Les causes des maladies chroniques

Les causes des maladies chroniques

Ces dernières années, les découvertes de la science ont mis en lumière à la fois les causes externes (bactériennes, virales et environnementales) des maladies de notre époque et les mécanismes cellulaires internes qui les provoquent, autour d'un processus inflammatoire chronique de bas niveau.

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Sommaire

- De nouvelles maladies infectieuses
- Le rôle aggravant de l'environnement
- Dans tous les cas : une inflammation de bas niveau
- La triade infernale
- Exemple : l'autisme commence dans l'intestin
- Le talon d'Achille de l'organisme
- Que faire ?

Entre ceux qui, à l'instar des médecines traditionnelles, considèrent que les maladies sont le fruit d'un dérèglement de l'organisme et ceux qui, depuis Pasteur et sa théorie des germes, pensent que les pathologies sont dues à des facteurs extérieurs, le débat se poursuit. Mais les découvertes de ces dernières années pourraient bien réconcilier les points de vue…

De nouvelles maladies infectieuses
"Du temps de Pasteur, on avait des épidémies d'agents infectieux faciles à maîtriser avec les vaccins et les antibiotiques mais maintenant nous faisons face à des maladies complexes", affirme Luc Montagnier, biologiste, virologue, prix Nobel de Médecine 2008. L'exemple de l'autisme est parlant. "Il y a des causes infectieuses : un agent que nous avons isolé est présent à plus de 80 % dans le sang des enfants autistes. L'autisme est en train de devenir une maladie curable."

Le rôle aggravant de l'environnement
On a également la preuve aujourd'hui que les substances polluantes jouent un rôle fondamental dans les nouvelles épidémies des maladies dites "de société" (voir : Les maladies liées à l'environnement). Après dix ans de recherches, une trentaine de publications dans des revues scientifiques et une synthèse d'environ 3 000 articles, Dominique Belpomme*, cancérologue et président de l'ARTAC (Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse), l'affirme avec force : "la dégradation physique, chimique et/ou microbienne de notre environnement est causalement impliquée dans la genèse de nombreuses maladies et affections". Selon lui, les autorités médicales commencent à en prendre conscience, ce qui devrait ouvrir la voie à une nouvelle politique de santé publique.

Le meilleur exemple est celui du cancer : "une affection multifactorielle impliquant le rôle causal de certaines substances chimiques, des rayonnements et/ou de certains virus voire même de certaines bactéries." Au cancer on a pu récemment associer deux autres pathologies : l'obésité et le diabète de type 2. "Ainsi a-t-il pu être prouvé que certains agents toxiques présents dans l'environnement pouvait être à la fois cancérigènes, obèsogènes et diabètogénes. Ce qui permet de comprendre la quasi-simultanéité, partout dans le monde, des épidémies de cancer, d'obésité et de diabète de type 2." Dominique Belpomme étend le raisonnement à bien d'autres pathologies : athérome et hypertension artérielle, Alzheimer, autisme, sensibilité multiple aux produits chimiques et électrohypersensibilité.

Dans tous les cas : une inflammation de bas niveau
"Nous avons pu mettre en évidence non seulement des liens aux plans épidémiologiques, toxicologiques ou biologiques mais aussi le mécanisme cellulaire et moléculaire qui explique la naissance de ces maladies." En cause : l'existence dans notre corps d'une inflammation qui couve à feu doux. "Ce type d'inflammation n'est pas une réaction de défense de l'organisme, mais bien un processus pathogène associé à la plupart des affections et maladies."

La triade infernale
Le phénomène est bien repéré aujourd'hui. Serge Rafal, omnipraticien et spécialiste des médecines alternatives et complémentaires, en fait une excellente synthèse dans son dernier livre**. Il met en cause ce qu'il appelle la "triade infernale" : déséquilibre bactérien, inflammation, hyperperméabilité intestinale. Il s'agit d'une cascade de réactions due au départ à un déséquilibre de la flore intestinale. Celle-ci entraîne une inflammation chronique de bas niveau. Et cette dernière provoque une porosité excessive de la paroi intestinale ouvrant la voie à des substances qui auraient dû être éliminées dans les selles : germes ou parties de bactéries, parasites, virus pathogènes, composés toxiques, restes d'aliments mal digérés, déchets…

Ce mécanisme expliquerait, selon lui, non seulement la plupart des pathologies digestives mais également les infections récidivantes (gynécologiques, ORL, urinaires), les allergies, l'asthme, le diabète, le surpoids et l'obésité, les maladies cardio-vasculaires, les troubles de l'humeur, les maladies neurodégénératives…

Exemple : l'autisme commence dans l'intestin
Dans le cas de l'autisme, Luc Montagnier fait la démonstration : "C'est une maladie qui commence dans l'intestin qui, à cause de l'inflammation, va passer de l'intestin dans le sang et qui va aller jusqu'au cerveau à cause de la chute d'une deuxième barrière, la barrière hémato-encéphalique entre le cerveau et le sang. On connaît les facteurs favorisants : par exemple la vaccination qui n'est pas la cause mais parfois le déclencheur de l'inflammation. Il y a aussi les radiations électromagnétiques qui peuvent augmenter la porosité de la barrière hémato-encéphalique et permettre aux bactéries d'aller jusqu'au cerveau."

Le talon d'Achille de l'organisme
Les dernières recherches en matière d'épigénétique permettent de compléter le tableau. La définition de l'épigénome doit être "étendue non seulement aux molécules présentes dans le noyau cellulaire, mais aussi à celles présentes dans le cytoplasme et la membrane. Cela permet de comprendre le lien entre l'environnement et la façon dont est régulée l'expression des gènes", affirme Dominique Belpomme.

Les mitochondries, qu'on décrit souvent comme les "centrales énergétiques" des cellules, jouent un rôle important. "Les polluants attaquent les mitochondries, le talon d'Achille de la cellule, qui vont fabriquer des radicaux libres allant eux-mêmes altérer l'épigénome et donc altérer l'expression des gènes et induire de l'inflammation."

Que faire ?
Ces nouvelles approches montrent l'importance fondamentale de l'hygiène de vie dans la prévention des pathologies de notre époque.
Par ailleurs de nouvelles pistes thérapeutiques sont en train de se développer pour prendre en charge la maladie, lorsqu'elle est là (voir encadré).

 

*Auteur notamment de Comment naissent les maladies… Et que faire pour rester en bonne santé, éditons Les Liens qui Libèrent
**Ben mon côlon, Serge Rafal, éditions Leduc.S

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 Prévention et nouvelles thérapies

Prévention, précautions
"La prévention est un maître mot. Les campagnes sur le tabac et l'alcool c'est bien. Mais il serait sage également de ne pas exposer les jeunes enfants aux radiations électroniques", avertit Luc Montagnier.

Pour Dominique Belpomme, les deux risques les plus importants sont les champs électromagnétiques et les pesticides.
"Pour ce qui concerne les pesticides c'est simple : il faut manger bio. Il y a maintenant des études épidémiologiques, notamment une étude française, qui montrent qu'on est en meilleure santé quand on mange bio."
Concernant les champs électromagnétiques : pour la femme enceinte, pas d'ordinateur connecté au wi-fi, pas de portable ; pour les enfants de moins de 12 ans, interdiction d'utiliser un portable ; pour les adolescents, pas plus de 20 minutes par jour de portable à l'oreille !
D'autres éléments doivent être pris en compte : le choix de son lieu de vie, l'aménagement de son habitation, la protection sur son lieu de travail et le fait d'utiliser des produits naturels pour sa toilette et pour s'habiller.

Serge Rafal insiste, lui, sur les différentes solutions qui existent autour du régime alimentaire : éviction du lait et des laitages, du gluten, régime Seignalet, régime pauvre en sucre qui fermentent (Fodmaps).

De nouveaux médicaments naturels ?
Il met également beaucoup d'espoir dans le développement à venir de protocoles plus précis et plus efficaces avec de nouveaux probiotiques qui seraient susceptibles de réensemencer l'intestin.

De nouvelles pistes très encourageantes sont en train d'apparaître.
"Le grand enjeu d'une centaine de laboratoires dans le monde tournent aujourd'hui autour de ce qu'on appelle l'épigénétique sélective", explique Joël de Rosnay, docteur en Sciences. "Il s'agit de faire en sorte que dans la nouvelle médecine dite "4P", préventive, personnalisée, prédictive, participative, on puisse savoir quel produit va agir sur tel gène plutôt que sur tel autre… L'enjeu des prochaines années est de fabriquer une synergie de produits naturels qui permette de réveiller certains gènes, d'en endormir d'autres ou d'éteindre complètement d'autres encore, transmis par des parents ou des grands-parents."

Vie Saine et Zen