Filière cacao : entre hausse des prix, crise écologique et baisse de la productivité, se transformer pour survivre

Filière cacao : entre hausse des prix, crise écologique et baisse de la productivité, se transformer pour survivre

Le prix du cacao a atteint un record historique à 10 000 $ la tonne, après une année de pertes de production liées en partie à la crise climatique.

Le modèle actuel basé sur la monoculture intensive est très productif à court terme. Mais il est fragilisé par la crise écologique et climatique et durablement affaibli par la déforestation généralisée. En Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana où sont produits près de 70 % du cacao mondial, le cacao a dévoré la forêt. En 60 ans, 80 % des forêts primaires en Côte d’Ivoire ont disparu !

Les acteurs du secteur commencent enfin à se mobiliser, notamment autour du concept d’agroforesterie qui consiste à cultiver le cacaoyer dans des écosystèmes forestiers diversifiés, avec d’autres espèces d’arbres. Une solution évidente pour développer un cacao plus résilient, plus durable et plus rémunérateur pour les producteurs.
Le problème, c’est que les acteurs industriels comme Ferrero, Mars, Nestlé ou Barry Callebaut, qui communiquent à coups de millions d’arbres plantés, n’appliquent pas toujours la technicité agricole nécessaire. Et ils se heurtent à la difficulté de la traçabilité, la quasi-totalité des producteurs de cacao étant de très petits exploitants, qui cultivent et récoltent le cacao dans des circuits économiques en grande partie informels. 

Des petits acteurs comme Valrhona (environ 0,15 % des fèves de cacao mondiales) tentent de faire émerger une filière plus durable. L’entreprise travaille avec des “sourceurs de cacao” qui vont rencontrer les cacaoculteurs et contractualiser sur place des partenariats directement avec des coopératives.
Ethiquable travaille aussi en direct avec des coopératives de producteurs, certifiés bio notamment.

Reste à savoir qui va payer pour un cacao produit dans le respect des conditions humaines et environnementales. Certains considèrent que, compte tenu de l’importance des dividendes versés aux actionnaires des grands groupes, les intermédiaires, les transformateurs et les distributeurs sont les mieux placés pour mettre les moyens sur la table. 
C’est du reste cet enjeu qui explique en partie les conflits diplomatiques autour du règlement européen visant à interdire les produits issus de la déforestation. 

 

Source : Novethic, Clément Fournier - 30/03/24

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