Cinq questions pour tout comprendre aux aires marines protégées, au cœur de la conférence mondiale sur l’océan à Nice

Cinq questions pour tout comprendre aux aires marines protégées, au cœur de la conférence mondiale sur l’océan à Nice

L’immense majorité du territoire maritime français autorise des pratiques de pêche destructrices pour la biodiversité.

En ouverture de la conférence mondiale sur l’océan qui se tient à Nice cette semaine, la France a dévoilé un plan ambitieux pour augmenter la surface de ses aires marines protégées (AMP)… Ce dernier a aussitôt été critiqué par plusieurs associations environnementales qui appellent à interdire l’ensemble des activités de pêche industrielle dans ces zones.

1) Une aire marine protégée, c’est quoi ? Ce sont des zones naturelles en mer qui visent à préserver la biodiversité locale. 
En France ce sont des zones de différentes tailles et niveaux de protection : parcs nationaux (Port-Cros, Guadeloupe et Calanques), parcs naturels marins (il y en a 9 : bassin d’Arcachon, Martinique, mer de Corail…), réserves naturelles, sites Natura 2000… La plus ancienne est la parc national de Port-Cros (1963). Le nombre d’AMP a été multiplié par 15 depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur la diversité biologique en 1993.

2) Est-ce que ça marche vraiment ? Ça dépend en grande partie des règles mises en place concernant la pêche. Quand la plupart des activités extractives sont interdites, comme dans les AMP en protection dite “stricte”, on observe des bénéfices pour la biodiversité.

3) Combien en compte-t-on actuellement ? Lors de la 15ème conférence mondiale (COP15) sur la biodiversité, en 2022, 196 États se sont engagés à protéger 30 % des mers d’ici à 2030. On en est aujourd’hui à un peu plus de 8 % et l’objectif de la conférence de Nice est de passer à plus de 10 %, selon l’Élysée. 
La quasi-totalité des espaces protégés se trouve dans les eaux nationales des États. Le traité sur la haute mer, en passe d’être ratifié, doit permettre de créer des AMP supplémentaires dans les eaux internationales (qui ne sont sous la juridiction d’aucun pays et qui représentent plus de 60 % de l’océan).

4) Pourquoi sont-elles critiquées ? La France annonce protéger aujourd’hui 33 % de ses mers. Mais l’immense majorité des AMP n’empêche pas les activités de pêche industrielle. Les experts estiment donc qu’on est plutôt autour de 4 %. Par ailleurs les AMP françaises cachent de grandes disparités : la majorité se trouve dans les territoires d’outre-mer. En métropole, le chiffre dégringole à 0,3 %. 
Quant aux zones Natura 2000, elles ont été mises en place pour répondre aux directives européennes mais il n’y a aucune surveillance, aucun suivi.

5) Comment faire pour mieux les protéger ? Le gouvernement a annoncé ce week-end placer plus de 10 % du territoire maritime français en "protection forte”. L’ONG Bloom parle “d’escroquerie écologique”.
Il est pourtant possible d’Interdire toutes les pratiques de pêche industrielle (chalutage de fond et autres pratiques de pêche industrielle) dans les aires marines protégées. Et les AMP ne sont pas le seul outil pour protéger les écosystèmes. Il existe d’autres solutions : quotas de pêche, moratoires sur certaines espèces, régulation du trafic maritime…

 

Source : Vert, Esteban Grépinet - 09/06/25

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