Les troubles du périnée

Les troubles du périnée

Les symptômes qui s’expriment au niveau du plancher pelvien peuvent en dire long sur l’hygiène de vie mais aussi révéler un passé d’accouchement difficile ou d’abus sexuel oublié. L’activité physique, notamment la pratique du yoga, est une bonne manière d’apprendre à se réconcilier avec son périnée.

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Sommaire

- “Par où le corps se vide”
- Des troubles plus fréquents chez les femmes
- Lieu d’expression de traumatismes anciens
- La marche ou le yoga
- La posture du demi-pont
- La mémoire du corps

Douleurs chroniques, incontinence urinaire et fécale, constipation, descente d’organes… Ce sont les principaux symptômes qui caractérisent les troubles du périnée. Les médecins parlent de dysfonctions du plancher pelvien. Cela concerne, en Europe, 32 % des femmes et 16 % des hommes.*

“Par où le corps se vide”
Pour rappel, le plancher pelvien est situé dans la région inférieure du bassin entre l’os pubien à l’avant et le coccyx à l’arrière. Par l’intermédiaire de ses muscles et de ses ligaments, il soutient les voies d’évacuation de l’organisme : l’anus, les voies urinaires, l’utérus et le vagin chez la femme, le penis chez l’homme. En grec ancien, le mot signifie “par où le corps se vide”. 
Le périnée sert donc à contrôler et émettre les selles, l’urine, les gaz. Chez la femme, il sert en plus à l’élimination des règles, à l’ascension du sperme dans le tractus génital après coït ou insémination, à la sortie du bébé (sauf en cas de césarienne).

Des troubles plus fréquents chez les femmes
Généralement, tant qu’il fonctionne, on oublie l’existence du périnée. Les troubles les plus fréquents sont l’incontinence, les pertes d’urine, les fuites de gaz ou de selles. En cause, la plupart du temps : un accouchement traumatique (90 % des accouchements par voie basse), des modifications hormonales dues à la ménopause, une pratique excessive de sports d’impacts (football, course à pied, danse…) mais aussi l’obésité ou le manque d’activité physique. Et il ne faut jamais écarter l’hypothèse de l’abus sexuel.

Lieu d’expression de traumatismes anciens
“Aujourd’hui, on peut faire le lien entre certains dysfonctionnements caractéristiques du périnée et l'expression psychosomatique de traumatismes anciens”, explique Bernadette des Gasquet, médecin et professeure de yoga. “La reconnaissance des conséquences de l'abus comme stress post-traumatique, la libération de la parole, rendent possibles des prises en charge mieux adaptées.”**

Certains symptômes doivent alerter : encoprésie (émissions de selles dans des endroits inhabituels), boulimie, anorexie, énurésie prolongée (miction incontrôlée), problèmes gynécologiques… Les séquelles d’un abus sexuel sont souvent multiples, durables et parfois décalées dans le temps. Le diagnostic peut être difficile à poser, surtout lorsque la victime n’est pas en mesure de verbaliser ce qui lui est arrivé. Il ne faut pas hésiter à consulter un périnéologue (spécialiste du périnée).

La marche ou le yoga
La prévention des problèmes passe notamment par l’activité physique. Pour protéger le dos et le périnée, de nombreux sports permettent un gainage approprié de la sangle abdominale : la marche, la natation, le vélo, le golf, le rameur, la voile, le canoë-kayak… Ou encore mieux : le Pilates, la méthode Feldenkrais, le yoga, les arts martiaux internes comme le Taiji Quan ou le Qi Gong

Par exemple, dans le yoga, le travail du périnée tient une place fondamentale notamment dans tous les exercices qui se concentrent autour du chakra racine (centre de l’espace entre l’anus et la vulve ou la verge), siège de la kundalini, l’énergie vitale (voir : Les chakras : centres énergétiques vitaux). 

La posture du demi-pont
De nombreuses postures de yoga favorisent la prise de conscience et le renforcement du périnée. C’est le cas du demi-pont : allongé sur le dos, fléchir les genoux et poser les plantes de pieds au sol, proches du bassin, les pieds parallèles ; puis, sur une inspiration, monter le bassin vers le plafond en profitant de l’appui des plantes de pied au sol, le coccyx vers le plafond, rester dans la posture en respirant tranquillement ; puis, sur une expiration, reposer la colonne vertébrale, vertèbre par vertèbre, le bassin en dernier.

Il est possible d’exécuter la posture en posant ses pieds en hauteur, sur un siège. On peut faire plusieurs fois la montée, la descente soit en écartant plus les genoux soit en les gardant en contact, et l’on essaie de sentir les différences. On peut aussi tester les contractions du périnée comme si l’on cherchait à retenir un envie d’uriner ou un gaz (voir encadré).

La mémoire du corps
Le nerf qui innerve la région du périnée s’appelle le nerf pudendal, du latin “pudor", retenue, modestie, timidité, honte. Le mot est devenu “pudeur” en français. Siège de la pudeur et de l’intimité, le périnée fait partie des ces zones qui révèlent la mémoire du corps et de ses agressions. Et cette mémoire parle d’autant plus fort qu’elle n’a pas été entendue dans le passé.


Sources :
*The Conversation : Mieux anticiper les déchirements du périnée
**Ce que le périnée dit de notre vécu, Constipation, accouchement, abdos, abus sexuel… et comment le yoga peut nous aider, Dr Bernadette de Gasquet, éditions Albin Michel

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Repérer son périnée

Il faut imaginer être en train de retenir un besoin d’uriner, de retenir un gaz ou une selle.
Chez l’homme, les contractions du périnée font légèrement remonter les testicules et mobilisent la verge. Elles permettent également d’éliminer les dernières gouttes d’urine.
Chez la femme, la sensation peut être plus difficile à identifier. Bernadette de Gasquet conseille de s’asseoir à califourchon sur une serviette roulée, au niveau de l’entrejambe du pantalon.

Le périnée fonctionne en général sans qu’on n’en sache rien. Les sphincters (urètre et anus) sont normalement fermés et s’ouvrent sous la pression de ce qui doit sortir. 
Le muscle de la retenue est le muscle pubo-rectal, en forme de fer à cheval, qui s’insère sur les os pubiens. À la contraction, il se raccourcit et tracte l’anus vers les os pubiens (situés plus haut que l’anus). L’anus remonte  et l’on éprouve une sensation de fermeture. 

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