Peu adaptés aux conditions de travail réelles des agriculteurs, ils se révèlent bien souvent inefficaces voire même néfastes…
C’est une réalité sur le terrain : porter une combinaison ne suffit pas toujours à se protéger. Parfois, c’est même l’inverse. Une étude réalisée entre 2000 et 2003 (Pestexpo) a montré que certaines personnes traitant des vignes et équipées de combinaisons de protection chimique étaient plus contaminées que celles qui n’en portaient pas. La combinaison piégeait les pesticides à l’intérieur du vêtement, sous l’effet de la chaleur, de l’humidité et de l’effort. D’où un contact prolongé avec la peau. Il n’y avait pas seulement un échec de la protection mais un facteur aggravant !
De fait, les équipements de protection individuelle (EPI) portés par les agriculteurs sont conçus à partir de tests réalisés en laboratoire, par les fabricants eux-mêmes. Les protocoles sont standardisés dans des conditions déconnectées du travail réel (chaleur, humidité, densité…). Les combinaisons sont pour la plupart à usage unique, mais compte tenu de leur coût, elles sont souvent réutilisées de nombreuses fois.
Paradoxe : la réglementation impose le port de ces équipements. En cas de contrôle ou d’accident, la responsabilité incombe aux propriétaires ou aux gestionnaires de l’exploitation. Il est souvent reproché aux agriculteurs et agricultrices de ne pas en faire assez. En réalité c’est tout un système qui rend la prévention inapplicable.
L’ergotoxicologie est une rencontre entre l’ergonomie et la toxicologie qui tente de comprendre les situations d’exposition telles qu’elles se vivent concrètement sur le terrain. Les outils : vidéos de l’activité, mesures d’exposition, dialogue avec et entre les travailleurs et travailleuses. L’idée est de co-construire des solutions plutôt que de blâmer l’un ou l’autre. Et il s’agit aussi d’interroger la conception des équipements, les normes d’homologation et même la formulation des produits. Puis de discuter avec les fabricants, les syndicats, les pouvoirs publics.
Plusieurs travaux de terrain ont déjà contribué à alerter les agences sanitaires, à faire évoluer les critères d’évaluation des expositions ou à modifier des matériels et équipements agricoles.
Source : The Conversation, Fabienne Goutille & Alain Garrigou - 13/11/25
