La mycothérapie : des champignons qui soignent ?

La mycothérapie : des champignons qui soignent ?

Depuis la découverte de la pénicilline, de nombreuses études scientifiques ont mis en lumière les vertus de certains champignons, notamment pour stimuler le système immunitaire. En cures régulières ou ponctuellement, en accompagnement de traitements conventionnels, ils ont toute leur place dans une approche de la santé au naturel…

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Sommaire

- Champignons thérapeutiques : des vertus adaptogènes
- Complémentaires d'un traitement conventionnel
- Principes actifs : polysaccharides et triterpènes
- Des exemples de champignons thérapeutiques
- Des champignons partout !
- Où les trouver

Contrairement à ce qu'on croit, le champignon n'est pas une plante.
"Le champignon n'est ni plante, ni algue. Il est proche des insectes et des crustacés", précise Jean-Claude Secondé*, ostéopathe, naturopathe. Voilà pourquoi il a fallu créer une catégorie distincte de la phytothérapie : la mycothérapie.
"Il y a 200 000 familles de champignons, il y en a 2 à 3 000 qui sont comestibles, il y en a 200 qui sont connus et seulement une centaine ayant des vertus thérapeutiques."

Champignons thérapeutiques : des vertus adaptogènes
Ces derniers permettraient de stimuler le système immunitaire et de réguler notre métabolisme face au stress. Ils auraient donc la propriété d'être adaptogène, c'est-à-dire d'aider l'organisme à s'adapter face aux différentes agressions auxquelles il est soumis.

Voilà pourquoi Jean-Claude Secondé conseille aux personnes en bonne santé de complémenter leur alimentation en permanence avec des champignons frais, en poudre ou sous forme de gélules.
"Il est important de prendre régulièrement de la vitamine C et de la vitamine D. De la même manière, il faut apporter des champignons pour remonter le système immunitaire."

Complémentaires d'un traitement conventionnel
Jean-Claude Secondé a constaté que ses patients en chimiothérapie parvenaient à faire remonter leur immunité grâce à des traitements à base de champignons. C'est ce qui l'a amené à la mycothérapie. Il a alors réuni pendant quinze ans une documentation essentiellement composée d'études scientifiques anglo-saxonnes et dit avoir été surpris de l'efficacité de la mycothérapie dans le domaine du cancer.

L'accompagnement d'un traitement chimique conventionnel avec des champignons thérapeutiques permettrait :
- de lutter contre les effets secondaires de la chimiothérapie,
- de stimuler l'immunité,
- de contribuer à la régulation hormonale,
- de favoriser les inhibiteurs de l'angiogenèse (création de vaisseaux sanguins due au développement des tumeurs).

Principes actifs : polysaccharides et triterpènes
Tous les modes d'action des champignons n'ont pas encore été élucidés. Mais on connaît dores et déjà certains des principes actifs qu'ils contiennent et qui sont à la manœuvre.

Les champignons contiennent des polysaccharides, aussi appelés "glucides complexes", et notamment des bêta-glucanes, hydrosolubles, capables d'augmenter le nombre des globules blancs actifs dans le système immunitaire (lymphocytes T et B) et de booster l'activité des mangeurs de cellules contaminées (macrophages).

Ils renferment également des triterpènes, des molécules à base de carbone, qui ont une action anti-inflammatoire.

Des exemples de champignons thérapeutiques
Les champignons courants qu'on trouve dans le commerce ont des vertus thérapeutiques...
- Le champignon de Paris est riche en vitamines. Il facilite la digestion, protège le système immunitaire et aurait même une action préventive sur le cancer du sein.
- La girolle contient beaucoup de protéines, de vitamines et de minéraux. Elle stimulerait le système immunitaire, aurait des effets antioxydants et antimicrobiens.
- La morille améliorerait la fonction rénale, aurait des propriétés antibactériennes et renforcerait le système immunitaire.

D'autres ont déjà acquis une certaine renommée...
- Le shiitaké ou lentin du chêne aurait des propriétés anticancéreuses, antibactériennes, antioxydantes Des études sur la souris ont montré qu'il fait baisser le taux de cholestérol et de triglycérides.
- Le reishi ou ganoderme luisant aurait des propriétés anticancéreuses, antivirales, anti-inflammatoires. Il renforcerait le système immunitaire, agirait comme un tonique respiratoire et combattrait l'hypertension artérielle.
- Le cordyceps ou champignon chenille, en plus de ses vertus antioxydantes et anticancéreuses, aurait des effets sur la libido masculine, améliorerait la résistance à la fatigue, jouerait un rôle de protecteur hépatique.

D'autres encore sont moins connus, comme le maitaké ou polypore en touffes. "Il est très efficace pour remonter l'immunité, pour aider les patients à supporter une chimiothérapie et à la poursuivre jusqu'à son terme", affirme Jean-Claude Secondé. Il agirait aussi sur l'hypertension et aurait des capacités hypoglycémiques.

Des champignons partout !
Dans l'alimentation, il ne faut pas hésiter à mettre des champignons partout, comme on le fait avec l'oignon ou l'ail. On peut alors les choisir frais ou déshydratés. "Il faut faire attention : à part les champignons de Paris, tous les champignons méritent d'être bien cuits !"

En complément alimentaire, Jean-Claude Secondé considère que le conditionnement sous gélules revient cher. Le mieux est de se procurer les champignons sous forme de poudre. "On peut en mettre dans les soupes et dans toutes sortes de plats comme on le fait avec des algues."
Si l'on veut bénéficier de leur effet thérapeutique, il est conseillé de mettre 1 ou 2 cuillère à café de poudre dans de l'eau bouillante. "L'eau bouillante fait sortir les polysaccharides. Sauf dans le cas du reishi où il faut de l'eau à 40°C."
Les seules contre-indications à ce type de champignons sont les allergies.

Où les trouver
On peut bien sûr se contenter des produits qu'on trouve sur les marchés, dans les magasins d'alimentation ou les supermarchés. On peut aussi trouver d'excellents produits vendus en ligne sur le web.

Il faut faire attention car les champignons peuvent concentrer les métaux lourds et la radioactivité plus que d'autres organismes.
"Par exemple, l'origine Japon me fait peur aujourd'hui", avoue Jean-Claude Secondé. "Par précaution je préfère choisir les producteurs dont on sait qu'ils ont cultivé les champignons hors sol, ce qui évite les pollutions de manière certaine. Les sites dont je suis sûr sur le plan sanitaire, sont les sites français voire européens."
À titre d'exemples :
Bio Champi
Phytoplant
Supersec : Moins d'eau plus de goût

 

*Auteur de Les champignons de santé et de longévité, éditions Grancher
Site de Jean-Claude Secondé

 En savoir +

Pénicilline et immortalité

Symbole de longévité en Chine, le champignon y est utilisé depuis des millénaires à usage médicinal pour de nombreuses pathologies. Le reishi ou "champignon de l'immortalité" apparaît dans le plus ancien livre de pharmacopée chinoise en 56 av. JC.

En Occident, les Grecs et les Romains faisaient manger des champignons à leurs soldats pour leur donner de la vigueur et s'en servait également pour… empoisonner les empereurs.

Il faut attendre 1928 pour que la science s'y intéresse avec la découverte fortuite du britannique Alexander Fleming, la pénicilline, à partir du champignon Penicillium notatum.
En 1969, le norvégien Hans Peter Frey extrait du champignon Tolypocladium inflatum la ciclosporine qui permet d'éviter les rejets dans les cas de greffes d'organes.
Depuis, nombreux sont les scientifiques qui ont travaillé sur les champignons et leurs propriétés thérapeutiques.

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