Écotourisme dans la forêt brésilienne

Écotourisme dans la forêt brésilienne

Il a créé dans la forêt brésilienne un oasis au milieu de ce monde où il fait bon se ressourcer et expérimenter de nouvelles manières de vivre. Loin de la consommation et de la communication. Plus proche de la nature et de soi-même. Rencontre avec Hugues de Rincquesen…

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Sommaire

- Comment vous est venue l'idée ?
- Quelle formation avez-vous ?
- Comment est né le projet ?
- Quel est l'esprit du lieu ?
- Comment avez-vous réalisé les bâtiments ?
- Quelles sont les activités sur place ?
- Combien de personnes travaillent sur le lieu ?
- L'écotourisme : très développé au Brésil ?
- Vous avez d'autres projets ?
- Un conseil pour des jeunes ?

Hugues de Rincquesen, anciennement conseil en entreprise, a développé dans le sud du Brésil une ferme en agriculture biologique tournée vers le cacao, l'agroforesterie, les plantes médicinales, les cultures vivrières. Il a monté une association qui anime une école rurale et œuvre pour faire évoluer les systèmes productifs locaux. Il a créé un lieu de vie et d'accueil ouvert sur les communautés de la région, idéal pour l'écotourisme.

Comment vous est venue l'idée de monter ce projet ?
Hughes de Rincquesen : J'ai acheté le domaine Pedra do Sabiá sur un coup de cœur il y a plus de 20 ans. J'ai été séduit par la beauté du lieu. Au départ je vivais en France et je venais dans la ferme une ou deux fois par an. Comme il y avait un taux d'analphabétisme très élevé dans la région, on a eu l'idée de créer une école il y a dix ans. J'ai alors collecté des fonds en France avec une association qui s'appelle Rosa dos Ventos (la Rose des Vents), ce qui a permis de financer la construction et le fonctionnement de l'école.

Quelle formation avez-vous ?
HdR : J'ai une formation de gestion et informatique à l'Université Paris Dauphine. J'ai travaillé un peu dans l'informatique puis assez vite je me suis investi dans des projets de développement. Ma première mission en Afrique était financée par la Banque Mondiale. Ensuite j'ai travaillé au Brésil. En France j'ai développé une activité de conseil en entreprise.

Comment est né le projet autour de l'écotourisme ?
HdR : En 2005 j'ai réduit mon activité en France et j'ai investi dans le projet d'accueillir des gens dans la ferme. J'ai construit une salle pour faire du yoga, des bungalows, j'ai refait une maison pour l'accueil et aujourd'hui je peux recevoir entre 20 et 25 personnes. Au début je recevais surtout des groupes et depuis 2010, j'ai ouvert le lieu à l'écotourisme.

Quel est l'esprit du lieu ?
HdR : On fonctionne plus comme une chambre d'hôte que comme un hôtel. L'idée c'est qu'il y ait une rencontre aussi bien avec les autres visiteurs qu'avec la population locale. On fait une cuisine végétarienne essentiellement avec des produits bio qui sont cultivés sur la ferme. On reprend des recettes anciennes ou on en invente de nouvelles. La cuisine, l'accueil, le fonctionnement sont assurés par des natifs de la région qui reçoivent les visiteurs comme j'ai été reçu il y a vingt ans.

De quelle manière avez-vous réalisé les bâtiments ?
HdR : À l'époque l'accent a surtout été mis sur les techniques traditionnelles de construction. Les maisons sont très bien intégrées dans la forêt, on a un bon traitement des eaux, on a système de production d'électricité solaire. Aujourd'hui nous serions plus attentifs aux matériaux. À l'avenir nous utiliserons le bambou, la terre et expérimenterons des choses nouvelles.

Quelles sont les activités sur place ?
HdR : Il y a les soins de bien-être que l'on propose, méditation, yoga, massage… Il y a des marches pour partir à la découverte des plantations de cacao, du fleuve et de la forêt (nous avons près de 150 ha de forêt conservée). Il y a l'observation des oiseaux, nous en avons identifié 200 espèces rien que sur la ferme. Nous proposons également des excursions dans les autres réserves à proximité où il y a notamment de très belles cascades. Et l'on peut partir à la rencontre des populations locales avec laquelle notre association travaille (voir encadré).

Combien de personnes travaillent sur le lieu ?
HdR : En tout il y a une vingtaine de personnes sur les différentes entités : école, projets, lieu d'accueil. Et à part quelques stagiaires, je suis le seul français dans l'équipe.

Est-ce que l'écotourisme est très développé au Brésil ?
HdR : Dans notre région, autour d'Itacaré, nous avons connu jusqu'à présent le développement d'un tourisme de masse. Mais depuis un an ou deux il y a de plus en plus de gens qui s'intéressent à la forêt et au développement de la région. En septembre dernier j'ai participé au congrès de l'écotourisme brésilien avec l'association ABETA qui compte environ 300 membres, et j'ai été étonné par la qualité de l'engagement des acteurs de ce secteur.

Vous avez d'autres projets pour l'avenir ?
HdR : Récemment j’ai accueilli des partenaires qui m’aident à développer un "espace de santé et nature" et qui habitent sur la ferme. Dans les prochains mois nous envisageons la création d’une éco-ville à proximité du lieu d’accueil pour héberger ces familles et d’autres qui souhaiteront rejoindre notre projet.

Auriez-vous un conseil pour des jeunes qui voudraient se lancer dans l'écotourisme ?
HdR : Passion et patience. Il y a le plaisir d'habiter dans la nature et de partager ce mode de vie avec les visiteurs mais il ne faut pas être motivé par le gain économique.

 En savoir +

La Rose des Vents

L'association créée en 1999 par des français et des brésiliens de la région assure le fonctionnement de l'école depuis 2000.

Depuis 2008, elle œuvre pour valoriser l'usage des plantes médicinales locales. Après recensement des usages traditionnels auprès des personnes âgées, l'équipe fait passer cette connaissance aux jeunes générations dans les écoles de la région. Des jardins de plantes médicinales ont été mis en place : des "pharmacies vivantes", avec une quarantaine de plantes que les gens s'habituent à réutiliser comme ils le faisaient il y a 30 ou 40 ans.

Depuis 2009, l'association tente de faire évoluer les systèmes productifs des communautés. Traditionnellement les populations locales utilisaient la technique du brûlis qui n'est pas satisfaisante car la terre brûlée ne se reconstitue qu'après une dizaine d'années avec une perte de biodiversité importante. L'équipe les sensibilise à des systèmes plus durables : l'agro-écologie qui permet d'avoir une production permanente avec une rotation des cultures et l'agroforesterie qui consiste à se calquer sur ce qui se passe naturellement dans la forêt pour cultiver les arbres et les plantes.

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