Recyclage du plastique "à la traîne" comparé aux voisins européens, pilotage public "insuffisant" et données "défaillantes"…
C'est le verdict rendu par la Cour des Comptes dans un rapport publié le 27 septembre dernier. Le constat est sans appel : la production de déchets par habitants est quasiment stable sur la dernière décennie, à hauteur de 582 kg en 2019 alors que l'objectif est de passer à 501 kg d'ici à 2030.
Les 249 kg d'ordures jetés chaque année dans la poubelle "fourre-tout" posent particulièrement problème quand on sait que 80 % pourrait être valorisées si elles étaient triées. En cause également le taux de recyclage des déchets municipaux à 44 % en 2018, loin de l’objectif fixé à 55 % pour 2020 et des 67 % de nos voisins allemands.
Pour la Cour des Comptes, les enjeux majeurs de ces prochaines années se situent principalement sur le tri des biodéchets et la généralisation de la poubelle jaune pour la collecte des déchets plastiques.
La haute juridiction déplore l’échec des politiques publiques menées en matière de gestion, de collecte et de valorisation des déchets, 10 ans après la publication d’un précédent rapport qui pointait déjà des insuffisances. Elle préconise la mise en place pour les ménages d'une tarification incitative non plus basée sur la valeur du logement mais sur le volume d’ordures produites. Elle épingle également les entreprises qui doivent non seulement réduire le volume de leurs déchets mais aussi travailler à une meilleure écoconception de leurs produits. Le tourisme pourrait être mis à contribution avec l'établissement d'une "surtaxe à la taxe de séjour" pour financer la prévention et la gestion des ordures.
La Cour des comptes rappelle que les objectifs environnementaux ne seront atteints "qu’au prix d’une accélération forte de la tendance actuelle", "tant sur la prévention, sur le tri sélectif que sur le traitement".
Source : Libération, Eloïse Duval – 28/09/22
