L'hypnose à l'hôpital

L'hypnose à l'hôpital

Pose de péridurale, ablation de la thyroïde ou chirurgie du cerveau… On assiste depuis quelques années à un boom de l'hypnose dans les hôpitaux français et il est devenu rare qu'un centre antidouleur ne l'inclue pas dans son offre de soin !

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Sommaire

- Depuis une vingtaine d'années
- Seule ou en association
- Opérations du cerveau sous hypnose
- Longue liste de soins
- Meilleure récupération
- Des milliers d'études scientifiques
- Améliorer la relation soignant-patient

"On sait aujourd'hui qu'on ne soigne pas que le corps mais aussi l'esprit", explique Betty Mamane, journaliste scientifique*. "On envisage la médecine de manière beaucoup plus holistique. L'avantage de l'hypnose c'est que c'est assez rapide d'y plonger. Si l'on est volontaire, on peut le faire facilement."
Parfaitement admise par la médecine conventionnelle en tant que thérapie complémentaire, l'hypnose suscite de plus en plus de vocations chez les médecins généralistes mais aussi chez les soignants et les praticiens hospitaliers.

Depuis une vingtaine d'années
Après les premiers pas d'Anton Mesmer, il y a deux siècles et demi, elle avait connu une vogue puis avait été reléguée dans l'occultisme ou le monde du spectacle. Depuis les années 1990, elle fait un retour en force.
"Marie-Élisabeth de Faymonville, anesthésiste au CHU de Liège, cherchait à soulager ses patients, dans le service des grands brûlés", raconte Betty Mamane. "Or ces derniers finissaient par s'accoutumer à tous les produits antidouleur qu'on leur donnait. Elle tente alors l'hypnose et elle est la première surprise des résultats obtenus. Progressivement son exemple fait des petits et aujourd'hui l'hypnose est de plus en plus souvent utilisée notamment dans des blocs opératoires."
En France il a fallu attendre 2013 pour que l'hypnose soit reconnue par l'AP-HP.

Seule ou en association
On se sert de l'hypnose de plusieurs manières. En chirurgie, elle peut être utilisée pour l'anesthésie, seule ou en association avec une anesthésie locale. Lorsqu'elle est combinée avec des médicaments antidouleur et/ou des anxiolytiques, on parle d'hypnosédation. Elle peut également être utilisée dans le cadre d'un traitement de douleurs chroniques. On parle alors d'hypnoanalgésie.

"Il y a aujourd'hui une tendance en chirurgie à éviter les interventions trop invasives. L'hypnose est donc de plus en plus souvent la bienvenue", assure Betty Mamane. "Dans certains cas on peut même se passer d'anesthésie locale. Ou alors on associe cette dernière à l'hypnose en diminuant significativement la dose de médicament. On peut agir sur cette dose dans l'instant, à la demande du patient, en fonction de son confort."

Opérations du cerveau sous hypnose
Dans les opérations du cerveau, par exemple, une des phases de l'anesthésie consiste à réveiller le patient pour vérifier qu'on n'a pas touché à un centre moteur, avant de le rendormir pour continuer l'opération. Avec une anesthésie profonde, cette phase est délicate.
"À Tours, par exemple, on a remplacé dans cette partie de l’intervention l'anesthésie générale par une anesthésie locale associée à l'hypnose. Résultat : le patient peut être réveillé facilement pour qu'on vérifie ses réflexes. C'est beaucoup plus léger."

Longue liste de soins
La liste des soins hospitaliers pour lesquels on utilise l'hypnose est assez fournie. En gynécologie, en dermatologie, en orthopédie… Pour l'ablation de la thyroïde ou de tumeurs de la gorge, pour les coloscopies, les biopsies de la moelle osseuses, les opérations de la cataracte, les poses de péridurale ou les césariennes… Dans le cadre de la chirurgie mammaire, abdominale, thoracique ou du cerveau…

"En renfort de la péridurale, l'hypnose permet de mieux vivre le moment de l'injection, de limiter les doses pendant l'accouchement et de permettre aux femmes de vivre vraiment leur accouchement d'une façon beaucoup plus agréable."

Meilleure récupération
Il a été a démontré qu'au cours d'une opération sous hypnosédation, il y a une réduction de la production d'hormones du stress. On a montré également que, par rapport à une anesthésie générale, l'hypnosédation réduit l'intensité de la réaction inflammatoire. La récupération post-opératoire est accélérée et comporte moins d'effets secondaires liés au produit anesthésiant.
"Cela va même au-delà", souligne Betty Mamane. "On a remarqué qu'il y a moins de saignement en chirurgie quand on utilise l'hypnose. Il se pourrait que le fait de limiter le stress ait un impact physiologique."

Des milliers d'études scientifiques
Il existe à ce jour des milliers d'études scientifiques sur l'hypnose. Malgré la difficulté méthodologique (la technique du "double aveugle" n'a pas de sens pour l'hypnose), une étude de l'Inserm, dirigée par Juliette Gueguen, a montré en 2015 l'efficacité de l'hypnosédation*.

Betty Mamane cite également les travaux de Marie-Élisabeth de Faymonville qui poursuit des études approfondies sur l'autohypnose dans le cadre de l'après cancer. Une de ses publications récentes a démontré l'efficacité de l'autohypnose pour une amélioration de la convalescence, contre le stress et la douleur.

Améliorer la relation soignant-patient
"Dans les services qui utilisent l'hypnose, selon une enquête menée au sein des hôpitaux parisiens de la Pitié-Salpêtrière et Cochin, on travaille avec plus de sérénité et il y a moins de burn-out de soignants."
L'hypnose amènerait à une relation au patient marquée par une meilleure communication et une certaine bienveillance.
"À une époque où l'on reproche la distance qui s'est instaurée entre les praticiens et les patients, l'hypnose prend une grande place dans les tentatives de réchauffer l'hôpital. On est dans un endroit qui est anxiogène et l'on invite les gens à voyager dans leur tête. Le patient devient acteur du soin, ça change la donne. Cela instaure une confiance et un échange particuliers", conclut Betty Mamane.

 

*Auteure notamment de Les fabuleux pouvoirs de l'hypnose, éditions Belin
En vidéo : Pour vous j'ai testé l'hypnose

Sources complémentaires :
Les fabuleux pouvoirs de l'hypnose (Documentaire Arte 16 novembre 2017)
*Inserm : Rapports thématiques. Évaluation de l'efficacité de l'hypnose, Juliette Gueguen, Caroline Barry, Christine Hassler, Bruno Falissard.
Le Figaro : Les secrets de l'hypnose médicale

 En savoir +

Hypnothérapeute : les bonnes formations

Betty Mamane insiste sur l'importance pour le patient de vérifier la formation de l'hypnothérapeute qu'il va consulter.
Elle conseille au soignant de se former auprès des organismes de référence, à la fois pour le sérieux des cursus et pour être ensuite reconnu par ses pairs. Elle cite :
- la Confédération Francophone d'Hypnose et des Thérapies Brèves,
- l'Institut Français d'Hypnose,
- la Société Française d'Hypnose,
- le Syndicat National des Hypnothérapeutes.

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