Pollution intérieure et allergies

Pollution intérieure et allergies

Allergies ou symptômes d'irritation, la qualité de l'air intérieur est l'un des éléments clés pour comprendre et traiter un nombre croissant d'affections.

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Sommaire

- Améliorer la qualité de l'air intérieur
- Traquer l'humidité et les moisissures
- L'obsession de désinfecter
- Halte aux COV !
- Coexister avec les acariens
- L'effet cocktail
- Des conseils simples

Le cabinet des allergologues ne désemplit pas de patients qui se plaignent d'éternuer, d'avoir du mal à respirer, d'avoir des douleurs de gorge ou d'être malade en permanence. Il se peut qu'ils aient une allergie, il se peut aussi qu'ils aient simplement des symptômes d'irritation…

Améliorer la qualité de l'air intérieur
Le mécanisme des problèmes respiratoires est facile à comprendre. "Vous avez dans l'air des allergènes, des irritants, des polluants qui vont toucher les muqueuses en contact avec l'air extérieur : les yeux, le nez, les bronches. De la même manière, les agents infectieux irritent les voies respiratoires et les muqueuses. Tous ces éléments peuvent s'additionner", explique Madeleine Epstein, allergologue, membre du conseil d'administration du Syfal*.

Aujourd'hui les allergologues ne se focalisent donc pas uniquement sur la partie allergique. Ils étudient également les facteurs qui, à l'intérieur de la maison, pourraient potentialiser les symptômes allergiques ou irritatifs. "Par exemple, on peut avoir un asthme par irritation aussi bien que par allergie…"

Ils proposent des solutions pour améliorer la qualité de l'air intérieur. "Quand les gens parviennent à mettre en oeuvre ce qu'on leur propose, on voit toujours une amélioration", se réjouit Madeleine Epstein.

Traquer l'humidité et les moisissures
L'humidité est un facteur d'aggravation des pathologies respiratoires. D'autant qu'elle est à l'origine des moisissures.
"Les moisissures sont des allergènes, elles secrètent des toxines, constituent de la nourriture pour les acariens." C'est donc la première chose à traquer. Et ce n'est pas toujours facile.
"Je me souviens d'une patiente qui avait trouvé la cause de ses symptômes : une boîte qu'elle croyait vide, stockée sous son lit, contenait des châtaignes que ses enfants avaient mis secrètement dans la boîte et qui avaient moisi."

L'obsession de désinfecter
Par ailleurs il nous faut perdre une habitude couramment répandue aujourd'hui et largement encouragée par la publicité : l'obsession de tout désinfecter chez soi.
"J'explique à mes patients qu'une maison n'est pas un bloc opératoire, ça n'a pas besoin d'être stérile. Il faut certes que ce soit propre mais le mieux est l'ennemi du bien ! Il est illusoire de tenter de désinfecter."

C'est que tous les produits ménagers désinfectants sont des irritants, des toxiques. "Il faut les supprimer", assure Madeleine Epstein qui conseille de faire le ménage avec des produits non agressifs et d'aérer abondamment. "La pollution intérieure est beaucoup plus importante que la pollution extérieure. Quand on ouvre les fenêtres, on dilue l'une dans l'autre."

Halte aux COV !
Il faut lutter sans trêve contre les composés organiques volatiles (COV), c'est à dire tout ce qui produit des odeurs : déodorants, désodorisants, parfums d'ambiance, bougies, encens, papier d'Arménie, tabac. "Ces COV sont potentiellement irritants et n'ont pas d'intérêt démontré, à part le plaisir que ça sente bon." Pour Madeleine Epstein, vaporiser du désodorisant pour enlever l'odeur du tabac, c'est rajouter de la pollution à la pollution. "Il vaut mieux ne pas fumer et ouvrir la fenêtre."
Le composé le plus irritant est le chlore de l'eau de javel : "il faut l'utiliser très diluée".

Selon elle, les huiles essentielles seraient à classer parmi les COV. "Je commence à collectionner un certain nombre de cas d'asthmes ou de rhinites déclenchés par l'exposition aux huiles essentielles."

Se méfier également des émanations qui peuvent venir des colles, dans les meubles neufs notamment. "Tout ce qui sent le neuf, ce qui sent fort, ce sont forcément des COV qui peuvent être des irritants pour les voies respiratoires."

Coexister avec les acariens
Les acariens sont une des principales sources d'allergènes (voir encadré). "Ils aiment la chaleur et l'humidité. Il faut donc aérer. Les acariens de la literie se nourrissent de nos desquamations, qui tombent dans le matelas. Voilà pourquoi le matin il ne faut pas faire son lit tout de suite, il faut le laisser aérer, refroidir, il faut bien secouer les draps. Les acariens prolifèrent moins dans ces conditions."

Si l'on souffre d'une allergie aux acariens, la mesure la plus efficace est de mettre une housse de matelas et d'oreiller.
"Il faut éviter les alèzes de la grande distribution traités avec un insecticide. Il vaut mieux choisir une housse médicale qui présente une barrière mécanique et non chimique. Ce sont des housses en tissu imperméable qu'il faut laver deux fois par an et qui coûtent autour de 200 € pour le kit complet. Aujourd'hui il faut se passer des acaricides qui étaient conseillés autrefois."

L'effet cocktail
Il est important de prendre en compte la globalité de son environnement car il existe des facteurs potentialisant.
"Il y a des gens qui ont un terrain allergique et qui sont peu gênés dans leur quotidien. Mais dès qu'il y a des travaux chez eux, l'allergie sort. Elle est potentialisée par l'exposition à des particules qui ne sont pas forcément allergènes. Dès qu'il y a de la poussière, cela peut faire ressortir une allergie qui était bien contrôlée auparavant."

Des conseils simples
Au final, les conseils ne sont pas compliqués : aérer entre 15 et 30 minutes matin et soir, aspirer, laver, supprimer tous les produits polluants et choisir pour nettoyants les produits les moins allergènes.

 

*Syndicat français des allergologues
Source complémentaire :
Le Grand Livre des allergies, Benoît Wallaert, Joëlle Birnbaum, éditions Eyrolles

 En savoir +

Les acariens

On les trouve dans la literie, les oreillers et les matelas, dans les rideaux, les peluches, les canapés, les tapis, les moquettes, les vêtements, les meubles rembourrés. Environ la moitié des allergies respiratoires sont dues aux acariens, ce qui en fait la deuxième source d'allergie après les pollens.

Comment ça marche
"Les acariens pondent les œufs à l'intérieur du matelas. Ces derniers, en mûrissant, remontent les allergènes à la surface, notamment les déjections, qui se retrouvent ainsi dans l'atmosphère", explique Madeleine Epstein. "Mécaniquement vous en retrouvez dans la poussière. C'est pour cela qu'on dit que c'est l'allergène de poussière de maison."

Saisonnalité
Comme pour la plupart des allergènes, il y a une saisonnalité pour les acariens. Compte tenu du climat et de leur cycle de reproduction, ils prolifèrent plus dans les maisons en automne, à la fin de l'hiver et au début du printemps.

Conseils
- Changer régulièrement ses oreillers.
- Laver sa literie toutes les semaines à 60°C.
- Mettre les peluches au congélateur puis les laver à 30°C.
- Utiliser une housse de matelas médicale si besoin.

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