Faire l'amour en pensant à autre chose

Faire l'amour en pensant à autre chose

"Tiens le plafond commence à s'écailler" pense-t-elle. "Est-ce que je vais arriver à la faire grimper au rideau ?" pense-t-il. Ennui, surmenage, anxiété de performance… Il y a plein de raisons d'être ailleurs pendant qu'on fait l'amour. On pourrait avoir l'impression que ça ne se voit pas et que ça ne marche pas si mal. Mais, souvent sans s'en rendre compte, on expose le couple à certains dangers.

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Sommaire

- S'absenter par ennui
- Ne pas arriver à déconnecter
- Le fantasme : amplificateur du désir
- Une stratégie pour faire durer le plaisir
- La sexualité : un lieu de partage et de communication ?

Même pendant qu'on est train de faire l'amour on n'arrête pas de travailler du chapeau ! Notre petit singe mental intérieur passe son temps à gesticuler.

S'absenter par ennui
"Flûte, j'ai oublié de lancer la machine à laver !"… Une des premières raisons pour laquelle nos pensées vagabondent pendant la relation c'est la routine, l'ennui.
Cela peut arriver quand on fait l'amour toujours dans le même lieu, avec les mêmes préliminaires, dans la même position…

Cela peut aussi arriver quand on est dans le faux-semblant avec son(sa) partenaire : on accepte de faire l'amour sans ressentir vraiment de désir, parce que ça a l'air de lui faire plaisir. Ou par conformisme : le très ancien "devoir conjugal", la volonté de coller à une normalité supposée (il faut "tenir la moyenne" de deux rapports par semaine !)… On se force un peu, on imagine que le désir viendra dans le feu de l'action.
Ce cas de figure implique une certaine passivité et concerne plutôt les femmes qui, pour des raisons d'éducation, selon Danièle Flaumenbaum, gynécologue, acupunctrice, souvent "se laissent faire l’amour plutôt qu’elles ne le font."

Pour Sandie Poussau, relaxologue, "ça veut dire qu'on est assez déconnecté de son corps, on n'est pas dans le partage. Et en face, le partenaire peut ressentir une certaine solitude, avoir besoin de partir dans un fantasme qui viendrait renforcer son désir."

Ne pas arriver à déconnecter
"Est-ce que j'ai rappelé Mme Machin ?" Il arrive aussi que l'activité très intense du quotidien nous empêche d'avoir accès à la décontraction mentale. Même pendant l'amour on ne peut pas déconnecter.
Comme dans le cas précédent, on "subit" la relation en pensant à autre chose.

Le fantasme : amplificateur du désir
Le fantasme peut être là pour renforcer l'excitation : on pense à un(e) ex, à son idéal masculin ou féminin, à des partenaires multiples, à des scènes pornos…
"Sans doute cela sauve-t-il des accouplements mais qu'en est-il du couple ?" se demande Gérard Leleu, médecin, sexologue et thérapeute de couple.

Une stratégie pour faire durer le plaisir
À l'inverse du fantasme, la pensée peut servir à ralentir le désir. Les conseils aux hommes fourmillent dans les médias : "concentrez-vous sur le bas de votre dos, imaginez votre belle-mère en string, pensez à un plat de lentilles…"
Il est vrai que, dans certains cas, elle a besoin de plus de temps que lui pour atteindre l'orgasme. Utiliser la pensée pour se mettre au diapason de sa partenaire serait alors pour l'homme un acte d'amour et de respect ?

Plutôt une idée de performance répond Jacques Ferber, chercheur à l'université de Montpellier, qui met en garde contre ce leurre: "se montrer à la hauteur, ne pas partir trop vite, avoir une belle érection… (Cela) nous éloigne de la femme et nous coupe de notre ressenti. La femme le sent et se referme sur elle-même."

Pour Sandie Poussau, "on est dans un mode qui peut fonctionner mais qui est assez égoïste pour la femme. Alors qu'on peut aussi accueillir une relation sexuelle telle qu'elle est, soit longue soit courte, parce que les situations sont irrégulières dans la vie. Sous l'objectif principal de faire plaisir à l'autre et de la gratifier, on en oublie finalement l'objectif de la rencontre sexuelle qui est le lien charnel, corporel. Ça devient une compétition."

La sexualité : un lieu de partage et de communication ?
Comment apprendre à mieux aimer, accueillir ce qui vient, jouir de l'instant, entrer dans la communication sexuelle…

Pour Jacques Ferber, "le remède s’appelle présence. La présence est une attitude intérieure où l’on est totalement investi dans ce que l’on fait, dans l’instant, sans réflexion ni jugement nous plaçant dans le passé ou l’avenir. Être présent, c’est ne rien vouloir et se laisser guider par ce qui vient naturellement du fond de l’être."

Des disciplines comme la sophrologie, le yoga, la relaxation peuvent nous aider à devenir acteur de notre désir et de notre plaisir. Et nombreux sont les sexologues, les psychologues, les philosophes qui proposent un chemin pour faire du couple et de la sexualité un lieu d’épanouissement et de développement personnel.

 

Sources :
L'art de bien faire l'amour, Gérard Leleu, éditions Leduc S.
Femme désirée, Femme désirante, Danièle Flaumenbaum, éditions Payot
L’Amant tantrique, Jacques Ferber, éditions Le Souffle d'or

Vie Saine et Zen