Avec une épidémie de grippe particulièrement virulente cette année, des questions se posent sur l’efficacité du vaccin…
La virulence de cette épidémie s’explique par la circulation simultanée de trois souches de virus Influenza : H1N1, H3N2 (souche A, plus sévère) et B/Victoria (souche B). Cette situation est peu courante. Ces souches touchent différentes populations : B/Victoria affecte les enfants, H1N1 la tranche d’âge 18-59 ans et H3N2 les plus de 65 ans car la souche est apparue en 1960, les seniors ne l’ont donc pas rencontrée dans leur enfance. Les virus de la grippe évoluent d’une année sur l’autre, plus ou moins vite selon les différentes souches. Le fait d’avoir rencontré l’un de ces virus dans le passé confère une protection face une nouvelle infection par ce même virus, même s’il a muté. Mais cette protection dite croisée peut être incomplète : il est donc recommandé de se faire vacciner à nouveau chaque année.
Vaccination conjointe avec le covid : c’est une stratégie opérationnelle qui n’a pas de motivation scientifique. On profite de la vaccination contre la grippe pour vacciner contre le Covid-19 qui, lui, n’est pas considéré comme un virus hivernal.
L’élaboration du vaccin est déterminée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui reçoit les données de surveillance mondiale des virus grippaux circulant dans le monde entier, notamment dans l’hémisphère sud où l’hiver est décalé. Environ 6 mois s’écoulent entre la décision de l’OMS et l’obtention du nouveau vaccin. Dans cet intervalle, les virus qui circulent dans l’hémisphère sud peuvent connaître des mutations et avoir beaucoup évolué au moment où ils arrivent dans l’hémisphère nord. Cela aura des conséquences sur l’efficacité du vaccin.
Trois catégories de vaccins inactivés trivalents ou quadrivalents sont disponibles en France métropolitaine. Ce sont des vaccins produits à partir de virus cultivés dans des œufs de poule et destinés à toute la population, à partir de l’âge de 6 mois : Fluarix Tetra, Influvac Tetra et Vaxigrip Tetra.
La grippe étant une maladie souvent bénigne, on ne vaccine que les personnes pouvant présenter des formes sévères de la maladie : personnes immunodéprimées, personnes âgées de plus de 65 ans au système immunitaire fragilisé. Depuis 2023, la HAS (Haute Autorité de Santé) recommande également le vaccin de la grippe saisonnière pour les enfants de 2 à 17 ans sans comorbidité, ce qui se justifie notamment parce que les enfants constituent le réservoir du virus. Il existe aujourd’hui un vaccin contre la grippe par voie nasale mais malheureusement non disponible en France.
L’efficacité vaccinale est une donnée précise qui désigne la réduction du risque d’infections et de maladies ultérieures grâce à la vaccination dans des circonstances idéales telles que des essais cliniques randomisés contrôlés par placebo. Celle des vaccins antigrippaux actuels a été estimée entre 40 et 60 % (lorsque les souches vaccinales sont bien adaptées aux virus en circulation).
L’impact du vaccin sur la transmission, c’est-à-dire après infection, est faible (de l’ordre de 20 %). Ce qui semble trancher le débat sur l’intérêt d’une vaccination obligatoire des soignants.
Sur le plan scientifique, il apparaît plus essentiel d’insister sur le port du masque en période d’épidémie avec des virus respiratoires. Un geste à adopter aussi pour l’ensemble des personnes qui entrent à l’hôpital ou les passagers des transports en commun. La meilleure protection contre la transmission du virus, c’est le masque. Il faut donc être prudent avec les obligations vaccinales dont la portée est limitée.
Source : The Conversation, Jean-Daniel Lelièvre - 20/01/25