On sait maintenant de manière certaine qu'elles conditionnent notre état de santé. À travers le stress de notre quotidien ou les événements tragiques exceptionnels que nous sommes parfois amenés à vivre, nous avons tout intérêt à connaître et reconnaître nos émotions ainsi qu'à trouver le moyen de les gérer.
Sommaire
- La psychosomatisation
- De nombreuses résistances
- Le rôle déterminant des hormones
- L'exemple du cancer
- Les émotions négatives
- Reconnaître ses émotions
- Maîtriser ses émotions
Ce n'est pas une découverte qui date d'hier, l'idée d'une unité du corps et de l'esprit se trouve dans la pensée d'Hippocrate, d'Aristote et de Platon.
La psychosomatisation
Le terme de psychosomatisation apparaît au début du 19e siècle et au 20e siècle la notion se répand chez de nombreux cliniciens. Dès les années 1930, pour Franz Alexander, médecin et psychanalyste américain d'origine hongroise, "théoriquement toute maladie est psychosomatique, puisque les facteurs émotionnels influencent tous les processus physiologiques par l’intermédiaire des voies nerveuses et humorales."
De nombreuses résistances
Les travaux de ces médecins sont parfois controversés. La psychosomatisation traite de l'interdépendance du physique et du psychisme. Trouver le point de rencontre entre une conception magique animiste et une conception logico-positiviste fait l'objet de tâtonnements inévitables, rencontre de fortes résistances et bouscule des idées reçues.
Encore aujourd'hui la traduction des émotions sur le corps n'est pas une notion très familière dans notre culture. Selon Maurice Moulay, psychanalyste et docteur en psychologie clinique, "le corps est perçu selon quatre grands modèles sociaux dont il est quasiment impossible de sortir quand on l'évoque" : le médical, le sport, le bien-être-détente, le sexuel pornographique. Ce qui ne permet guère de sortir "de la partition qui dans notre culture est souveraine : le mental d'un côté et le corporel de l'autre".
Le rôle déterminant des hormones
Cependant depuis les années 1980 les neurobiologistes apportent une touche décisive, en mettant en évidence le rôle déterminant des hormones dans le mécanisme physiologique de la somatisation.
Le processus est parfaitement décrit à l'époque par Henri Laborit, médecin chirurgien et neurobiologiste : "nos idées noires font marcher notre hypothalamus qui déclenche la sécrétion d’une hormone, laquelle libère à son tour de la cortisone. Or la cortisone, si elle a le pouvoir de soulager nos douleurs, peut aussi dilater nos vaisseaux sanguins et détruire notre système immunitaire. Nous voilà ouverts à la prolifération de n’importe quelle maladie : ulcère, pneumonie, cancer".
L'exemple du cancer
Le lien reliant la sphère psychique aux causes de la maladie a été mis en évidence dans l'étude du cancer et il existe à ce sujet une abondante littérature scientifique. Selon Christian Boukaram, radio-oncologue et professeur à l'Université de Montréal*, "nos émotions peuvent affecter de diverses manières le corps et l'équation du cancer. Beaucoup de ces processus sont identifiés depuis de nombreuses années ; d'autres ont été révélés par des découvertes récentes."
L'adrénaline est l'hormone du stress qui permet de mobiliser le corps en cas de danger imminent. Lorsqu'elle est secrétée de manière répétée et chronique, elle joue un rôle dans l'affaiblissement du système immunitaire et génère des produits inflammatoires qui sont des catalyseurs du cancer*.
"Des études récentes ont montré l'existence de récepteurs d'adrénaline situés carrément sur la membrane des cellules cancéreuses. Et (…) ces dernières se multiplient trois fois plus vite en présence d'émotions négatives ou pendant des états d'anxiété ou de désespoir."
"Par ailleurs des données expérimentales montrent que l'administration d'un médicament qui bloque l'adrénaline (bêtabloqueur) réduit ce processus et permet de contrôler la progression du cancer", précise Christian Boukaram.
Les émotions négatives
L'adrénaline est le messager de nos émotions négatives. Elle apporte de l'information sur un danger particulier, conséquence d'un besoin spécifique qui demande à être comblé. Problème: nous ne savons pas toujours déchiffrer le message. Nous sommes dans une attitude de déni émotionnel qui nous pousse à fuir la question ! Distraction, frustration, dépression ou anxiété sont les causes de ce déni qui nous conduit dès lors à toutes sortes de manifestations "psychosomatiques".
Voilà pourquoi il est très important d'apprendre à identifier ses émotions.
Reconnaître ses émotions
Il y a plusieurs grilles de lecture possibles. Christian Boukaram en propose une qui distingue 7 émotions issues de la peur : inadéquation, colère, culpabilité, stress, tristesse, ennui, solitude. Et ces émotions sont comme des couleurs qui peuvent se combiner au gré des situations vécues.
Il existe bien d'autres grilles plus ou moins pertinentes selon les époques et les individus. Par exemple à la fin du 19e siècle, en mettant au point sa méthodes basée sur les fleurs, Edward Bach, médecin anglais, avait distingué 7 "états d'âme" : peur, incertitude et doute, ennui et indifférence, solitude, hypersensibilité et dépendance, résignation et désespoir, souci excessif du bien-être d'autrui.**
Maîtriser ses émotions
Une fois nos émotions identifiées, reste à trouver le moyen de les maîtriser. Il n'y a pas que les bétabloquants, il y a bien d'autres manières de réguler notre taux d'adrénaline et de gérer l'anxiété et le stress : humour, création, méditation, yoga, Taiji Quan, Qi Gong, shiatsu… Et les médecines alternatives et complémentaires (voir encadré).
Les possibilités sont nombreuses, chacun d'entre nous peut trouver le chemin qui lui convient pour se réconcilier avec lui-même.
Sources :
*Le pouvoir anticancer des émotions, Christian Boukaram, éditions de l'Homme
Comment l'émotion naît du corps, Maurice Moulay, éditions Dervy
**Les Fleurs de Bach, Elisabeth Busser, éditions Grancher
***Alternative Santé n°344
****Huiles essentielles chémotypées et leurs synergies, A. Zhiri et D. Baudoux, éditions Inspir Development
Natura Communication : psychosomatisations
En savoir +
Traiter ses émotions par les MAC
Les médecines alternatives et complémentaires (MAC) ont des propositions pour aider à gérer ses émotions. En voici quelques exemples :
- en homéopathie, le Gelsemium est un des grands remèdes contre l'émotivité soudaine, le trac, l'angoisse avant un examen ou un entretien d'embauche*** ;
- certaines plantes peuvent apporter un soulagement : aubépine, houblon, basilic, mélisse, passiflore, tilleul, angélique ; des préparations à base de bourgeons ou de jeunes pousses de plantes (gemmothérapie) : figuier, romarin, séquoia*** ;
- en aromathérapie, les huiles essentielles de : mandarinier (Citrus reticulata), camomille noble (chamaemelum nobile) ou ylang ylang (cananga odorata)**** ;
- les 38 Fleurs du docteur Bach préparées par décoction ou macération solaire, diluées à dose infinitésimale comme en homéopathie, pourraient transformer nos émotions négatives en émotions positives et nous remettre en résonance avec notre être profond.**