trouvent exclues par nature.

L’agriculteur avait néanmoins gardé le "privilège" de continuer d’utiliser librement ses propres graines d’une année sur l’autre, un droit qui se trouvera réduit uniquement à la conservation et l’échange non marchand des semences en 1978, avant de devenir facultatif, laissé au bon vouloir des États, au début des années 1990.
Le recours aux variétés industrielles jouerait un rôle dans la perte de plus de 75 % de la diversité génétique des plantes, selon la FAO. 

Cette confiscation marchande a été de plus en plus contestée depuis les années 1980, notamment en France par des acteurs comme le Réseau Semences Paysannes et Kokopelli qui considèrent l’autonomie semencière paysanne comme un élément central d’une agriculture respectueuse du vivant.
Depuis 2020, la vente de semences paysannes à des jardiniers amateurs est de nouveau une pratique légale.
Des filières d’approvisionnement alternatives continuent d’exister, avec pour objectif de limiter la dépendance paysanne vis-à-vis des modèles basés sur les droits de propriété intellectuelle : banques de semences, fêtes paysannes, réseaux d’échange informels voire commercialisation de semences non-inscrites dans le catalogue officiel donnant lieu parfois à des condamnations et des amendes…

La préservation et l’usage des semences paysannes se fondent sur des savoirs traditionnels, ancrés localement et liés aux spécificités des variétés locales. Ces savoirs s’avèrent centraux pour la transition agroécologique, dès lors que cette transition va avoir recours à des variétés anciennes, sélectionnées par les paysans, adaptées à l’environnement local, souvent moins gourmandes en eau et qui ne dépendent que peu ou pas des intrants chimiques.

La mise en commun des semences et des savoirs associés peut être facilitée par de nouveaux outils tels que le numérique. Mais cela passe obligatoirement par un relâchement de la contrainte juridico-légale qui confisque aujourd’hui le rapport au vivant dans un modèle marchand trop éloigné de la nature.

 

Source : The Conversation, George Aboueldahab, Myriam Kessari, Florence Palpacuer - 01/05/24

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