Première cause de mort évitable dans le monde, le tabac est une substance dont il est difficile de se défaire. Il est possible de se faire aider par des traitements de substitution nicotinique, des médicaments ou des approches non médicamenteuses : hypnose, méditation, entretiens motivationnels ou TCC…

Sommaire
- 70 composés cancérigènes
- Cancers et maladies cardiovasculaires
- Problèmes respiratoires
- Troubles de la libido, infertilité et maladies psychiatriques
- L’arrêt est difficile
- D’un coup ou progressif
- Médicaments ou pas
- Préparer le sevrage
- Hygiène de vie
- Des bénéfices quasi immédiats
La plupart d’entre nous avons commencé à fumer jeune, pour faire “comme les grands". C’est un classique. Ou "comme les stars". Le cinéma des années 1950-60 regorgent de personnages "so glamour", hommes ou femmes, avec la clope au bec. Le geste à l’air élégant et donne de la contenance.
"Plus le début de la consommation de tabac est précoce, plus le nombre de cigarettes fumées par jour à l'adolescence puis à l'âge adulte est élevé, plus grand sera le risque de développer une addiction au tabac avec des conséquences délétères pour la santé", affirme Laurent Karila, professeur de psychiatrie spécialisé en addictologie. "Cette addiction tuera une personne sur deux et est la première cause de mort évitable dans le monde."*
70 composés cancérigènes
Cigarette, cigarillo, cigare, tabac à rouler, pipe, chicha… Quelle qu’en soit sa forme, le tabac est nocif pour la santé. Sa combustion produit de nombreuses substances toxiques : goudrons, monoxyde de carbone, oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac, métaux lourds comme le cadmium, le mercure, le plomb ou le chrome…En tout "7 000 composés chimiques dont au moins 70 sont cancérigènes"*.
C’est la nicotine qui est responsable de l’addiction au tabac (voir encadré).
"Outre ses effets psychoactifs, la nicotine affecte également les poumons, le cœur et tous les vaisseaux sanguins de notre corps.”*
Cancers et maladies cardiovasculaires
Stopper sa consommation de tabac permet donc de réduire le risque de développer de nombreuses maladies.
“Aucune cigarette n'est innocente, même une consommation modérée présente des risques pour la santé”, précise Laurent Karila. “Fumer du tabac est nocif pour tout le corps.”*
En France, le tabac est responsable de 20 % des cancers (poumons, gorge, bouche, lèvres, pancréas, œsophage, reins, vessie, col de l’utérus…). Il est aussi la première cause de maladies cardiovasculaires : infarctus du myocarde, anévrisme de l’aorte, accident vasculaire cérébral, hypertension artérielle et artérite. À tabagisme égal, les femmes présentent un risque de maladies cardiaques plus important, de l'ordre de 25 %.
Problèmes respiratoires
Bien-sûr, le tabac est nocif au niveau respiratoire : toux, encombrement bronchique, sifflements, essoufflement, difficultés à respirer… En fumant, on peut développer ou aggraver des maladies comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'asthme, le covid, la grippe, la sinusite, l’angine…
Troubles de la libido, infertilité et maladies psychiatriques
Le tabac accélère le vieillissement de la peau.
Il a un impact sur la libido et sur la fertilité, chez l’homme comme chez la femme.
L'addiction au tabac et les maladies psychiatriques sont étroitement liées.
“Par exemple, 82 % des personnes schizophrène et 56 % des sujets ayant un trouble bipolaire sont des fumeurs.”*
Il convient donc de rechercher systématiquement si l’on est atteint d'un trouble anxieux et/ou dépressif, lorsqu'on souhaite débuter un arrêt du tabac. Cela peut, en effet, rendre le sevrage plus difficile.
L’arrêt est difficile
D'une manière générale, l'arrêt de la consommation du tabac chez les fumeurs souffrant d'addiction est difficile. Seule une minorité de fumeurs parvient à une abstinence permanente dès la première tentative d’arrêt. La majorité poursuit sa consommation de tabac pendant plusieurs années avec une alternance de périodes de rechutes et de rémissions.
D’un coup ou progressif
Laurent Karila conseille de se donner des petits objectifs réalisables. Chacun doit trouver la stratégie qui lui convient le mieux.
Si l'on choisit d'arrêter d'un coup, on peut se fixer une date favorable qui a, éventuellement, une signification personnelle (vacances, anniversaire, autre moment important pour soi, mois sans tabac en novembre…). Le jour dit, il faut se lancer et ne pas reporter la décision encore et encore…
Si l’on choisit d'arrêter progressivement, on peut prévoir un agenda de réduction de la consommation de tabac et se faire aider par des substituts nicotiniques (patchs, gommes à mâcher, comprimés à sucer, pastilles, inhaleur, spray nasal…). Ces derniers augmentent de 50 à 60 % les chances d'être abstinent pendant au moins six mois.*
Médicaments ou pas
Si ces traitements ne fonctionnent pas, on peut envisager la cigarette électronique et éventuellement des médicaments comme le bupropion et la varénicline. Il existe aussi des approches non médicamenteuses comme l’hypnose, la méditation de pleine conscience, les entretiens motivationnels (une méthode de communication visant au changement de comportement par l'exploration et la résolution de son ambivalence) ou les TCC (thérapies cognitives et comportementales).
Préparer le sevrage
Dans tous les cas, un sevrage tabagique ça se prépare. Il faut par exemple repenser son cadre de vie en version non-fumeur (à la poubelle : cendriers, briquets, cigarettes !). Il n'est pas inutile de prévenir ses proches : certains peuvent encourager, soutenir voire arrêter de fumer en même temps. On peut aussi s'inscrire à des groupes sur les réseaux sociaux.
Il est intéressant de prévoir des activités lors des premières semaines d’arrêt, de penser à remplacer les pauses cigarettes par un fruit, un exercice physique, une relaxation ou une méditation…
Hygiène de vie
Il n’est pas inutile de se faire accompagner par une nutritionniste ou une diététicienne pour éviter de prendre du poids et, avant l’arrêt du tabac, d’adopter un régime varié, limité en calories. Le régime méditerranéen est la bonne référence en la matière. Il doit être accompagné d’une pratique régulière d’activités physiques.
Des bénéfices quasi immédiats
Amélioration de l’état de la peau, de la libido, économies substantielles… Les premiers bénéfices de l’arrêt du tabac se font sentir très rapidement. Dès 20 minutes après la dernière cigarette, la pression artérielle et la fréquence cardiaque ne sont plus perturbées. Au bout de 24 heures, il n’y a plus de nicotine dans le corps. Après 48 heures, on constate une amélioration du goût et de l’odorat. Après 72 heures, la respiration devient plus facile. Au bout d’un an, le risque d’AVC rejoint celui du non-fumeur. À échéance de 5 ans, le risque de cancer du poumon diminue de près de 50 %. Et après 10 à 15 ans, l'espérance de vie redevient identique à celle des personnes n'ayant jamais fumé.
"Chaque jours sans tabac est une victoire !"*
*Docteur : Addict ou pas ?, Pr Laurent Karila, éditions Harper Collins
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Les effets du tabac
Lorsque l'on fume du tabac, la nicotine absorbée par inhalation, a un effet sur le cerveau après 10 à 20 secondes.
"C’est ce qu'on appelle le "hit nicotinique" que recherche les fumeurs", explique Laurent Karila, professeur de psychiatrie spécialisé en addictologie. "La concentration maximale de nicotine dans le sang est atteinte après 5 minutes. Les additifs (sucre, agents humidificateurs, agents conservateurs), retrouvés dans les cigarettes industrielles, jouent sur les caractéristiques de la fumée comme sa couleur, son âcreté, son odeur et son arôme. Ils renforcent l'effet de la nicotine afin d'augmenter l'addiction des consommateurs."*
Il y a généralement plus de nicotine dans le cigarillo que dans le cigarette et plus encore dans le cigare que dans le cigarillo. Pour la pipe, cela dépend de la quantité de tabac utilisée.
Il faut savoir que, lorsqu’on n’inhale pas la fumée (dans le cas des cigares ou de la pipe), la nicotine est absorbée par la muqueuse de la bouche, plus lentement, mais finit par atteindre la même quantité que par inhalation.
La nicotine a un effet de stimulation, de plaisir, d’augmentation des perceptions et de la mémoire, de diminution de l’appétit. Elle permet également de réduire un peu l’anxiété.
Les symptômes de manque apparaissent généralement entre 2 et 72 heures après une consommation de tabac : tristesse importante, irritabilité, colère, frustration, difficultés de concentration, anxiété, agitation, augmentation de l'appétit, insomnie…
"Ils durent de 10 à 30 jours et peuvent être très variables selon les personnes. Leur intensité est la plus forte après 3-4 jours d'arrêt pour diminuer ensuite progressivement."*
L’addiction au tabac a également une composante psychologique et/ou comportementale.
De nombreux fumeurs rencontrent de réelles difficultés à arrêter le tabac en raison de l’un ou l’autre aspect de son usage.
