Système immunitaire, maladies cardiovasculaires, cancers… Ce qui se passe dans notre bouche peut avoir des conséquences sur l’ensemble de notre corps.

Sommaire
- Respecter le bon équilibre des microbiotes
- Inflammation chronique : différents systèmes affectés
- Risques cardiovasculaires
- Respirer par le nez
- Une fenêtre sur le corps
- Un hygiène quotidienne qui n’est pas facultative
C’est un fait indiscutable aujourd’hui : l’hygiène dentaire n’a pas seulement un impact sur la beauté du sourire.
“Bien que la médecine générale et la médecine dentaire aient évolué séparément au fil du temps, la réalité est que le corps humain ne fait pas de distinction entre la bouche et le reste du corps”*, affirme Angèle Germain, dentiste québécoise.
L'état des dents, des gencives et de la bouche en général a des conséquences multiples et non négligeables sur le fonctionnement du corps humain. La bouche est un carrefour de santé.
Respecter le bon équilibre des microbiotes
On sait aujourd’hui que, dans notre microbiote intestinal, les “bonnes” bactéries, par leur présence, protègent notre organisme des bactéries pathogènes. C’est la même chose dans notre bouche, à condition qu’un bon équilibre soit respecté. Si ce n’est pas le cas, un biofilm bactérien va se créer, se structurer et se développer, attirant sans cesse de nouvelles bactéries pas toujours “bien intentionnées”. Et celles-ci peuvent relâcher dans l’organisme des substances nocives (toxines et métabolites) à l’origine de toute une série de désagréments : caries, inflammation chronique des gencives (gingivite ou parodontite), acidification de la bouche favorisant l’apparition de mycoses (plaques blanches ou rougeur intense de la langue et du palais, pouvant s'accompagner d'une sensation de brûlure ou d'un goût métallique).
Tout est une question de quorum, comme dans une assemblée générale : il faut que les bactéries protectrices restent en proportion suffisante.
“Cette ligne de défense naturelle et robuste préserve notre santé sans même qu'on s'en aperçoive ! Ainsi ce serait une erreur que de chercher à éliminer toutes les bactéries de notre bouche”*, précise Angèle Germain.
Voilà pourquoi il vaut mieux, dans la mesure du possible, éviter les antibiotiques et les bains de bouche trop destructeurs.
Inflammation chronique : différents systèmes affectés
Les tenants d’une dentisterie “alternative” avaient déjà pointé cette réalité depuis quelques décennies (voir : Une médecine dentaire alternative) : la bouche s’intègre dans l’équilibre général du patient et les problèmes bucco-dentaires peuvent affecter différents systèmes du corps. Certains experts n’hésitent pas à y chercher l’origine des maladies (voir : Chercher l’origine des maladies du côté des dents).
Il semble qu’aujourd’hui l’ensemble du monde scientifique a franchi le pas.
Le principal mécanisme, selon Angèle Germain, est la dissémination des bactéries et des molécules inflammatoires par la circulation sanguine. Par ailleurs certaines maladies buccodentaires (gingivite, parodontite, abcès chroniques) peuvent affecter le reste du corps en générant une inflammation chronique dont on sait aujourd’hui qu’elle affaiblit le système immunitaire, favorise les maladies cardiovasculaires et certains cancers.
Risques cardiovasculaires
Des études scientifiques ont détecté dans les plaques d’athérosclérose susceptibles de boucher les artères, la présence de certaines bactéries associées à la parodontite, une inflammation des gencives.
“Nous savons maintenant que certaines espèces bactériennes présentes dans la plaque dentaire sont capables de pénétrer dans la gencive et de se faufiler jusqu'au vaisseau sanguin, profitant ainsi de la circulation pour se répandre dans tout le corps.”*
À la clé : développement de l’hypertension artérielle, augmentation du risque d’infarctus et d’AVC (accident vasculaire cérébral).
Respirer par le nez
La santé pulmonaire est également touchée par des sécrétions provenant de la bouche et pouvant entraîner une contamination des poumons par des micro-organismes
“En temps normal, il est important de respirer par le nez et pas seulement au sens figuré. Les voies aériennes nasales sont conçues pour filtrer, réchauffer et humidifier l'air qui rentre par vos narines ; le passage de l'air par les fosses nasales permettrait aussi de réguler la température du cerveau.”*
Sauf de manière provisoire pour s’adapter à un problème particulier, la bouche n’est pas pas faite pour respirer.
Une fenêtre sur le corps
À l’inverse, certaines maladies systémiques peuvent se manifester au niveau de la bouche : anémie (manque de globules rouges), carence en vitamines ou en fer, déficit immunitaire, maladies inflammatoires chroniques ou auto-immunes, diabète de type 2, cancers, infections virales diverses, effets secondaires de médicaments… Les muqueuses qui tapissent la bouche sont faciles à observer et peuvent révéler des informations précieuses sur la santé globale.
Les médecines traditionnelles d’Asie ne s’y étaient pas trompées : on peut lire la santé dans la bouche, notamment sur la langue, détecter des pathologies déjà installées ou identifier des prédispositions à en développer de futures.
Un hygiène quotidienne qui n’est pas facultative
On comprend donc l’importance d’assurer une bonne hygiène dentaire, dès le plus jeune âge (voir encadré).
Les choix alimentaires sont déterminants : éviter les aliments sucrés et acides, privilégier les fruits et légumes crus, les poissons et les produits laitiers, boire suffisamment et ne pas oublier de mastiquer longuement.
Il faut quotidiennement vérifier que nos dents sont propres en frottant l’ensemble des surfaces et en vérifiant le résultat dans le miroir. Il existe aujourd’hui des techniques plus avancées qui vont au-delà du simple brossage manuel : brossage bi-quotidien avec une brosse à dents électrique, nettoyage interdentaire quotidien (avec un fil ou des brossettes adaptées).**
La visite régulière chez le dentiste, environ une fois par an, fait aussi partie des fondamentaux.
Sources :
*Ouvrez grand ! L’impact insoupçonné de la santé buccale sur la santé globale, Angèle Germain, éditions Trécarré.
**Dentiste mutualiste : Pourquoi la bonne dentition est essentielle pour la santé globale
En savoir +
Hygiène dentaire : une priorité dès l’enfance
L’hygiène dentaire doit concerner les enfants dès le plus jeune âge : les caries peuvent avoir des conséquences désastreuses, même sur les dents de lait. Cela est d’autant plus important que les enfants sont exposés à une alimentation et des boissons riches en sucre et qu’ils n’ont pas toujours l’habileté manuelle nécessaire au maintien d’une bonne hygiène dentaire.
Angèle Germain conseille notamment d’arrêter de proposer du lait la nuit à un bébé qui a des dents (autour de 6 mois).
Pour l’apprentissage du brossage de dents, elle suggère de se placer derrière l’enfant, face au miroir, la tête appuyée contre l’abdomen de l’adulte.
“Les problèmes de santé dentaire vécus par les enfants peuvent avoir des répercussions sérieuses sur leur santé, leur bien-être et leur développement. Ils augmentent le risque de développer des problèmes dentaires à l'âge adulte. L’hygiène dentaire des enfants est aussi importante, sinon plus, que leur hygiène corporelle.”*