Se passer d'avion ?

Se passer d'avion ?

Voyager moins pour voyager mieux… Face aux enjeux environnementaux, il existe des solutions collectives et individuelles : prendre conscience de ses véritables besoins, choisir des modes de transports alternatifs, réduire la fréquence de ses vols…

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Sommaire

- Encourager le train
- Revenir sur des pratiques délétères
- Pour une sécurité sociale écologique
- Ralentir et réduire nos déplacements
- Le bonheur près de chez soi
- Vers un flexitarisme aérien

Face à l'impact environnemental du transport aérien, on voit qu'il n'existe aucune solution technique à la hauteur du boom attendu dans les prochaines années (voir : Transport aérien : l'impact sur l'environnement). Il faut donc réinterroger notre rapport à l’espace, à l’exotisme, à la vitesse. Il n'est pas question de "désapprendre" le voyage mais de lui redonner du sens, selon Sébastien Porte, journaliste indépendant, spécialiste de l'environnement*. Et ce sens doit être réinjecté à la fois au niveau collectif et individuel.

Encourager le train
De nombreuses solutions appartiennent au législateur. L'un d'entre elles, notamment, consiste à encourager le train : fermer les liaisons aériennes intérieures superflues et, partout où cela est possible, appliquer le principe de substitution train-avion, remettre sur rail les trains de nuit, renforcer la desserte ferroviaire des aéroports…

Revenir sur des pratiques délétères
Il devient urgent d'inverser les pratiques contre-productives : imposer un moratoire sur les infrastructures aéroportuaires, en finir avec l’ultra low cost, clôturer les programmes de fidélisation…

Sébastien Porte propose également de réformer le régime de la propriété des aéroports en attribuant la gestion et la coordination de tous les aéroports du pays à un seul et même groupe public.
Sur le plan fiscal, il y a de nombreuses mesures à prendre : taxer le kérosène, augmenter les taux de TVA et de contribution climat, harmoniser la fiscalité européenne et mondiale…

Certaines subventions sont devenues aujourd'hui injustifiées : soutiens à la construction d’aéroports, facilités logistiques offertes aux transporteurs low cost, renflouement des caisses des plateformes défaillantes, cadeaux fiscaux, achats d’avions…

Pour une sécurité sociale écologique
Sébastien Porte fait partie de celles et ceux qui préconisent la création d'une sécurité sociale écologique.
"Les millions d’euros qui seraient levés au titre d’une éventuelle taxe kérosène iraient alimenter une caisse "verte" qui servirait, par exemple, à financer le retour des trains de nuit, l’aménagement de pistes cyclables, ou la baisse des tarifs du ferroviaire."*

Ralentir et réduire nos déplacements
Mais de nombreuses solutions dépendent de chacun d'entre nous.
Selon une récente étude sur les aspirations des populations dans les pays développés, 75 % des sondés se disent prêts à réduire leurs déplacements pour faire face au défi environnemental et 60 % à abandonner la voiture personnelle ou l’avion. "À l’opposé des modes de vie actuels, le ralentissement des rythmes de vie constitue un élément essentiel pour accéder à la vie idéale", conclut cette enquête*.

Le bonheur près de chez soi
Une fois qu'on a rangé les systèmes de compensation carbone sur l'étagère des fausses bonnes idées (voir encadré), on peut penser que les mentalités sont prêtes pour une révolution des pratiques et des esprits.

Il nous appartient donc dès maintenant :
- d'éviter de voyager en retrouvant le bonheur près de chez soi ou en utilisant la visio-conférence pour les réunions professionnelles,
- de privilégier le train dès que c'est possible,
- d'utiliser l'avion avec parcimonie en prenant soin de choisir des vols sans escale, de préférer les avions neufs aux vieux, d'opter pour la classe Économie, de rejoindre l'aéroport par les transports en commun, de voyager léger…

Vers un flexitarisme aérien
On peut se donner pour objectif d'étaler ses voyages dans le temps et de les faire durer : "un vol long-courrier tous les trois ou quatre ans maximum, un vol intra-européen par an, zéro vol intérieur"*.
Sébastien Porte préconise un "flexitarisme aérien", à l’image du flexitarisme alimentaire qui prône une consommation de viande occasionnelle.
"Prendre l’avion deviendrait une expérience moins fréquente, si ce n’est exceptionnelle, mais resterait du domaine des désirs souhaitables, et objectivement réalisables."*

 

Source :
*Le dernier avion, Comment le trafic aérien détruit notre environnement, Sébastien Porte, éditions Tana

 En savoir +

Le principe 
pollueur-compensateur 
: une fausse bonne idée

Certaines compagnies proposent de compenser l'impact carbone d'un vol en plantant des arbres à l'autre bout du monde.
Si ce n'est pas le cas, le consommateur a la possibilité de le faire lui-même en se tournant vers un organisme spécialisé : greentripper.org, myclimate.org ou goodplanet.org.

Le souci est que ces projets peuvent avoir des effets plus délétères que positifs : déposséder les paysans de leurs terres, faire reculer les cultures vivrières et la souveraineté alimentaire, générer conflits, déplacements forcés de populations ou violations des droits de l’homme.

"Chaque jour, des millions d’euros sont ainsi injectés dans des projets douteux partout sur la planète au titre des crédits carbone", affirme Sébastien Porte. "Or non seulement ils ne réduisent en rien les émissions polluantes, mais en plus ils nuisent aux populations locales, tout en procurant de juteux bénéfices à leurs investisseurs."*

Vie Saine et Zen