Édito de Franck Arguillère

Édito de Franck Arguillère

Décidément, il semblerait bien que les femmes ne soient pas des hommes comme les autres… Depuis quelques années, on commence à se rendre compte qu’elles sont victimes de sous-diagnostics dans certains secteurs de la médecine. C’est le cas, par exemple, en cardiologie. Parce que ces dames ont le culot de présenter des symptômes d’infarctus "atypiques", ce qui veut dire en clair "différents des hommes” !

Certains observateurs(trices) commencent (enfin) à s’étonner que les essais cliniques aient été longtemps réalisés uniquement avec des hommes, avec pour conséquence une méconnaissance des risques spécifiques aux femmes.
Pour les études qui concernent les médicaments, il y avait deux raisons à cela : on craignait le risque d'exposition du fœtus en cas de future grossesse et on était embarrassé par les fluctuations hormonales liées au cycle menstruel. Ce qui, en toute logique, aurait dû motiver des études supplémentaires approfondies, uniquement dirigées vers les femmes.
Aujourd’hui encore, la plupart du temps, il y a chez les participants des travaux scientifiques une répartition disproportionnée entre hommes et femmes, au détriment de ces dernières.

Résultat : dans une étude états-unienne de 2020, les chercheurs ont trouvé 86 médicaments soumis à un biais de genre avec, dans 90 % des cas, des effets secondaires plus graves chez les femmes. Il s’agit principalement d’analgésiques, d’antidépresseurs, de somnifères, de neuroleptiques et de médicaments anti-convulsion.
On peut, par exemple, s’étonner que, dans de nombreux cas, les doses prescrites de médicaments soient les mêmes pour les hommes et les femmes. Or, normalement, en médecine, ces doses doivent être déterminées par kilogramme de poids. Sans compter le métabolisme différent entre hommes et femmes, notamment au niveau des hormones.

L’exemple des antiplaquettaires et des anticoagulants (des “fluidifiants” du sang prescrits notamment en prévention secondaire des infarctus) est particulièrement parlant. Les doses prescrites sont uniques, quel que soit le patient. Pourtant, si la personne à un poids inférieur à la moyenne, il y a un risque d’hémorragie à la clé. L’efficacité et la balance bénéfices-risques comparées de ces traitements entre hommes et femmes n’a jamais été évaluée. Cela aurait dû être fait depuis longtemps.

Autre exemple de spécificité prouvée par la science : une étude récemment publiée dans le Lancet et réalisée grâce à un logiciel assisté par l’intelligence artificielle, montre comment l’électrocardiogramme des femmes peut être prédictif de complications cardiovasculaires. Mais pas celui des hommes.

La liste est longue de la coupable négligence de la médecine à l’égard des femmes. Je pense en particulier au retard invraisemblable dans la détection et le traitement de l’endométriose ou encore à la minimisation des risques liés au tabac ou à la dépendance à l’alcool.

Certes, une prise de conscience commence à émerger. Mais la route est encore longue pour que l’égalité homme-femme devienne une réalité dans la médecine conventionnelle…

Vie Saine et Zen