Il existe actuellement plusieurs milliers de formes de pratique de Qi Gong. Certaines sont très simples et accessibles à tous : automassages, exercices de base ou techniques de méditation. Quelques exemples…
Sommaire
- Qi : souffle ou énergie primordiale
- Les 5 animaux et les 8 pièces de brocart
- 2 000 formes de Qi Gong
- Un état d’esprit
- Exemple d’automassage : l’étirement des oreilles
- Exemple d’exercice simple : le balancement des bras
- Exemple de technique de méditation : Zhao Guan Yuan
Le Qi Gong, ce travail sur le souffle et l’énergie, permet d’entretenir sa forme au quotidien, de préserver son équilibre intérieur et de gérer les bobos de la vie : fatigue, stress, anxiété, raideurs, douleurs, troubles digestifs, difficultés de sommeil… Ses effets sur la santé ont été prouvés par de nombreuses études scientifiques (voir : Le Qi Gong thérapeutique).
Qi : souffle ou énergie primordiale
Sa pratique remonte à la Chine ancienne, aux environs du 6e siècle avant J.-C et aux bases du taoïsme exprimées par Lao Zi dans le Dao De Jing (le livre de la voie et de la vertu). Tout est conditionné, selon la philosophie taoïste, par la manifestation du Qi (prononcer “tchi”), le souffle ou l’énergie primordiale qui anime le monde et les êtres vivants.
“Toute la vie d'un individu, sa condition physique comme son état intérieur, dépend pour les taoïstes de l'animation et de la circulation du Qi dans son corps comme dans sa relation avec le monde”*, explique Jean-Louis Abrassart, thérapeute psychocorporel et formateur.
Les 5 animaux et les 8 pièces de brocart
Une étoffe de soie du 2e siècle avant J.-C montre des personnages effectuant 44 exercices d’une gymnastique de santé appelée Dao Yin (littéralement “conduire et étirer”),
Au 2e siècle après J.-C, un médecin développe le Wu Qin Xi (jeu des 5 animaux) avec des mouvements imitant le tigre, le singe, l’ours, la grue et le cerf.
Dès le 6e siècle, les moines de Shaolin, experts en arts martiaux, s’entraînent avec le Yi Jin Jing (développement classique des muscles et des tendons) et dans le courant du 12e siècle, un général propose à ses soldats d’entretenir leur forme physique avec les Ba Duan Jin (huit pièces de brocart).*
2 000 formes de Qi Gong
Ces enchaînements sont parvenus jusqu’à nous et sont bien connus des pratiquants du 21e siècle sous le terme “Qi Gong” qui a été popularisé à partir de 1950. Et il y en a bien d’autres.
“On estime qu'il existe actuellement en Chine deux mille formes différentes de pratique du Qi Gong”*, précise Jean-Louis Abrassart.
Un état d’esprit
Les exercices de Qi Gong nécessitent un état d’esprit bien différent de celui d’une pratique sportive.
“La disposition intérieure pour les aborder, la manière de les effectuer et de respirer, ce que vous ressentez en vous y exerçant, sont au moins aussi important que l'exercice lui-même.”*
La pratique doit en effet se faire en conscience, c’est à dire en attention à soi-même. Le nombre et la rapidité des mouvements n’ont aucune importance. Mais si l’esprit s’échappe, on perd tout bénéfice.
“Un seul (mouvement) accompli posément et avec concentration vous profitera plus que plusieurs effectués en vous dépêchant.”*
Jean-Louis Abrassart propose des automassages, des exercices de renforcement du Qi, des techniques de recharge énergétique et de méditation, des exercices adaptés à chaque moment de l’année, par quinzaine de jours, en fonction des saisons… On peut les apprendre par soi-même avec l’aide d’un livre ou de vidéos mais rien ne remplace l’enseignement direct d’un professeur.
Exemple d’automassage : l’étirement des oreilles
Il suffit de saisir le haut du pavillon des oreilles entre le pouce et l'index et d’étirer vers le haut puis de continuer en étirant de la même manière tout le pourtour du pavillon jusqu'à étirer le lobe de l'oreille vers le bas. À faire au minimum trois fois.
“L'étirement des lobes d'oreilles a la particularité d'améliorer votre concentration. Vous pouvez le pratiquer en début de séance pour être plus présent à ce que vous faites.”*
Exemple d’exercice simple : le balancement des bras
Debout dans la posture Wu Ji (voir encadré), on monte les bras jusqu’à hauteur des épaules, paumes vers le sol, sur l’inspiration. On les laisse descendre par leur propre poids et remonter vers le haut à l’arrière du corps, paumes vers le plafond, sur l’expiration. Et on recommence. Le mouvement doit s’enchaîner sans temps d’arrêt, les épaules et les bras bien détendus.
Dans un mouvement très simple de ce genre, il y a de nombreux détails à régler. Cela se fait au fur et à mesure de la pratique.
“Le balancement des bras restaure la vitalité du corps, prévient les troubles des organes internes, fortifie le cœur, apaise le foie, renforce votre enracinement et votre connexion avec la Terre. Il dissipe le stress, la frustration et la colère en réveillant la joie”*, affirme Jean-Louis Abrassart.
Exemple de technique de méditation : Zhao Guan Yuan
Cette technique se pratique assis ou debout, dans l’objectif de recharger le Dan Tian (champ d’énergie inférieur). On vient poser ses mains sur le point Guan Yuan (point d’acupuncture 4VC), quatre travers de doigts sous le nombril. Les deux mains sont superposées, la main gauche en-dessous pour les hommes, la main droite pour les femmes. On effectue ensuite des petits cercles dans le sens des aiguilles d'une montre pendant une à deux minutes. Les mains n’appuient pas, elles sont simplement en contact avec le bas-ventre et tournent en glissant. Lorsqu’elles sont revenues à l'immobilité on commence à inspirer lentement dans l'abdomen en portant l’attention sur le point Guan Yuan, juste sous les mains, et en traversant le corps pour venir se concentrer sur le point Ming Men (point 4VG) situé sur la colonne vertébrale au niveau de la taille, symétrique du nombril. En expirant, on traverse de nouveau le corps en direction du point Guan Yuan et ainsi de suite en effectuant des allers-retours synchronisés avec la respiration. On termine en restant détendu et concentré à mi-chemin des deux points, au centre du corps.
“Cet exercice procure en général une sensation de chaleur bienfaisante dans le bas-ventre, sensation qui peut se diffuser dans le bas du dos et même se répandre dans le reste du corps.”*
*Pratiquez les exercices taoïstes, Jean-Louis Abrassart, éditions Guy Trédaniel
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Les bases du Qi Gong
La plupart des exercices de Qi Gong se font debout, à partir de la posture Wu Ji : les pieds sont légèrement écartés et parallèles, les plantes de pieds bien ancrées dans le sol, les genoux légèrement fléchis, le bassin décambré (rétroversé) avec le coccyx légèrement vers l’avant, le dos droit, le sommet de la tête vers le plafond, le menton légèrement rentré vers la poitrine, le regard à l’horizontal devant soi, les mâchoires desserrées, le bout de la langue touchant le palais.
La respiration doit se faire librement, naturellement, au niveau abdominal : à l’inspire le ventre se gonfle, à l’expire il revient à sa position initiale.
"Le blocage de la respiration abdominale crée des tensions au plexus solaire, congestionne les organes digestifs, occasionne de la constipation et entraîne des troubles circulatoires dans les jambes”*, affirme Jean-Louis Abrassart, thérapeute psychocorporel et formateur.
Le relâchement des mâchoires et la libération de la respiration amènent spontanément à l’émergence d’un sourire intérieur qui accompagne toutes les pratiques.
Les mouvements doivent être fluides, dans la détente musculaire, avec le sentiment de faire bouger l’espace autour de soi.
Aucun exercice de Qi Gong ne doit provoquer de douleur ou d’inconfort (vertiges, arythmie cardiaque, oppression respiratoire…). Si c’est le cas, il faut arrêter immédiatement. Et si cela se reproduit, ce peut-être un trouble encore ignoré : il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de santé.