Face à la transition écologique, l’industrie des combustibles fossiles, menacée, se "recycle" dans le plastique.
C’est l’analyse de Delphine Lévi Alvarès, l’une des coordinatrices de la campagne mondiale #BreakFreeFromPlastic. À partir de ressources fossiles, charbon, gaz ou pétrole, de grandes entreprises comme Chevron, ExxonMobil, BP ou TotalÉnergies produisent du plastique, des produits chimiques, des pesticides, des engrais, et de manière plus marginale des molécules pharmaceutiques que l’on retrouve notamment dans le paracétamol.
Les industriels de la pétrochimie sont très créatifs et de nombreux objets du quotidien sont désormais fabriqués en plastique : les canettes, auparavant en aluminium, sont aujourd’hui composées en grande partie de plastique ; les fenêtres sont passées du bois au PVC ; les bouteilles de jus, du verre au plastique. Ici la valeur ajoutée est supérieure car elle ne dépend pas des fluctuations du prix du baril.
Ce sujet est l’angle mort des combats écologistes, selon Delphine Lévi Alvarès, alors qu’il s’agit du secteur le plus consommateur d’énergie, devant l’aviation, le transport routier ou la production de voitures.
Des négociations se sont ouvertes à Paris pour aller vers un traité international destiné à lutter contre la pollution plastique mais les États pétroliers tentent de les faire dérailler.
Les lobbyistes, eux, tentent de rassurer tout le monde en jouant la carte du recyclage et celle du plastique biosourcé (fabriqué à partir de maïs, pommes de terre, betteraves, canne à sucre…). Sauf que le processus pour produire les polymères reste identique.
"Ce n’est pas parce que la matière première vient de la nature que c’est propre pour autant."
Source : Reporterre, Emmanuel Clévenot - 30/05/23
