Deuxième médecine pratiquée dans le monde, l'homéopathie occupe une position de choix dans le champ des thérapies proposées aux patients. Parmi les plus fréquemment posées, quelques questions la concernant…
Sommaire
- Est-ce que c'est un placebo ?
- Y'a-t-il des études qui montrent son efficacité ?
- Peut-on soigner les animaux ?
- Faut-il y croire pour que ça marche ?
- Comment prendre un médicament homéopathique ?
- Peut-on toucher les granules avec les doigts ?
- Faut-il éviter la menthe, le café et le thé ?
- Peut-on associer homéopathie et allopathie ?
- Pour ou contre l'homéopathie ?
Depuis sa création, l'homéopathie fait débat. Le sujet revient périodiquement sur le tapis et, en 2019, ce fut le cas en France avec la décision du gouvernement d'arrêter de rembourser les granules, décision actée depuis le 1er janvier 2021.
Pourtant l'homéopathie est la deuxième médecine pratiquée dans le monde et un tiers des citoyens européens l'utilise pour des soins de santé quotidiens, selon Hélène Renoux, médecin homéopathe.*
Est-ce que c'est un placebo ?
Le mot signifie en latin "je plairai". Il est utilisé dans le vocabulaire médical depuis le 18e siècle pour désigner un procédé thérapeutique ne comportant pas de substance active (ou une substance efficace sur une autre pathologie) et agissant sur le patient de manière positive par des mécanismes psychologiques et physiologiques.
"Toute médication ou thérapie, sans exception, a une part d'effet placebo, y compris en allopathie"**, explique André Hugou, docteur en pharmacie.
L'homéopathie, fondée sur le principe de similitude, le dosage infinitésimal et l'individualisation du soin, implique une prise en charge globale de la personne. Ce qui favorise l'effet placebo. On ne peut que s'en réjouir.
Y'a-t-il des études qui montrent son efficacité ?
À ce jour, le mystère des mécanismes de fonctionnement des médicaments homéopathiques reste entier. C'est ce qui fait l'objet de la controverse autour de cette forme de médecine. Pour en tester scientifiquement l'efficacité, il faudrait mettre en place une méthodologie adaptée qui reste à définir.
"La question de l'efficacité de l'homéopathie mesurée par des études cliniques avec groupe contrôle en double aveugle n'est pas pertinente, pas davantage que ne l'a été l'évaluation des psychothérapies avec ce même dispositif de validation clinique"*, expliquent les professeurs en psychologie Alain Blanchet et Jacques Arène. Selon eux, on ne peut donc pas réaliser des études de la même manière que pour un médicament allopathique.
"L'essentiel repose sur les observations cliniques et sur les multiples expérimentations reproductibles publiées par les homéopathes de tous bords, soit dans des revues sérieuses de référence, soit dans des livres divers dont les thèmes ne manquent pas. Et ce depuis fort longtemps"**, précise André Hugou.
Peut-on soigner les animaux ?
Cela se produit couramment. Les vétérinaires utilisent l'homéopathie pour les animaux de compagnie, ceux des zoos ou les animaux d'élevage. Elle est particulièrement indiquée pour les chevaux de course "à cause du dopage qui les guette au contrôle sanguin tout comme les sportifs de haut niveau"**.
Faut-il y croire pour que ça marche ?
Peut-on penser que les animaux ont la faculté de croire ou non au traitement homéopathique qu'on leur administre ? Certains avancent que c'est uniquement le geste de soin qui fonctionne. Si c'était le cas, chacun pourrait être guéri par un verre d'eau minérale, argumente André Hugou.
Comment prendre un médicament homéopathique ?
Pour toutes les formes orales, il est conseillé de garder le médicament en bouche pour faciliter sa diffusion dans le sang grâce aux petits vaisseaux situés sous la langue : on parle de voie sublinguale.
Il vaut mieux laisser fondre les formes sèches (granules, doses globules, comprimés…) jusqu'à dissolution mais une ingestion prématurée ne pose aucun problème. Dans ce dernier cas la pénétration dans la circulation sanguine est ralentie mais l'information reste intacte.**
Peut-on toucher les granules avec les doigts ?
Oui. Autrefois cela posait problème car l'imprégnation du médicament s'effectuait en surface et le fait de les toucher pouvait en enlever une partie. Aujourd'hui ce n'est plus la cas car le processus de fabrication favorise la pénétration de la substance jusqu'au centre des supports.**
Faut-il éviter la menthe, le café et le thé ?
Absorbée à distance, ces substances n'inhibent pas l'action des médicaments. En revanche si l'ingestion est proche, comme elles ont pour effet de resserrer les vaisseaux sanguins, cela freine le passage dans l'organisme. Il en va de même pour le tabac et certains médicaments allopathiques vasoconstricteurs.**
Peut-on associer homéopathie et allopathie ?
Cela ne pose aucun problème.
"L'homéopathie ne veut pas du tout se substituer à l'allopathie, mais en revanche elle en est tout à fait complémentaire"**, affirme André Hugou.
Elle est, par exemple, fréquemment utilisée en cancérologie, en complément d'une chimiothérapie, pour diminuer les effets secondaires indésirables de traitements allopathiques lourds.
Pour ou contre l'homéopathie ?
"Est-il vraiment nécessaire d'apporter une réponse binaire à cette question ?", s'interrogent Véronique Suissa, Serge Guérin et Philippe Denormandie. "L'enjeu, dans une perspective humaniste, n'est-il pas plutôt de répondre aux attentes et aux besoins exprimés en matière de santé ? En ce sens, opposer le "cure", vital à la santé, et le "care", essentiel au bien-être, apparaît peu à peu comme obsolète."*
Pour réunir le pour et le contre, ils proposent ainsi de sortir des controverses d'experts, de recentrer le débat sur une meilleure compréhension des attentes des patients et de leur rapport aux médecines complémentaires.
"Au-delà des normes standardisées, d'un dosage administré, ou de la présence ou non d'un agent pathogène dans un organisme, se déclarer "en bonne santé" ou "en meilleure santé" relève avant tout de l'expertise du malade."*
Sources :
*Les 20 grandes questions pour comprendre l'homéopathie, Véronique Suissa, Serge Guérin, Philippe Denormandie, éditions Michalon
**Mieux comprendre l'homéopathie pour mieux l'utiliser, André Hugou, éditions Interéditions
En savoir +
Trop de médicaments en France ?
La consommation de médicament en France atteint des niveaux stratosphérique : 48 boîtes de médicaments par an et par habitant (contre 18 pour nos voisins italiens) dont une sur deux ira à la poubelle, ce qui représente un gâchis de 7 milliards d'euros par an, selon Alain Toledano, médecin cancérologue. 90 % des consultations donnent lieu à une prescription médicamenteuse (43 % aux Pays-Bas).*
"Repenser le soin va être utile pour rétablir une forme de confiance nécessaire à l'exercice médical."*
72 %
des Français
plébiscitent
l'homéopathie*
52 %
des Français
utilisent régulièrement
l'homéopathie*
45 000
médecins
homéopathes
en Europe*