Je fais mon jardin potager en permaculture

Je fais mon jardin potager en permaculture

Et si l'on devenait autonomes en légumes ? Grâce aux techniques de la permaculture, une centaine de mètres carrés de jardin suffirait pour une famille de quatre personnes…

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Sommaire

- Améliorer l'écosystème
- Pailler, composter, décompacter
- Optimiser l'espace
- Jardin potager
- Semis et repiquages malins
- L'art de planifier
- Vers l'autonomie en légumes ?

Il faut certes un peu de temps à consacrer à son jardin… Joseph Chauffrey*, jardinier urbain, estime à environ 5 heures par an et par mètre carré le temps nécessaire au soin de son jardin et une durée équivalente en cuisine pour la préparation et la conservation des produits…
Mais quel plaisir de déguster ses propres récoltes et d'apprendre à observer la nature ! Sans compter les bienfaits pour la santé de pratiquer l'exercice physique nécessaire à l'entretien du potager et de consommer des produits extra-frais et sains…

Améliorer l'écosystème
Chaque jardin a ses spécificités mais il existe quelques principes de base pour concevoir un jardin en permaculture.
(Voir : Profession, maraîcher en permaculture)

Selon Joseph Chauffrey, le premier consiste à améliorer l'écosystème, tout d'abord en favorisant la biodiversité. En plus du potager, il est conseillé de créer un point d'eau, un verger, un espace fleuri… Et de ne pas faire la chasse systématique aux "mauvaises" herbes.

C'est une évidence, tout pesticide de synthèse doit être banni. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'utilisera pas certains produits en dernier recours : produits à base de cuivre et de soufre, savon noir, anti-limace Ferramol, purins d'ortie, de prêle, macération de compost… On veillera à être très sélectif et n'utiliser que des substances autorisées en agriculture biologique. Mais il faut surtout arrêter de s'obnubiler sur les petites bébêtes et accepter d'être patient, le temps que le jardin gagne en résilience.

Pailler, composter, décompacter
Paillage et compostage font également partie des fondamentaux. Il ne faut pas hésiter à diversifier ses approvisionnements : déchets végétaux, tonte d'herbe ou feuilles mortes qui peuvent être en partie récupérés chez des voisins ; mais aussi, pour le paillis, plantes semées pour leur capacité en la matière (consoude de Russie, bourrache ou capucine), fougères ou orties récoltées en forêt, paille achetée dans le commerce…

La récupération des eaux de pluie est un passage obligé pour qu'il n'y ait pas d'apport extérieur d'eau (voir : Un beau jardin économe en eau).

Contrairement à ce qu'ont fait des générations de jardiniers, il ne faut pas retourner le sol. Il vaut mieux le "décompacter" pour ne pas perturber son activité biologique. Adieu la bêche, place à la grelinette !

Optimiser l'espace
L'autre grand principe en matière de permaculture est d'optimiser l'espace. Parmi les associations possibles pour diversifier ses plantations, Joseph Chauffrey cite le trio maïs, courge et haricot, les herbes aromatiques au pied des tomates, les salades au pied des choux, les tomates cerises au pied des fruitiers, les panais dans les fraisiers.

Il ne faut pas hésiter à étager les végétaux. En milieu urbain notamment, on peut utiliser les possibilités qu'offrent les murs (vignes, mûriers et framboisiers grimpants, tomates cerise "Petit Moineau"), les toits, les pergolas (courges, kiwi, haricots grimpants), les tuteurs, les fils et autres supports.

Jardin potager
Et si tout le jardin devenait un potager ? Il suffit pour cela de n'y planter que des végétaux mellifères et comestibles. Les massifs peuvent être ornés de fleurs qui se cuisinent (voir : Cuisiner des fleurs), les sempiternels hortensias et forsythias peuvent être remplacés par des arbustes à baies…

Semis et repiquages malins
Par ailleurs la succession des cultures peut se faire plus rapidement. Démarrer pendant 20 à 30 jours les semis hors sol, dans des contenants comme des plaques de culture, permet d'accélérer les rotations du potager. Trois à quatre cultures (contre une ou deux) peuvent ainsi se succéder sur l'année.

On peut également jouer sur le chevauchement en semant ou repiquant une jeune plante sous un légume qui sera prochainement récolté ou supprimé. C'est le cas par exemple des tomates qui peuvent être repiquées en mai au milieu des carottes primeurs. Ou des épinards et des chicorées qui peuvent être repiquées en septembre sous les tomates.

L'art de planifier
La planification des semis est un art qui demande de nombreux tâtonnements, d'autant que le jardinier ne maîtrise pas la météo. Joseph Chauffrey arrive à récolter toute l'année en démarrant ses semis dès le mois de février dans sa maison, dans une serre voire en extérieur. Ce dernier cas concerne quelques plantes qui supportent le froid (fèves et pois à grains) mais qui doivent, malgré tout, être protégées par un tunnel plastique ou un voile de forçage.

Il est aussi possible de prolonger la saison en semant en automne les légumes qui pourront passer l'hiver dans le jardin et être récoltés dès avril-mai : salades d'hiver, épinards, choux, poireaux, panais, rutabagas, fèves, carottes, pois, verdures asiatiques (pak-choï, pe-tsai, mizuna, yukina…)…

Vers l'autonomie en légumes ?
C'est le défi des années à venir : comment parvenir à l'autonomie en production de légumes avec une petite parcelle située en pleine ville ? Avec les méthodes de Joseph Chauffrey, 20 ou 25 m2 suffirait pour obtenir une autonomie individuelle. Une centaine de mètres carrés permettrait donc à une famille de quatre personnes de produire sa consommation de légumes pour l'année…

 

*Auteur de Mon petit jardin en permaculture, éditions Terre Vivante.

 En savoir +

Je le note !

Joseph Chauffrey conseille de passer du temps à observer la nature et à se documenter sur la faune et la flore de son jardin.
Selon lui, il est important de faire un planning mensuel des actions à réaliser dans le potager et de noter chaque année l'emplacement des principaux légumes, les dates de semis et de récolte, les problèmes rencontrés et les actions mises en œuvre.

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