Cette année, je commence le kyudo

Cette année, je commence le kyudo

L'art japonais du tir à l'arc ne consiste pas seulement à envoyer une flèche dans une cible. C'est aussi une pratique méditative et un art de vivre. Intéressant si l'on veut s'extraire du stress quotidien…

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Sommaire

- Comment on vient au kyudo
- Le kyudo, c'est quoi ?
- Séances, tenue, matériel
- Trouver un club de kyudo
- Bien-être et santé pour tous, à tout âge
- Un chemin de vie

Avec seulement quelques centaines de pratiquants en France (dont 40 % de femmes), le kyudo, l'art japonais du tir à l'arc, est encore peu connu. Pourtant c'est une équipe française qui a remporté la Coupe du Monde de Kyudo à Tokyo en 2010 et la FFKT (Fédération de Kyudo Traditionnel – France) vient d'organiser à Paris en juillet dernier la première Coupe du Monde se tenant hors du Japon.

Comment on vient au kyudo
Cela fait seulement 10 mois que Carole pratique. "J'ai découvert le kyudo au cours d'une journée d'initiation avec mon compagnon et j'ai constaté quelque chose d'assez extraordinaire : on travaille sur l'énergie en tirant à l'arc. Ça permet de relâcher tout, de se recentrer, de ne penser à rien, sauf au geste et à la posture."

Laurence, elle, est arrivée par hasard au kyudo il y a 25 ans. "J'ai vu un tir et j'ai été séduite par l'esthétique, l'absolue élégance des mouvements." Aujourd'hui, elle est 6e dan et présidente de la FFKT (Fédération de Kyudo Traditionnel – France). Laurence Oriou est la seule femme non japonaise à avoir obtenu le titre de Kyoshi (professeur).

Le kyudo, c'est quoi ?
A priori, c'est très simple : un arc, une flèche, une cible.
"Le kyudo se pratique en visant une cible de 36 cm de diamètre à une distance de 28 m en utilisant l'arc et la flèche", explique Yoshimitsu Usami Sensei, grand maître de Kyudo, 8e dan. "Mais l'art du tir à l'arc n'est pas seulement de mettre en oeuvre une technique ou de mettre la flèche en plein centre. L'arc et la flèche sont devenus les outils de la formation du samouraï : patience et force de caractère. Et cette fonction a perduré jusqu'à aujourd'hui."

"On dit qu'il faut tout mettre en œuvre pour atteindre la cible mais il ne faut pas désirer atteindre la cible. C'est tout l'art du paradoxe dans l'enseignement du kyudo", précise Laurence Oriou.

Très différent du tir à l'arc occidental, la voie de l'arc nécessite une grande rigueur et répond à une étiquette très stricte (voir encadré).

Séances, tenue, matériel
"Les gestes sont très doux. On ne va pas demander à quelqu'un de faire au-delà de ce qu'il est capable de faire. On va l'emmener le plus loin possible en respect de son anatomie, de ses alignements d'articulations, de sa musculature…"

Le geste est répétitif, ritualisé. "Il est indiqué de façon très rigoureuse dans les manuels de kyudo. On ne déroge pas à cette gestuelle qui a été ainsi conçue parce qu'elle est bonne pour la santé et efficace pour cet arc qui n'a pas de viseur, pas d'équilibreur, qui est un arc mou."

Pas besoin d'une tenue spécifique au démarrage… Une tenue simple et confortable suffit. Par la suite, lorsqu'on confirme son engagement dans la discipline, on adopte le hakama, le pantalon large et plissé utilisé notamment pour le kendo ou l'aïkido.
Le matériel (arc, flèches, gant…) est prêté aux débutants par les clubs. "Un arc de débutant en fibre synthétique coûte entre 150 et 200 €", estime Laurence Oriou. "Le reste de l'équipement représente entre 200 et 250 € auquel il faut ajouter l'arc et les flèches."

Trouver un club de kyudo
Pour trouver un club on peut se renseigner sur le site du Comité National de Kyudo.
Dans le cadre de la FFKT les enseignants sont bénévoles et les grades sont délivrés par la fédération japonaise dans le cadre de séminaires européens. "Nous visons à faire valoir une reconnaissance des grades japonais sur le territoire français mais le Japon est le tenant de la légitimité morale", souligne Laurence Oriou.

Bien-être et santé pour tous, à tout âge
"C'est la meilleure discipline pour conserver la jeunesse. On peut pratiquer le kyudo à tout âge, de 10 à 70 ans", affirme Yoshimitsu Usami Sensei.

Laurence Oriou insiste sur l'importance de trouver dans notre vie urbaine moderne des temps de parenthèse. "En pratiquant le kyudo, on s'occupe de soi et on est tourné vers les autres, dans un temps et une disposition d'esprit complètement différente de celle qu'on a au travail ou dans la famille".

Toute débutante dans la discipline, Carole y trouve déjà une aide dans la vie quotidienne : cela lui permet de "mieux se tenir". "C'est reposant, apaisant, ça demande beaucoup de rigueur. Et en même temps ça muscle !"

Un chemin de vie
Au-delà d'une discipline sportive, le kyudo a une dimension méditative qui agit comme un support au développement personnel.

"Il n'y a pas d'adversaire humain en face de soi, contrairement à la plupart des arts martiaux. Le seul adversaire humain est soi-même. La cible est en nous", philosophe Laurence Oriou. "L'impact de la flèche est symbolique de la guerre, de la chasse. Mais cela a été sublimé et c'est devenu maintenant un combat de vie. Le kyudo est un art difficile, très exigeant et c'est un art de l'échec. On échoue beaucoup plus souvent qu'on réussit. Et si l'on n'a pas compris cette exigence d'être paisible face à l'échec, on ne peut pas vraiment progresser."

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La voie de l'arc

Le kyudo puise ses origines dans les techniques guerrières des samouraïs. Depuis l'arrivée des armes à feu, il s'est développé comme un état d'esprit et une culture à part entière, un art de vivre zen.

Les trois valeurs qui le fondent sont :
- "Shin", vérité ;
- "Zen", bonté ;
- "Bi", beauté.

La pratique du kyudo relève d'une étiquette stricte.
Rater la cible n'est pas un échec en soi. L'objectif n'est pas la victoire sur un adversaire mais sur soi-même. Il s'agit de réaliser une unité harmonieuse entre le corps, l'esprit, le cœur et l'arc.

Les 8 étapes du tir sont :
- "Ashibumi", enracinement des pieds ;
- "Dozukuri", affermissement de la posture ;
- "Yugamae", éveil ;
- "Uchiokoshi", élévation de l'arc ;
- "Hikiwake", extension répartie ;
- "Kai", union ;
- "Hanare", lâcher ;
- "Zanshin", persistance de l'esprit.

Vie Saine et Zen