Comme pour l'alimentation, en matière de cosmétiques nous voulons des produits naturels et non toxiques. Mais comment choisir ? Devant les promesses du marketing et le foisonnement des labels, il est bien difficile de s'y retrouver !
Sommaire
- Lire l'étiquette
- Se fier au label ?
- Cosmos : tentative d'harmonisation
- Quatre labels en France
- Les marques les plus sûres
- Et si l'on s'en passait ?
Les ventes de produits bio et naturels représentent 6,4 % du marché des cosmétiques en 2020 et l'on prévoit une croissance de 12 % dans les années qui viennent.* C'est une tendance de fond : les consommateurs exigent des produits plus responsables vis-à-vis de l'environnement et meilleurs pour leur santé (voir encadré).
Mais face aux promesses des fabricants qui ne cessent de mettre en avant tel ou tel principe actif miracle paré de toutes les vertus, comment faire son choix ?
Lire l'étiquette
Dans l'Union Européenne, comme aux États-Unis, au Japon et en Australie, l'étiquette apporte déjà un certain nombre d'informations.
La règle INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) oblige l'industriel à afficher les végétaux (en latin) et les agents chimiques (E212, PEG, etc), dans l'ordre de quantité décroissante, du plus fort au moins fort pourcentage.
Mais c'est souvent écrit en minuscule et il y a peu de précisions sur la nature du produit végétal (une poudre, un extrait, quel mode d’extraction, avec ou sans solvants chimiques… ?). Les colorants sont indiqués par des codes difficiles à comprendre, et les ingrédients dont la quantité est inférieure à 1% n'ont pas l'obligation d'être mentionnés.
Se fier au label ?
Il est donc souvent plus simple de vérifier que le produit comporte un label. Mais attention ! Pour les produits non alimentaires comme les cosmétiques, le bio ne recouvre pas la même réalité que pour les produits alimentaires. L'appellation "bio" est possible mais il n'y a pas encore de réglementation publique.
Les différents labels sont le résultat du regroupement de certaines marques privées qui ont mis en place des cahiers des charges, certifiés ensuite par un organisme indépendant (Écocert, Qualité France ou autre). D'où le foisonnement de labels, à la charte plus ou moins exigeante (Soil Association, Cosmebio, BDIH, Austria Bio Garantie, Demeter, Nature et Progrès, Natrue, USDA Organic et Max Havelaar).
Cosmos : tentative d'harmonisation
Une tentative d'harmonisation a eu lieu au niveau européen en 2017, initiée par cinq associations et organismes de certification européens : les français Cosmebio et Ecocert, l'allemand BDIH, l'italien ICEA et le britannique Soil Association. Elle a abouti à la mise en place du label Cosmos : la teneur en ingrédients bio sur le total des ingrédients du produit augmente de 10 à 20 % (prenant en compte l'eau contenue dans les flacons) et seuls les ingrédients biodégradables sont acceptés.
Cela s'ajoute aux exigences des labels déjà sur le marché : 95 à 100 % d'ingrédients naturels, 95 à 100 % d'ingrédients bio sur les ingrédients végétaux et un maximum de 5 % d'ingrédients approuvés dans une liste de molécules synthétiques utilisées comme agents de conservation et qui doivent être mentionnées sur l'emballage. Sont bannis : parfums et colorants de synthèse, silicones, parabènes, glycols et, le plus souvent, produits d'origine animale.
Quatre labels en France
En France on trouve principalement, sous le référentiel Cosmos, les quatre labels suivants :
- le label Nature et Progrès, qui fait partie des plus exigeants, garantit que le produit ne contient que des végétaux bio, sans produit de synthèse, avec un engagement fort sur le plan environnemental et social ;
- le label Cosmebio ;
- le label Ecocert Cosmos Organic ;
- le label Qualité-France.
Les marques les plus sûres
Dans son palmarès des marques de cosmétiques les plus sûres, l'UFC Que Choisir conseille de privilégier les achats en pharmacies par rapport aux grandes surfaces où elle trouve peu de produits à conseiller. Avec 100 % de produits verts et aucun composant nocif, la palme est remportée par Neutraderm et Mustela.**
Selon l'association de consommateurs, les cosmétiques bio sont pénalisés par la présence d'huiles essentielles dont certains composants peuvent être considérés comme des allergènes. La question est controversée. Si l'on considère ces allergènes comme "acceptables", le bio surpasse le conventionnel avec 86 % de références recommandables contre 56 %.**
On trouvera alors la meilleure offre dans les magasins de cosmétiques bio et les magasins bio généralistes, tout comme en pharmacies et parapharmacies.
Et si l'on s'en passait ?
Une autre solution plus radicale commence à se développer. Il est parfaitement envisageable d'éviter les cosmétiques et de n'utiliser que des produits bruts ou faits maisons (voir : Des produits naturels pour notre peau).
Sources :
*Xerfi L'économie réelle : Cosmétiques bio et naturels : un marché de 972 M€ en France en 2020
**Que Choisir n°607 : Ingrédients indésirables dans les cosmétiques
Agence Bio : Les produits bio non alimentaires
En savoir +
Les produits de beauté : dangereux pour la santé ?
Signalisation corporelle, communication sociale ou hygiène de vie, les cosmétiques sont probablement aussi anciens que l'homo sapiens.
En 3000 av. JC, les Égyptiens utilisent déjà des extraits végétaux pour leurs onguents ou leur huile parfumée.
Jusqu'au début du 19e siècle, certains produits (comme le blanc de céruse) contiennent du plomb.
Au 20e siècle, la chimie moderne introduit des dérivés du pétrole dans les cosmétiques : adjuvants, colorants, émulsifiants, tensioactifs.
À partir des années 1980, de nombreuses études portant sur certains éthers de glycol utilisés dans les cosmétiques démontrent leurs effets négatifs sur la fertilité, le développement embryonnaire (avortement et problèmes de malformations) et les suspectent d'avoir des propriétés cancérigènes. S'amorce alors un virage vers des produits proches de la nature qui conduit depuis 2003 à une réglementation plus stricte.
Reste que de nombreux produits cosmétiques contiennent encore des molécules toxiques (allergènes, perturbateurs endocriniens, irritants…) et il faut souvent une dizaine d'années pour que la règlementation prenne en compte le verdict des scientifiques. Témoins, la méthylisothiazolinone (MIT) dénoncée depuis le début des années 2010 mais interdite seulement en 2017 ou encore la paraphénylènediamine, toujours autorisée dans les colorations pour cheveux, neuf ans après l'avis négatif du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs.**