Une apiculture écologique

Une apiculture écologique

Toutes les formes d'apiculture ne se valent pas. Les différentes pratiques ont des répercussions à la fois sur la qualité du miel, le respect de l'environnement et du bien-être animal.

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Sommaire

- Ajout de sirop de sucre
- Lire les étiquettes
- Apiculteur récoltant
- Le miel bio
- Devenir soi-même un apiculteur amateur
- Bien choisir sa ruche
- Partager avec les abeilles
- Extraire le miel dans sa cuisine

Le miel est un produit naturel, sans transformation. Il est fabriqué par les abeilles à partir de nectar ou de sécrétions récoltés sur les plantes. Reminéralisant, antiseptique et cicatrisant, ses vertus sont précieuses pour la santé (voir : Le miel, un aliment médicament).

Ajout de sirop de sucre
Mais il existe des pratiques frauduleuses qui altèrent la qualité du produit : falsification, altération, faux-miel, miel artificiel, faux étiquetage ou étiquetage non-conforme…

"L’ajout de sirop de sucre est une des pratiques les plus courantes en apiculture conventionnelle, soit en nourrissant directement les abeilles avec, soit en le mélangeant avec le miel", explique Diane Jos*, apicultrice et formatrice. "Dans les deux cas le produit final obtenu est un miel coupé au sirop de sucre."

Autres exemples :
- les miels peuvent être récoltés avant maturité, ils présentent alors un excès d’humidité et risquent de fermenter ;
- des substances peuvent être ajoutées après récolte (pollen, exogènes, colorants…).

Lire les étiquettes
Nous avons donc intérêt à être extrêmement attentifs à ce qui est mentionné sur les étiquettes.
"Laissez tomber si vous voyez apparaître dans les ingrédients : sirop de maïs, très riche en fructose, et glucose commercial", conseille Diane Jos. "Ces deux additifs qui empêchent le produit de se solidifier sont souvent utilisés dans les miels liquides qu’on trouve à bas prix dans les grandes surfaces."
Éviter également les miels portant la mention "originaire et non originaire de la CE", en provenance de Chine, d'Amérique Latine… "Les pratiques apicoles n'y sont pas vraiment surveillées."
De même pour ceux qui arborent sur l'étiquette "originaire de CE", en provenance d'Europe de l’est, d'Espagne… "Là encore, méfiance : présence possible d’OGM et pratiques non encadrées !"

Apiculteur récoltant
Même avec les miels français, il faut rester attentifs. Au-delà de l'origine France, il faut faire la différence entre les mentions :
- "Mis en pot par l’apiculteur" : on ne sait rien de la provenance des miels. "L’apiculteur les a juste mis en pot et peut brouiller les pistes avec un packaging "terroir" !"
- "Apiculteur récoltant" : c’est lui qui s’occupe de ses ruches et qui remplit ses pots. À privilégier. "Préférez toujours le miel en circuit court, sans intermédiaire, chez l’apiculteur et de préférence bio !", conseille Diane Jos.

Le miel bio
Si l'on cherche de bonnes raisons de choisir du miel bio, il suffit de regarder le cahier des charges…

- L'emplacement du rucher : dans un rayon de 3 km tout autour, les sources de nectar et de pollen doivent être constituées essentiellement de cultures produites selon les règles de l'agriculture biologique.

- Les matériaux de la ruche : il doivent être naturels et ne présenter aucun risque de contamination pour l’environnement. Seuls des produits naturels tels que propolis, cire et huiles végétales peuvent y être utilisés.

- Le bien-être animal : toute mutilation, comme le rognage des ailes des reines, est interdite.

- L'alimentation des abeilles : des réserves de miel et de pollen doivent être laissées en quantité suffisantes dans les ruches pour l’hivernage (voir encadré). Le nourrissement n’est autorisé que lorsque la survie des ruches est menacée en raison des conditions climatiques et il ne peut s’effectuer qu'avec du miel, du sucre ou du sirop de sucre certifiés bio.

- La récolte : elle doit être effectuée à froid, sans chauffage et sans l’usage de répulsifs chimiques.

Devenir soi-même un apiculteur amateur
Mais la meilleure solution est encore de faire son miel soi-même ! De plus en plus de particuliers se mettent à l'apiculture. Il suffit d'acquérir un minimum de formation pour connaître les pratiques en phase avec le cycle naturel des abeilles. On parlera alors d'apiculture naturelle (à ne pas confondre avec la bio).

"Dans le cadre de formations courtes, comme celles du rucher école Villa le Bosquet, à Paris et en Normandie, après une journée vous êtes prêts pour installer une ruche chez vous !", affirme Diane Jos.

Bien choisir sa ruche
Il ne faudra pas opter pour n'importe quel type de ruche. "Il existe de nombreux modèles mais certains sont plus adaptées au respect de l'abeille : la ruche Warré, la ruche Kenyane, la ruche Mellifera, la ruche tronc…

"En apiculture naturelle, j’affectionne particulièrement la ruche Warré.
Elle a été conçue pour être la plus facile possible à construire et à utiliser. Elle est idéale pour des débutants. De petite de taille, environ 35x35 cm, équipée d’une vitre à l’arrière pour surveiller la colonie sans la déranger, elle nécessite très peu de matériel et très peu d'interventions."

Partager avec les abeilles
Il faudra ensuite se rappeler que ce n'est pas pour nous que les abeilles fabriquent du miel mais pour elles… "C'est leur seul aliment en hiver. Elles font du miel par instinct, elles ne mesurent pas mais en stockent autant qu'elles peuvent. C'est pourquoi nous pouvons nous permettre d'en récolter un peu, à condition de leur en laisser suffisamment."

Une colonie en bonne santé a besoin d’environ 10 kg de miel de réserve pour l’hiver. "En soulevant l’élément du haut de la ruche l’apiculteur peut évaluer quelle quantité il peut récolter pour ne pas laisser ses abeilles mourir de faim !"

Extraire le miel dans sa cuisine
Et pour extraire le miel, pas besoin de matériel coûteux (si l'on a choisi la bonne ruche) ! "Tout se fait dans votre cuisine. Il est facile de couper les rayons dans un grand saladier… Triturez-les et laissez le miel couler dans une passoire toute la nuit. Le lendemain, le miel sera dans le saladier et la cire dans la passoire. Vous pouvez mettre ensuite la cire restante dans un coin du jardin, les abeilles viendront se servir. Le miel, lui, pourra être mis en pots… ou directement sur votre tartine !"

 

*L'apiculture naturelle pour les débutants, Diane Jos et Olivier Duprez, éditions Ulmer

Sources complémentaires :
ITSAP Institut de l'abeille : Les différents types de fraudes sur le miel
Permaterra : L'apiculture écologique
**France Agrimer : Filière apiculture

 En savoir +

 Le cycle de vie d'une abeille

L'essaim : une masse d'abeilles agglutinées ensemble.
À l'état naturel, une colonie débute sa vie au stade d'essaim.
Dans un essaim de 2 à 3 kg se trouvent 20 à 30 000 abeilles et une seule reine.
Dès que l'essaim a trouvé un gîte (un arbre creux ou une ruche), les abeilles commencent à construire des rayons de cires, d'une blancheur immaculée, où la reine commence à pondre.

La reine : la mère de toute la colonie.
Elle vit durant 3 à 5 ans. Seule femelle fécondée, elle pond 2 000 œufs par jour.

3 fois 21
21 jours après la ponte il y a donc 2 000 naissances : des ouvrières et des mâles (appelés à tort faux-bourdons).
21 jours dans la ruche, 21 jours en extérieur… Puis ces 2 000 abeilles meurent.

Les ouvrières, dès leur naissance, se mettent au travail.
D'abord nettoyeuses, puis cirières, magasinières, ventileuses et gardiennes.
Après 21 jours dans la ruche, elles sortent pour devenir butineuses : construction de cires, butinage, collecte de pollen, transport d’eau, transformation de nectar en miel puis stockage du miel.

Le miel : la nourriture des abeilles.
Les abeilles d'hiver survivent en mangeant le miel stocké par les abeilles d'été.

Les mâles
Très peu nombreux (quelques centaines). Ils ne participent à aucune tache dans la ruche, ne savent pas se nourrir seuls. Leur rôle : la reproduction. Aux beaux jours, toutes les abeilles mâles d'une région se retrouvent dans un lieu particulier (le nuage des mâles) pour féconder des reines. Ils meurent au moment de l’accouplement.

Au printemps, la population de la ruche augmente.
Fin avril début mai, les abeilles commencent à élever de nouvelles reines, dans des cellules royales en bas des rayons. Avant que la première ne naisse, l'ancienne doit être partie.
La vielle reine et la moitié de la colonie quittent alors la ruche pour chercher une nouvelle maison. Un nouveau cycle commence.

49 840
apiculteurs
en France en 2016
(+22 % par rapport à 2015)**

16 099 tonnes
de miel récolté
en France en 2016
(-33,5 % par rapport à 2015)**

12 %
de la production de miel
est certifiée biologique
en France en 2016**

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