Aller vers la sobriété numérique

Aller vers la sobriété numérique

Difficile de se passer du numérique dans la vie quotidienne ! Pourtant son impact sur la planète et l'addiction due à l'emprise des écrans sur nos cerveaux devraient nous inciter à modifier nos habitudes : maîtriser nos usages, privilégier le reconditionné, les équipements durables et réparables…

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Sommaire

- L'équivalent de 180 millions de voitures
- La fabrication : 80 % de l'empreinte environnementale
- L'usage : 20 % de l'empreinte environnementale
- Des méfaits sur la santé
- S'équiper correctement
- Réparer en cas de problème
- Pour un usage raisonné
- Consommer avec modération
- Pour la "slow tech"

Le numérique est un outil formidable pour relever les grands défis du 21e siècle, notamment en termes d'économie, de communication et d'information. Problème : il génère des effets secondaires indésirables dans différents domaines, santé, social, environnement.
"Le numérique est une drogue dure… La réduction de notre empreinte numérique et notre résilience en tant que civilisation impliquent donc de prendre du recul par rapport à cette technologie pour l'utiliser avec sobriété"*, affirme Frédéric Bordage, expert du numérique responsable, fondateur de GreenIT.fr.

L'équivalent de 180 millions de voitures
L'univers du numérique serait constitué dans le monde, selon ses estimations, d'environ 36 milliards d'appareils : smartphones, ordinateurs, box, antennes relais, objets et animaux connectés…
"Selon mes calculs, à l'échelle planétaire, tous ces équipements pèsent déjà 225 millions de tonnes, soit la masse de 180 millions de voitures !"*
Et la vitesse de croissance du secteur est impressionnante : sa taille sera multipliée par 5 entre 2010 et 2025.*

La fabrication : 80 % de l'empreinte environnementale
Il faut savoir que c'est la fabrication des équipements qui concentre 80 % de l'empreinte environnementale du secteur. Cela représente en France entre 2 et 8 % de l'empreinte totale, selon les indicateurs retenus.*
On connaît la problématique liée aux procédés d'extraction de métaux nécessaires à cette fabrication. Les conséquences sont désastreuses sur l'environnement et les populations locales. On connaît également les conditions épouvantables dans lesquelles se fait l'assemblage des produits, en Chine et au Mexique.

L'usage : 20 % de l'empreinte environnementale
Seulement 20 % de l'empreinte environnementale du numérique sont liés à la consommation d'électricité dont l'impact varie selon le mix énergétique de chaque pays. À la fin de la chaîne, seulement 17 % des déchets électroniques sont correctement traités au niveau mondial, le recyclage illégal se faisant surtout en Afrique et en Asie.

Des méfaits sur la santé
À notre niveau, l'usage compulsif de produits numériques aboutit à une augmentation des addictions aux écrans, aux mails et aux réseaux sociaux. Augmentation également de la charge cognitive des utilisateurs pouvant flirter avec l'overdose et entraîner des troubles de l'attention…

S'équiper correctement
Frédéric Bordage dégage donc trois pistes à suivre résolument : fabriquer des équipements en moindre quantité, qui durent plus longtemps et qui soient réellement utiles.
En conséquence, au moment de s'équiper, il convient de s'interroger sur la réalité du besoin qu'on a de l'appareil à acquérir et de privilégier les équipements reconditionnés. Il s'agit ensuite de conserver ses équipements le plus longtemps possibles, d'envisager systématiquement la réparation en cas de problème et, au final, de leur donner une seconde vie, via le reconditionnement.

Il ne faut pas hésiter à privilégier un produit écolabellisé. Le label TCO notamment, créé en Suède il y a 25 ans, est un bon label de référence pour les équipements informatiques. Il prend en compte l'ensemble du cycle de vie du produit ainsi que des critères environnementaux et sociaux.

Réparer en cas de problème
Depuis le 1er janvier 2021, les ordinateurs portables, les smartphones et les téléviseurs comportent un indice de réparabilité de 1 à 10. On peut donc choisir un appareil avec un fort indice pour se ménager la possibilité d'une plus longue durée de vie.

Lorsqu'on est confronté à un dysfonctionnement, il existe de nombreuses boutiques de quartier susceptibles d'effectuer des réparations de qualité. Par exemple, une plateforme comme Repair Café regroupe en France environ 300 ateliers de réparations.

Pour un usage raisonné
Une fois équipé correctement, il reste les bonnes pratiques pour minimiser les 20 % de l'empreinte liés aux usages.
Frédéric Bordage conseille :
- de prendre soin de ses appareils ;
- d'éteindre les box (modem et décodeur TV) dès qu'on ne s'en sert plus ;
- de limiter l'usage du "cloud" au strict nécessaire ;
- de privilégier une connexion filaire, à défaut wifi, à défaut 4G ;
- de préférer la TNT à l'ADSL pour regarder la télé.

Les écogestes généralement recommandés comme supprimer ses courriels, utiliser un moteur de recherche alternatif, mettre en favoris ses sites préférés, changer de navigateur, vider son cache ou changer la résolution d'une vidéo ne sont, selon lui, que du greenwashing. À oublier.

Consommer avec modération
Enfin, on peut prendre l'habitude, comme pour l'alcool, de consommer le numérique avec modération. On peut penser à aménager des plages de temps sans numérique et/ou sans connexion. Il faut accepter de ne pas répondre à tous les textos, courriels et autres sollicitations. Et pourquoi pas désinstaller tous les logiciels et les applications superflues, arrêter les notifications et alertes, se désinscrire des lettres d'information et des listes de diffusion ?
(Voir : Pour un usage responsable des écrans et "Génération écran" : gérer la connexion de nos enfants)

Pour la "slow tech"
Entre les geeks technophiles et les décroissants technophobes, Frédéric Bordage prône la voie médiane et raisonnable de la "slow tech".
"L'idée de la "slow tech", c'est d'utiliser le numérique uniquement lorsque c'est nécessaire et en complément d'autres solutions. Avec toujours en tête une dimension humaine tourné vers la bienveillance, l'éthique, l'inclusion, le respect de la vie privée."*

 

*Tendre vers la sobriété numérique, Frédéric Bordage, éditions Actes Sud

 En savoir +

Le débat de la 5G

La société civile, selon Frédéric Bordage, ne comprend pas l'empressement des autorités françaises à vouloir déployer la controversée 5G, sans attendre les résultats des études d'impacts sanitaires et environnementaux.
"La 4G propose déjà un débit de 150 Mbit/s, nettement plus élevé que l'ADSL, qui couvre déjà tous les besoins d'un foyer. Quel intérêt pour les particuliers de disposer de 10 à 500 fois plus de débit, au prix de la mise au rebut prématurée de dizaine de millions d'appareils parfaitement opérationnels ?"*

651 millions
d'équipements numériques
en France
(près de 11 par Français)*

5 millions
de vidéos visionnées sur YouTube
dans le monde
en une seule minute*

4 milliards
de recherches sur Google
dans le monde
en une seule minute*

Vie Saine et Zen