Agriculture : pourquoi la bio marque-t-elle le pas en France ?

Agriculture : pourquoi la bio marque-t-elle le pas en France ?

Une baisse de 16 % des consommateurs réguliers, une hausse de 7 % des non consommateurs de bio entre 2021 et 2022…

L’agriculture biologique marque le pas depuis quelques mois en France. Elle reste pourtant au premier rang européen avec 2,8 millions d’hectares (10 % de la surface agricole) et 58 400 exploitations (13 % des exploitations agricoles).
Plusieurs éléments peuvent expliquer ce palier…

La jungle des labels : le bio est concurrencé par de multiples allégations : "Zéro résidu de pesticides", "sans sulfites ajoutés", "sans nitrites", "vegan"… Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) est controversé et vient ajouter de la confusion.

L’impact de l’inflation : malgré une inflation moindre dans le secteur, dans un contexte de hausse générale des prix, l’alimentation bio devient une variable d’ajustement dans l’arbitrage des dépenses alimentaires des ménages.

D’autres critères d’achat ont émergé : le local, le bien-être animal, la juste rémunération des producteurs, le non-usage du plastique, l’aspect nutritionnel avec le développement du Nutriscore qui ne prend pas en compte les impacts environnementaux ou sociaux des modes de production.
Il apparaît nécessaire de mieux informer les citoyens sur ce qu’est le bio, les contrôles et la certification demeurant une garantie de crédibilité.

Le soutien public reste à la traîne : retard dans le paiement des aides aux agriculteurs bio, suppression en 2017 de l’aide au maintien, objectif des 20 % de produits bio dans les cantines publiques non atteint…
Le dernier rapport de la Cour des Comptes est très critique et inclut 12 recommandations, notamment pour réorienter en faveur du bio les soutiens publics à l’agriculture.
Au-delà d’un soutien à la conversion, l’État devrait poursuivre l’effort financier avec des aides pérennes, qui seraient une reconnaissance et une rémunération des services rendus à la collectivité, comme cela existe dans plusieurs pays européens.

Si le bio des pionniers devrait perdurer, celle des opportunistes pourrait disparaître, se transformer ou se différencier. Malgré les déconversions, le bio demeure source d’inspiration pour une agriculture plus vertueuse.

 

Source : The Conversation, Stéphane Bellon - 22/06/23

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