Inventer une famille recomposée

Inventer une famille recomposée

C'est une nouvelle réalité qui s'impose dans un nombre de cas de plus en plus grand. La famille recomposée peut être une réussite à condition d'éviter un certains nombre d'écueils…

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Sommaire

- L'amour ne peut pas tout
- Donner sa place au beau-parent
- Ne pas fuir l'autorité
- Communiquer correctement avec l'ex
- La résidence alternée : une bonne solution
- Accueillir l'enfant "en visite"
- Une fratrie recomposée
- Se faire aider

La famille recomposée n'est plus une exception dans le paysage. C'est une situation qui s'est banalisée (voir encadré). Il est possible d'arriver à une cohabitation harmonieuse, selon Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne, cofondatrice de l'association e-enfance*. Mais il ne faut pas croire que c'est une tache facile. Rien ne va de soi, il n'y a pas de modèle préétabli. Réussir une famille recomposée demande de la réflexion, de l'écoute et une certaine créativité de la part de tous ses membres.

L'amour ne peut pas tout
Il ne faut pas croire que l'amour retrouvé au sein du nouveau couple peut aplanir toutes les difficultés. Ce n'est pas parce qu'on aime follement un homme ou une femme qu'on va aimer ses enfants. Ces derniers ont leur personnalité, leur histoire et ils éprouvent encore souvent la souffrance de vivre une situation imposée par leurs parents… Il est illusoire de penser que tout va se dérouler forcément comme un long fleuve tranquille !

Donner sa place au beau-parent
Lorsqu'arrive le nouveau conjoint, il faut un peu de temps à l'enfant pour faire connaissance avec elle ou avec lui et pour accepter son arrivée dans la cellule familiale. Il ne faut donc pas aller trop vite.

Le parent doit être attentif à rassurer le nouveau conjoint sur la place qu'il ou elle occupe. Il doit notamment légitimer très vite le rôle de sa nouvelle compagne ou de son nouveau compagnon en matière d'autorité : le beau-parent est un adulte qui aura à faire respecter les règles de la vie commune dans la maison, au même titre que le parent. Cette démarche n'est pas toujours évidente pour le parent qui peut avoir un sentiment de culpabilité à propos de la séparation qui a été imposée à l'enfant et qui peut être tenté par une attitude de surprotection, à terme nocive pour l'enfant.

Le beau-parent a, lui aussi, une démarche à faire pour intégrer l'enfant du conjoint. Il se peut qu'il y ait des affinités mais ce n'est pas toujours le cas.
"Il faut une vraie générosité, une belle empathie pour partager d'emblée son amoureux, son amoureuse, avec des enfants que l'on a rarement le temps de bien connaître et qui vont la plupart du temps prendre une place incontournable et beaucoup plus grande que celle qui avait été imaginée."*

Ne pas fuir l'autorité
Légitimée par le parent, l'autorité doit s'exercer, sans autoritarisme, de manière à poser des limites rassurantes et structurantes aux enfants.
"Les familles recomposées sont aujourd'hui confrontées de façon aiguë à cette question de l'autorité", s'inquiète Béatrice Copper-Royer. "Si elle est devenue délicate dans les familles, elle devient hautement périlleuse quand les couples se recomposent, emmenant derrière eux des enfants qui, parfois, ont déjà pris le pouvoir ou qui, dans une confusion des places et des générations, passent leur temps à négocier avec des parents qui ne savent pas les arrêter."*

Communiquer correctement avec l'ex
L'un des gages de la réussite de cette nouvelle cellule familiale est de s'accorder avec son ex, malgré le désamour. Il est important, par exemple, de l'informer de l’existence d'un nouveau compagnon ou d'une nouvelle compagne. Même si la situation est encore conflictuelle, il faut établir une mode de communication correct. L'enfant doit être mis en dehors des disputes et des règlements de compte. Il n'a pas à entendre de critiques dévalorisantes sur son autre parent. Cela peut être très perturbant et générer chez lui des conflits de loyauté.
Le beau-parent doit admettre, de son côté, que l'ex aura toujours une place dans la famille recomposée.

La résidence alternée : une bonne solution
Si la communication est correcte avec l'ex et si l'on sait mettre en place une certaine organisation, la résidence alternée s'avère une bonne solution pour les enfants de plus de cinq ans. C'est un facteur d'équilibre pour les adultes comme pour les enfants, selon Béatrice Copper-Royer.
"Pour les enfants, leur père et leur mère sont vraiment présents et responsables et ils remettent de l'ordre et de la sécurité après le tumulte du divorce ou de la séparation."*

Accueillir l'enfant "en visite"
Si l'on n'opte pas pour cette solution, il faut que le parent soit très attentif à l'enfant qui vient juste pour le week-end. Il est important, par exemple, qu'il lui propose des activités, des moments de préférence en tête à tête.
L'enfant peut vite avoir l'impression d'être "surnuméraire". Il faut qu'il ait son lit, sinon sa chambre, qu'il ait un endroit où poser son sac, où laisser des affaires. Un rappel symbolique qu'il est chez lui.
"La question de l'espace dans une famille recomposée n'est pas toute simple. Il faut faire cohabiter des enfants qui, pour certains, vont vivre à plein temps, et pour d'autres, de façon intermittente. De plus, il n'est pas donné à tout le monde d'avoir les mètres carrés suffisants pour que tout ce petit monde ait une chambre, qui parfois est vide une partie du temps."*

Une fratrie recomposée
Au sein d'une fratrie recomposée, les relations dépendent des affinités personnelles exactement comme dans une famille traditionnelle.
"Dans les familles recomposées d'aujourd'hui, on le voit, il y a des cas de figures divers. Des frères et des sœurs à part entière, des demi-frères et demi-sœurs, et des enfants issus du premier mariage du beau-parent, qui n'ont aucun lien de parenté avec les autres. Bien-sûr, ils ont un lien social et souvent un lien affectif qui se construit au fil du temps et peut devenir tout aussi puissant qu'un lien de sang."*
Mais ce n'est pas automatique, loin de là ! L'enthousiasme du nouveau couple n'est pas forcément partagé par les enfants.

En la matière, Béatrice Copper-Royer préconise la règle suivante : personne n'est obligé d'aimer personne. "Mais il est nécessaire et indispensable de se respecter : on dit bonjour, au-revoir, merci, on ne parle pas grossièrement et on répond quand on vous adresse la parole. Élémentaire peut-être mais pas toujours appliqué."*

Se faire aider
Béatrice Copper-Royer conseille de se faire aider par un psy pour traverser cette période d'autant plus compliquée que la souffrance due à la séparation peut être encore très présente. Le jeu en vaut la chandelle…
"La famille recomposée peut être source d'une vision enrichissante, inattendue. Les enfants peuvent y gagner une extraordinaire ouverture d'esprit, une aptitude à la tolérance et une faculté d'adaptation peu commune"*. Et dans le meilleur des cas, les nouveaux amoureux peuvent devenir un modèle d'amour pour les enfants.

 

Source :
*Et la famille recomposée ? Pas facile mais possible, Béatrice Copper-Royer, Solar éditions
Psychologies : Réussir sa famille recomposée
Parents : Famille recomposée, 12 conseils pour surmonter les obstacles

 En savoir +

11 % des enfants

44 % des mariages finissent par un divorce (INED 2014) et environ 11 % des enfants vivent dans une famille recomposée (INSEE 2017)*.

"Une famille recomposée comprend un couple d'adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d'une union précédente de l'un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d'une famille recomposée", définit l'INSEE.

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