Observation, sentiment, besoin, demande… C’est ce qui constitue le cheminement de la Communication Non Violente. La CNV a pour vertu de nous faire passer du réactionnel au relationnel et de nous rendre ainsi acteur de paix, aussi bien dans la sphère privée que publique.
Sommaire
- Des principes simples
- Chacal et girafe
- Deux visions de l’humain
- Faire grandir la girafe
- L’époque du réactionnel
- Passer au relationnel
- Observation, sentiment, besoin, demande
- L’écoute empathique
- Acteur de paix
Fondée par Marshall Rosenberg dans les années 1960 aux États-Unis, la Communication Non Violente (CNV) n’est pas un simple outil de communication mais un art de vivre avec soi et les autres.
"C’est un processus puissant pour régler des différends personnels, professionnels et politiques. (…) Un outil très pragmatique qui donne des repères sur la manière de communiquer sur le plan relationnel"*, explique Anne Ruellan, formatrice certifiée en CNV.
(Voir : Relations amoureuses et Communication Non Violente)
Des principes simples
La CNV part de quelques principes simples… Notamment : "chacun fait du mieux qu’il peut pour satisfaire ses besoins dans les circonstances et avec la conscience qui sont les siennes à un moment donné"*. Tous les êtres humains ont les mêmes besoins (hydratation, sécurité, appartenance, amour, liberté…) et il y a assez de ressources matérielles, affectives et relationnelles pour satisfaire tous ces besoins. Un autre constat est que "nous nous portons mieux lorsque nous vivons des relations basées sur la coopération plutôt que sur la compétition"*. Et tout le monde préfère agir par élan, librement plutôt que sous la contrainte.
Chacal et girafe
Deux visions du monde cohabitent à l’intérieur de nous :
- une vision "chacal" : un animal impulsif qui aboie en collant des étiquettes et en portant des jugements ;
- une vision "girafe" : un animal qui un gros coeur et un long cou grâce auquel il bénéficie d’une certaine hauteur de vue, solidaire de ses congénères mais qui possède des sabots pour exprimer ce qui ne lui convient pas.
"Le chacal et la girafe coexistent en nous en permanence. Cela nécessite d'être indulgent envers nous-mêmes : parfois nous sommes une girafe, parfois nous sommes un chacal."*
Deux visions de l’humain
Dans la vision "chacal", l’être humain est mauvais, il ignore le bien et le mal. Il doit être éduqué à l’aide de punitions et de récompenses. Il porte des jugements et fait des interprétations. Ses références sont externes et absolues.
Dans la vision "girafe", l’humain préfère se rendre utile et contribuer au bien-être d’autrui. Il est accompagné par la prise de conscience et la prise en considération des besoins mutuels. Il est à l’écoute de ses ressentis et de ceux de ses interlocuteurs. Il prend ses responsabilités et co-construit les solutions. Ses références sont internes et relatives.
Faire grandir la girafe
"Le but n'est pas de devenir une girafe à temps complet mais d'être plus conscient quand nous passons de chacal à girafe et inversement. Plus nous en sommes conscients, plus nous pouvons choisir et nous tourner vers la vie."*
Si nous choisissons de "faire grandir la girafe en nous", la CNV est un bon outil.
L’époque du réactionnel
Nous vivons au 21e siècle dans un monde qui privilégie la vitesse, l’instantanéité, le tac au tac. Nous sommes baignés par des appréciations instinctives, automatiques, de type "chacal" : "il ne faut pas pleurer pour ça", "on a toujours fait comme ça", "tu es toujours en retard", "tu ne m’écoutes jamais", "tu me fatigues", "j’en suis pas mort", "je suis nul"…
Dans cette communication réactionnelle, préside un système binaire, avec un gagnant et un perdant : "toi ou moi". On va réagir et se comporter en chacal contre soi-même ou contre l’autre.
Passer au relationnel
Ce sont des habitudes automatiques, selon Anne Ruellan, qui nous éloignent de notre nature profonde : la relation à soi et la relation aux autres. À l’inverse, la communication en mode relationnel se fait par l’auto-empathie (accueil de ce que l’on vit à cet instant) et l’empathie envers l’autre (accueil de ce que l’autre vit à cet instant).
Observation, sentiment, besoin, demande
La CNV commence par une démarche d’auto-empathie : une capacité à se mettre à l’écoute intérieurement. Au début c’est une manière d’analyser une situation a posteriori. Avec un peu d’entraînement, on peut le faire dans l’instant.
Il s’agit d’abord d’observer la situation en s’en tenant aux faits et en évitant les interprétations.
Puis on est invité à se connecter à ses ressentis corporels et à ses sentiments qu’il convient de bien distinguer des jugements.
Cette écoute des émotions va amener ensuite à identifier les besoins auxquels elles correspondent : besoin d’expression, d’affirmation de soi, de compréhension, d’écoute, de confiance, de respect, de sécurité, de partage, de lien… La liste des besoins humains est longue.
La reconnaissance de ses besoins permet au final de formuler à l’autre une demande qui se doit d’être ouverte et bien distincte d’une exigence.
L’écoute empathique
Dans la communication relationnelle, le dialogue amène à écouter l’autre avec empathie, selon le même cheminement : être à l'écoute des faits, des sentiments de l’autre, de ses besoins, être dans le soutien pour qu’il formule sa demande. Éviter d’autres formes d’écoute où l’on a l’intention de consoler, d’enquêter, de conseiller, de minimiser, d’interpréter, de critiquer, de dramatiser, de dévier la conversation…
“L'important dans l'écoute est l'intention authentique de tendre l'oreille. C'est être là pour notre interlocuteur dans l'instant sans amener aucune pensée du passé. Il n'y a rien à faire”*, précise Anne Ruellan.
Acteur de paix
La CNV est un un processus concret qui nécessite une certaine pratique et qui peut rendre tout un chacun acteur de paix.
“Détachée de toute culture ou de toute religion, elle permet par des prises de conscience de vivre et d'engager des transformations individuelles, sociétales et systémiques.”*
*Ma bible de la Communication Non Violente, Anne Ruellan, éditions Leduc
En savoir +
Différencier les sentiments des jugements et interprétations masqués
Lorsque nous pensons "je me sens trahi, abandonné, humilié", nous imaginons ce que fait l’autre. "Je me sens incompétent, jugé" : nous imaginons un verdict que les autres portent sur nous.
Si nous nous disons "je suis nul", c’est ce que nous nous racontons sur nous-mêmes.
"Les interprétations ou jugements masqués sont des expressions implicites de ce que nous nous racontons. C'est le chemin vers la recherche d'un coupable : nous-mêmes ou les autres. Or ce chemin mène à une impasse relationnel avec soi et avec les autres"*, affirme Anne Ruellan, formatrice certifiée en CNV.
Mais parfois un jugement cache un besoin, comme les deux faces d’une même pièce. "Untel est lent" peut révéler un besoin d’accélération. "Ils font trop de bruit" veut peut-être dire qu’on aspire au calme, au repos.