Après le dieselgate, nous nous dirigeons tout droit vers un “electricgate”


Après le dieselgate, nous nous dirigeons tout droit vers un “electricgate”


Un ingénieur spécialisé dans l’empreinte carbone de projets industriels prévoit un crash de la voiture électrique bien avant 2035.

Laurent Castaignède, fondateur du bureau d’étude BCO2 Ingénierie, est l’auteur de La ruée vers la voiture électrique. Entre miracle et désastre, éditions Écosociété. Selon lui, le développement de la voiture électrique provoquera des pollutions supplémentaires sans réduire la consommation d’énergies fossiles.

La production de batteries devrait être multipliée par 40 entre 2020 et 2040. La voiture électrique accaparerait à cet horizon la moitié des métaux extraits pour le secteur "énergies propres", avec une répartition géographique pouvant favoriser la création d’oligopoles très dangereuse sur le plan géostratégique.

Par ailleurs, au-delà des capacités françaises à produire de l’énergie décarbonée, on risque de recharger le futur parc de voitures électriques, surtout l’hiver, avec de l’électricité au gaz naturel ou au charbon allemand. Sauf à déployer davantage de moyens de production d’énergies renouvelables en quantité équivalente et en parallèle du développement des voitures électriques. On n’en prend pas le chemin puisqu’on n’arrive même pas à respecter nos anciens objectifs en la matière.

Il se pourrait aussi que le déploiement des voitures électriques ait un effet de bord inattendu : les voitures thermiques restantes pourraient devenir moins économes et se partager le même flux pétrolier, ruinant les efforts pour réduire les émissions globales de gaz à effet de serre.

Autre effet pervers : l’obsolescence plus rapide des véhicules électriques. Les moteurs électriques sont beaucoup plus simples que les moteurs thermiques, pourtant l’électronification des voitures les rend plus difficiles à réparer. Cela demande plus d’appareillage et ça coûte plus cher. Il devient donc souvent plus intéressant de racheter une voiture électrique neuve que de réparer une batterie endommagée.

On n’évitera pas une planification contraignante pour orienter les constructeurs vers la sobriété énergétique : par exemple en régulant les caractéristiques clivantes des véhicules, en bridant les voitures de plus d’1,5 tonne à vide à 90 km/h comme on le fait pour les poids lourds, et toutes les autres à 130 km/h. Une véritable transition écologique passerait par des voitures certes électriques mais plus légères, moins nombreuses, et par une réduction organisée des distances du quotidien…

Laurent Castaignède prévoit qu’avant 2035, "nous nous rendrons compte de l’échec désastreux de l’électrification en réalisant que l’empreinte carbone des transports ne baisse pas, que leur pollution baisse peu et que le gaspillage des ressources métalliques est intenable".

 

Source : Reporterre, Vincent Lucchese - 14/11/23

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