Union et non-violence. Nous en avons bien besoin en ce moment. Voilà la population française fracturée, éparpillée façon puzzle dans une multitude de chapelles qui semblent avoir chacune pour principal objet de jeter l’anathème sur la chapelle voisine ! Sommes-nous si étranger à la culture de l’écoute, de l’empathie, de l’acceptation de la différence ? Est-il si difficile d’exprimer un désaccord sans insulter son interlocuteur ?
Il est vrai que la génération issue de l’après guerre, élevée dans les valeurs de la Résistance, a quelques raisons de souffrir particulièrement des épisodes politiques troubles que nous traversons. Depuis les attentats de 2015, en passant par la crise du covid et la guerre en Ukraine ou à Gaza, toutes ses valeurs sont foulées au pied par des fanatiques assoiffés de pouvoir. On nous avait vendu le fait que la guerre était un phénomène du passé, à la rigueur encore possible dans quelques pays sous-développés. La guerre moderne était exclusivement économique. Plus de boucheries sanglantes entre ennemis mais une saine concurrence entre partenaires commerciaux ! Et vive la mondialisation heureuse ! C’était sans compter la folie des terroristes et des dictateurs qui semblent faire des émules jusque dans nos contrées. C’était sans compter le grand retour de la peur. Peur du fanatisme islamiste ou suprémaciste, peur du coronavirus, de la submersion migratoire, de la crise climatique… Et la peur génère toujours la violence et la désunion.
Serait-il possible de travailler sur ses peurs ? Il y a sans doute plein de chemins possibles. Parmi eux, le yoga qui s’expose au mois de juin à l’Unesco sous le titre “Maître Yoga” et donne sur la discipline des repères simples et accessibles avec des ateliers pratiques, des conférences et des masterclass. Le mot sanskrit à l’origine du mot yoga est "yuj" qui signifie "unir", "atteler" comme dans le mot français "joug" qui réunit les deux boeufs d’un attelage. Le yoga est pour la plupart des experts l’union du corps et de l’esprit. Pour certains, il est l’union du principe énergétique individuel avec le principe énergétique universel, pour d’autres l’union de l’âme avec le divin. Chacun met les mots qu’il veut. Puisqu’il s’agit d’union, il serait malvenu de s’écharper sur des phonèmes. "Celui qui croyait au ciel. Celui qui n’y croyait pas…", écrivait Louis Aragon.
Le sage indien Patanjali, auteur des fameux Yogasutra, l’un des textes de référence de la discipline, prône "ahimsa" ce qui veut dire "non-nuisance" ou "non-violence". Union et non-violence.
Bien-sûr cela nécessite de sortir d’un certain confort intellectuel, d’admettre les différences de l’autre, d’être capable de co-exister sereinement, d’accepter qu’on ne met pas forcément les mêmes mots sur les choses.
Dans la période que nous traversons, il est réconfortant de voir que, dans le domaine politique ou ailleurs, il existe encore des gens capables d’affronter la difficulté de l’union et de la non-violence.