L'intelligence des plantes

L'intelligence des plantes

Ce sont des être vivants doués de sensibilité. Les plantes présentent des morphologies, des caractères et des aptitudes qui n'ont pas fini de nous surprendre…

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Sommaire

- Pas de monde sans végétaux
- Des morphologies de toutes sortes
- Des aptitudes surprenantes
- Un esprit solidaire
- Une intelligence supérieure
- Des êtres sensibles ?

Alors que nous nous préoccupons de plus en plus, et à juste titre, du bien-être animal, notre regard sur les plantes reste encore un peu condescendant. Il faudrait se souvenir pourtant qu'il s'agit d'êtres vivants.

Pas de monde sans végétaux
"Les plantes sont des êtres vivants parce qu'elles ont la faculté de se multiplier, c'est ce qu'on donne en général comme définition de la vie", explique Claude Joseph, maître de conférences de physiologie végétale à l'université d'Orléans*. "Elles ont des aptitudes que l'on ne retrouve pas forcément chez les animaux. Par exemple, elles n'ont besoin pour vivre que de gaz carbonique, d'eau et de lumière. Les animaux, eux, ne peuvent pas produire certaines vitamines, certains acides aminés et sont obligés de les trouver dans le monde végétal. Alors que les végétaux se suffisent à eux-mêmes. C'est ce qui m'amène à dire qu'un monde sans animaux est concevable au plan théorique alors qu'un monde sans végétaux ne l'est pas."

Des morphologies de toutes sortes
Claude Joseph s'émerveille des morphologies atypiques de certains végétaux : "Par exemple, l'écorce de l'eucalyptus arc-en-ciel se colore de couleurs vives au fur et à mesure que l'écorce se desquame. Pour quelqu'un qui voit ces arbres, on a l'impression que c'est un véritable tableau de peinture avec des couleurs qui ne semblent pas réelles mais qui le sont."

Autre exemple chez les plantes carnivores qui possèdent des organes étonnants : "Les urnes des plantes carnivores sont parfois des organes de grande taille. Les insectes qui s'y aventurent sont "digérés" par la plante mais cet apport n'est pas indispensable pour elle. Il s'agit uniquement d'un supplément de nutrition azotée. Ce n'est pas un besoin essentiel, c'est juste un plus."

Des aptitudes surprenantes
La sensitive fait partie des plantes qui ont des facultés fascinantes. "Quand on touche du bout du doigt l'extrémité d'une feuille de sensitive, la feuille se referme. Comme si elle voulait soit se protéger soit faire en sorte qu'on ne puisse plus l'atteindre. Si on tapote un peu plus fort avec le doigt, c'est tout le rameau qui se referme et on peut aller jusqu'à la tige complète qui s'affaisse. Il y a des degrés différents de réaction en fonction de la pression qui est imposée."

Lorsque ses feuilles commencent à être broutées par des antilopes, l'acacia d'Afrique du Sud synthétise des tanins qui permettent de repousser ces agresseurs. Certains érables, peupliers ou aulnes peuvent adopter le même type de stratégie.

Un esprit solidaire
Des associations de plantes permettent de développer des effets protecteurs. Par exemple, la ciboulette empêche l'apparition de l'oïdium et de la maladie des taches noires sur les rosiers plantés à proximité. De la même manière, elle protège les pommiers contre la tavelure, la gale et les chancres, les groseilliers contre le mildiou et la menthe contre la rouille. D'autres plantes comme l'oignon, l'ortie ou le raifort ont des propriétés analogues.
"Les anciens, dans les jardins, connaissaient bien ces aptitudes et ils utilisaient ces associations bénéfiques dans les plantations, par exemple en mettant les tomates à côté des soucis."

Pour lutter contre les "mauvaises" herbes, il est astucieux d'utiliser les céréales, les trèfles, la vesce, les fétuques… Ces plantes forment une couverture du sol qui affaiblit les racines des adventices et libèrent des composés qui leur sont nuisibles voire toxiques.

Une intelligence supérieure
Claude Joseph souligne également les étonnantes capacités de plantes en matière d'adaptation et de longévité : "Elles sont capables de s'adapter à des nouvelles conditions de milieu, de faire face à des difficultés auxquelles les animaux et les hommes ne sont pas capables de faire face."

Compte tenu des nombreux talents des végétaux, il n'hésite pas à tirer la conclusion qui s'impose : "On peut penser qu'il y a là une certaine forme d'intelligence".

Des êtres sensibles ?
Il est donc injuste de méconnaitre les végétaux dans le monde vivant.
"Par exemple, on a nié pendant longtemps le fait que les plantes soient capables de réagir par rapport à leur environnement. C'est absolument faux. Quand elles sont attaquées par des virus ou des bactéries, elles produisent certains composés, notamment phénoliques, qui sont destinés à lutter contre l'infection. Les plantes peuvent donc avoir des réactions. Est-ce que cela va jusqu'à la sensation ? Il faut être prudent avec le vocabulaire mais pourquoi pas ?"

On pourrait donc imaginer qu'un jour les plantes rejoindront dans le Code Civil les animaux, qui sont depuis 2015 reconnus comme "des êtres vivants doués de sensibilité".
"Il y a encore un grand pas à franchir. Mais on est dans une période où tous ces thèmes évoluent et les plantes vont rattraper peu ou prou le retard qu'elles avaient par rapport au monde animal."

 

*Les plantes ces êtres intelligents, Claude Joseph, éditions Idéo

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Les plantes : des outils fiables pour l'expérimentation scientifique

Elles pourraient remplacer avantageusement les animaux comme cobayes dans certaines expériences scientifiques, selon Claude Joseph.
Le raisonnement est simple : dans le monde animal ou chez les humains, il n'y a pas deux individus strictement identiques sur le plan génétique, alors que dans le monde végétal, les sujets obtenus par multiplication végétative sont des copies conformes.
"On peut appliquer des traitements et étudier leur incidence sur des individus génétiquement identiques. Contrairement aux animaux, avec les plantes on a de vrais témoins. Dans l'expérimentation scientifique et surtout médicale, on ne sait jamais si le résultat peut être attribué au traitement ou à la génétique de l'individu traité."

La méthode pourrait permettre d'étudier les effets d'un produit non pas sur la plante en tant que telle mais sur ses mécanismes moléculaires.
"Par exemple, l'interféron appliqué à des végétaux entraîne la production de protéines qui peuvent avoir un intérêt dans des traitements futurs contre les cancers ou le virus du SIDA."

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