Reflux gastro-œsophagien : traiter "naturellement"

Reflux gastro-œsophagien : traiter "naturellement"

Brûlures d'estomac, remontées acides et autres symptômes très inconfortables… Le reflux gastrique peut aussi provoquer des complications qui peuvent aller jusqu'à l'ulcère voire au cancer. Heureusement, il existe des solutions naturelles, principalement par l'alimentation !

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Sommaire

- Défaut de résistance de l'œsophage
- L'alimentation : le meilleur traitement
- Adapter l'alimentation
- Astuce n°1 : mastiquer, saliver
- Astuce n°2 : jouer sur la variété
- Astuce n°3 : en profiter pour perdre du poids.
- Astuce n°4 : des oméga-3 dans l'assiette
- Gérer les facteurs de risques
- Le reflux : une chance ?

Il arrive que le contenu de l'estomac, riche en sucs gastriques très acides, remonte en partie dans l'œsophage. C'est ce qu'on appelle un reflux gastrique ou gastro-œsophagien (RGO). La paroi de l'œsophage peut résister à l'acidité pendant un certain temps mais, à terme, elle va connaître un phénomène inflammatoire qui peut entraîner des lésions plus graves (voir encadré).

Défaut de résistance de l'œsophage
C'est une pathologie assez répandue puisqu'elle touche en France "5 à 10 % de la population qui en souffrent au moins une fois par jour et 30 à 40 % au moins une fois par mois", affirme Martine Cotinat*, gastroentérologue, diplômée de nutrition, micronutrition, phytoaromathérapie. "Tout se présente comme un défaut de résistance de l'œsophage dans lequel interviennent l'alimentation, le tabac, la pollution, le stress, qui vont modifier l'équilibre interne en facilitant l'hyperperméabilité, le stress oxydatif, l'inflammation puis les troubles de la motricité gastrique, le tout sur un fond de prédisposition génétique."

L'alimentation : le meilleur traitement
Le traitement classique repose sur divers médicaments : antiacides, alginates, anti-H2 et surtout les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). On peut dans certains cas avoir recours à un traitement chirurgical.

Des compléments alimentaires peuvent apporter une aide intéressante : "bicarbonate, aloe vera, jus d'orge, lithotamne, magnésium, réglisse, mélisse, antioxydants et oméga-3, probiotiques, curcuma". L'homéopathie et l'acupuncture ont également un rôle à jouer.

Mais, pour Martine Cotinat, le traitement le plus satisfaisant se fait par l'alimentation et l'hygiène de vie. "Les gens sont toujours surpris de la rapidité des résultats : entre 3 jours et 1 mois." Elle constate que, dans son cabinet, 90 % des gens peuvent arrêter les IPP. Ce qui n'empêche pas des traitements mixtes de dépannage : par exemple en période de vacances ou de déplacement.

Adapter l'alimentation
"On n'a pas le même équipement enzymatique, le même terrain génétique, la même gestion du stress, on ne va donc pas réagir de la même manière face à certains aliments." Il n'est donc pas possible de préconiser un régime qui conviendrait à tout le monde.

Cela n'empêche pas de suivre quelques indications générales : boire en dehors des repas, éloigner les repas avant le sport, ne pas hésiter à faire des tests d'arrêt momentané (café, laitages) si l'on a un doute sur certains aliments quitte à reprendre ensuite tranquillement.

Pour le reste, le traitement nutritionnel préconisé par Martine Cotinat peut être résumé autour de quatre astuces principales.

Astuce n°1 : mastiquer, saliver
La salive est alcalinisante, d'où l'intérêt de manger du dur pour mastiquer et favoriser sa production. "Si on ne mange que du mou, on avale mais on ne mastique pas." Par conséquent il vaut mieux privilégier, surtout le soir : crudités, légumes, fruits frais.

Astuce n°2 : jouer sur la variété
Il faut limiter les exclusions alimentaires et éviter d'être trop strict. "Ajouter des aliments nouveaux va permettre d'en supprimer d'autres."

C'est donc le moment de découvrir ou redécouvrir : petit épeautre (qui contient 7 fois moins de gluten que le blé), kamut, riz complet, quinoa, millet, folio, sarrasin, graines germées, épices (notamment curcuma), oléagineux (amandes, noix, noisettes), légumes secs, algues.
"On est mieux protégé quand on a une alimentation antioxydante." (Voir : L'alimentation antioxydante)

Astuce n°3 : en profiter pour perdre du poids.
"L'obésité et le surpoids augmentent le reflux. Une petite prise de poids de 4 ou 5 kilos peut faire basculer les gens vers le reflux. La perte des ces 4 ou 5 kilos peut suffire à le corriger."

En traitant le reflux avec la chrono-nutrition, il est possible de "faire dégringoler les kilos sans faire de régime". La clé : commencer par le dîner. Au menu : crudités, légumes cuits, poisson ou crustacés, huile oméga-3, herbes aromatiques, épices... Pour l'alléger, il ne faut pas hésiter à décaler sur le matin la charge grasse et le pain et faire un goûter conséquent (fruits, noix, flocons d'avoine…).

Astuce n°4 : des oméga-3 dans l'assiette
Les oméga-3 offrent un excellente protection car ce sont des anti-inflammatoires.
"On préférera l'huile de cameline, trois fois plus dosée en oméga-3 que l'huile de colza (par exemple deux cuillères à café le soir au dîner), les graines de lin broyées avec un peu de curcuma (à saupoudrer sur l'alimentation), les graines de chia."

Gérer les facteurs de risques
Il faut en outre apprendre à limiter les facteurs de risques : sel (notamment dans l'alimentation industrielle, pain et fromage compris), sucre, café (deux tasses maximum), alcool, boissons gazeuses et fruitées, graisses saturées (viande rouge, charcuterie), gâteaux, bonbons, plats préparés, additifs et pesticides, cuissons intenses (fritures à haute température, barbecue).

"Attention aux excès de laitages : on arrive vite à 5 ou 6 produits laitiers par jour ! La recommandation est de 0 à 1, maximum 2." Il faut se méfier également du blé moderne et des céréales transformées génétiquement. "L'idéal est le sans gluten mais tout le monde n'a pas la capacité de tout changer d'un coup."

Il faut bien sûr éviter le tabac, ne pas abuser des médicaments (notamment les anti-inflammatoires et l'aspirine), bannir l'inactivité physique, gérer les troubles du sommeil et le stress (relaxation, méditation).

Le reflux : une chance ?
L'avantage de ce traitement nutritionnel est qu'il est global et a un impact sur les pathologies associées. "Le reflux est amélioré et par la même occasion sont également améliorées la colopathie, les douleurs articulaires, les problèmes de poids, l'hypertension… Finalement, ce reflux, quelle chance !"

 

*Intervention dans le cadre des Rencontres des médecines alternatives et complémentaires du 10/10/15 à l'hôpital Tenon.
Martine Cotinat est auteure notamment de Soignez votre reflux naturellement, éditions Thierry Souccar

Sources complémentaires :
Passeport Santé : Le reflux gastro-oesophagien (brûlures d'estomac)
Ameli Santé : Reflux gastro-œsophagien de l'adulte

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Causes, symptômes et complications

Trouble du sphincter œsophagien
En matière de RGO, le coupable est souvent le sphincter œsophagien inférieur, un anneau musculaire situé à la jonction de l'œsophage et de l'estomac.
"Il connaît une relaxation transitoire favorisée par une relaxation de l'estomac qui se produit par un mécanisme réflexe quand des aliments fermentent en excès dans le côlon", explique Martine Cotinat*.
C'est ce qui se produit notamment dans les cas d'intolérance au lactose (fréquente chez les nourrissons), maladie céliaque, hypersensibilité au gluten, surpoids, consommation de graisses, alcool, boissons gazeuses, repas caloriques et/ou rapides, constipation, stress mal géré…

Hernie hiatale
Le reflux peut être lié ou pas à une hernie hiatale (une partie de l’estomac, à la jonction de l’œsophage, "remonte" dans la cage thoracique par l’orifice du diaphragme qui laisse normalement passer l’œsophage). Mais dans tous les cas la hernie hiatale est un facteur aggravant.

Des symptômes pas toujours évidents
Les symptômes courants sont les brûlures d'estomac, les remontées acides… Mais le reflux peut également entraîner des symptômes plus atypiques : "de la toux, des bronchites fréquentes, une angine qui traîne, une voix enrouée et cassée, des douleurs thoraciques angoissantes, des raclements de gorge, des problèmes dentaires…".

Complications parfois graves
Beaucoup de gens choisissent de se traiter eux-mêmes. En réalité il vaudrait mieux consulter et ne pas hésiter à faire une fibroscopie "car il n'y a aucun parallélisme entre l'intensité de la douleur et la gravité de ce qu'on va trouver à l'examen".

Le reflux peut en effet entraîner des complications préoccupantes au niveau de l'œsophage : des lésions graves, des ulcères pouvant provoquer des hémorragies ; un rétrécissement de son diamètre (sténose peptique) ; un remplacement de ses cellules par des cellules de type intestinal qui peut conduire à l'ulcère voire au cancer (endobrachyœsophage ou œsophage de Barrett).

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