Oser parler de l’andropause

Oser parler de l’andropause

Le sujet est encore tabou mais l’andropause concerne une forte minorité d’hommes qui connaissent avec l’âge différents troubles, notamment des problèmes érectiles et une baisse du désir. Il existe diverses solutions, chacune avec ses avantages et ses inconvénients.

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Sommaire

- DALA : déficit androgénique lié à l’âge
- Dysfonctionnement ou vieillissement normal ?
- Traitements allopathiques : peu efficaces et dangereux
- L’impact de l’hygiène de vie
- Des plantes intéressantes
Formes alternatives de sexualité
- Se rapprocher d’une sexualité plus authentique

L'andropause correspond à la baisse du taux de testostérone chez les hommes. 10 % des plus de 50 ans seraient concernés.*

"Chez l'homme comme chez la femme, andropause et ménopause se caractérisent par une baisse des niveaux hormonaux, les œstrogènes chez la femme, la testostérone chez l'homme, au moment où l'âge de nous reproduire est a priori passé, selon les lois de la nature"*, explique Anne-Cécile S. Michelet, autrice et journaliste.
Mais dans cette société où règne pour les hommes une injonction à la virilité, le sujet reste un tabou (voir encadré).

DALA : déficit androgénique lié à l’âge
Dans le monde médical, on parle en France de DALA (déficit androgénique lié à l’âge). On parle aussi de "déficit de testostérone lié à l’âge" ou simplement de perte de l’érection ou encore d’hypogonadisme.

Les symptômes commencent à apparaître entre 40 et 55 ans en moyenne, et se développent progressivement : apparition de problèmes érectiles, baisse du désir, changements d’attitudes et d’humeur, difficultés de concentration, baisse d’aptitude au travail, troubles de la mémoire récente, périodes de transpiration excessive, problèmes d’insomnie. Plus tard peuvent venir d’autres symptômes : perte des cheveux et/ou de la masse musculaire, fatigue, baisse de l’énergie, diminution de la pilosité aux aisselles et au pubis, du volume des testicules, affinement et dessèchement de la peau, prise de poids… Certains symptômes restent, d’autres ne sont que passagers.

Dysfonctionnement ou vieillissement normal ?
Seul une minorité d’hommes sont touchés. Contrairement à ce qui se passe chez la femme, les symptômes ne marquent pas l’arrêt de la fertilité, le déclin hormonal est partiel, progressif et inconstant.
Les experts ont observé qu’à partir de 30 ou 40 ans la concentration en testostérone dans le sang diminue d’environ 1 % par an.
L’andropause reste néanmoins un phénomène controversé. Elle est considérée comme un dysfonctionnement par certains, comme le reflet du vieillissement normal par d’autres.

Traitements allopathiques : peu efficaces et dangereux
La médecine conventionnelle propose différentes solutions pour faire remonter le taux de testostérone : comprimés, injections, gels ou patchs.
Leur efficacité n’a pas été démontrée scientifiquement et les risques d’effets secondaires sont à considérer : apparition d’acné, grossissement de la prostate et des seins, augmentation du nombre de globules rouges, aggravation des symptômes d’apnée du sommeil, augmentation des risques de cancer de la prostate.*

D’autres solutions sont plus immédiates et agissent directement sur le flux de sang qui irrigue le pénis : Viagra, Cialis, Spedra, Levitra… Les traitements se prennent sous forme de cachets de quelques heures à une demie heure avant le rapport sexuel. Ils sont délivrés sous ordonnance, après un examen médical sérieux car ils comportent des risques d’effets secondaires potentiellement graves : perte de la vue, AVC, arrêt cardiaque…*

L’impact de l’hygiène de vie
Il est possible d’atténuer l’impact des symptômes de l’andropause avec une bonne hygiène de vie :
- en modérant sa consommation d’alcool ;
- en réduisant sa consommation de sel et en évitant les aliments très sucrés ;
- en mangeant plus de fibres alimentaires ;
- en consommant plus d’acides gras oméga-3.

Les naturopathes conseillent de diminuer tout ce qui accélère le vieillissement : alcool, tabac, drogues, excès de graisses saturées, de fromage, de sucre. Privilégier plutôt les aliments biologiques, non transformés, riches en zinc, équilibrer les repas, désacidifier l’organisme, combler les carences…*

Des plantes intéressantes

En phytothérapie, certaines plantes peuvent apporter une aide intéressante :
- la tribule terrestre stimule l’organisme ;
- le ginseng et la maca sont des plantes adaptogènes ;
- la damiana est un aphrodisiaque qui favorise la vasodilatation ;
- le gingko biloba favorise la circulation du sang ;
- certains bourgeons comme ceux du chêne augmentent la testostérone.*

Les médecines traditionnelles ayurdévique ou chinoise, ont également des solutions à apporter, fondées sur les équilibres énergétiques.

Formes alternatives de sexualité
De plus en plus de couples se tournent aujourd’hui vers des formes alternatives de sexualité, sans pénétration, fondées sur l’écoute de l’autre et l’exploration d’autres sources de plaisirs. Il découvrent que la sexualité peut être autre chose que de la performance, de la domination, de l’orgasme obligatoire (voir : Le diktat de l’orgasme).

Certains se réfèrent au tantra, en référence au courant de pensée qui a pénétré autrefois l’hindouisme puis le bouddhisme et qui propose une transformation intégrale de l’être humain. On le réduit souvent, en Occident, à une simple approche tendre et sensible de la sexualité.
"Le tantra est une philosophie de vie et de joie où l'on s'invite à être à l'écoute des messages de notre corps et de notre énergie et où l'on va pouvoir s'émerveiller de tout ce qui s'y joue", explique Audrey, enseignante tantra. "Le tantra propose une sexualité sacrée, dans laquelle le cœur et le sexe sont reliés."*

Se rapprocher d’une sexualité plus authentique
La plupart des hommes n’ont reçu aucune éducation sexuelle et sont pétris de nombreuses peurs : peur du changement vécu dans leur corps, peur de ne pas être à la hauteur, de perdre leur compagne, d’aller vers une autre pratique sexuelle… L’andropause peut être finalement une occasion pour eux de se rapprocher d’un plaisir plus grand, d’une sexualité décomplexée qui leur ressemble de manière plus authentique.

 

Sources :
*Tout ce que vous devez savoir sur l’andropause (mais que vous n’osez pas demander), Anne-Cécile S. Michelet, éditions Leduc
Passeport Santé : L’andropause : qu’est-ce que c’est ?

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Étymologie du mot "andropause"

Du grec "andros", homme, et "pausis", cessation.
Le mot n’est pas réjouissant. Il veut dire littéralement "cesser d’être un homme".
L’équivalent féminin est plus factuel : ménopause signifie simplement "la fin des menstruations".

Anne-Cécile S. Michelet, autrice et journaliste, voit une relation entre le sens du mot et les années 1940, période où il est né.
"La guerre a besoin d’hommes forts, virils, féconds. Le régime nazi a lui aussi ses critères selon lesquels une partie de la population doit être féconde et puissante, l’autre devant au contraire disparaître."* 

Pour elle, le choix du terme reflète les orientations politiques de l’époque, selon lesquelles les symptômes liés à la baisse du désir et de l’érection signifient la fin du statut masculin. On comprend pourquoi le mot fait encore, aujourd’hui, l’objet d’un véritable tabou.

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