Les centres de données, piliers du numérique, sont gourmands en électricité, en foncier et en eau…
Ils sont toujours plus nombreux et plus grands. Ils concentrent des machines qui produisent de la chaleur et qu’il faut refroidir. On utilise pour cela soit des systèmes de climatisation classiques, soit des circuits d’eau (ouverts ou fermés), soit encore des systèmes par pulvérisation d’eau (adiabatiques).
Google est un des rares opérateurs à communiquer sur cette question : en une année, il avoue une consommation de 28 milliards de litres d’eau, dont les deux tiers pour refroidir ses data centers. Entre 2018 et 2022, ses prélèvements d’eau ont bondi de 82 %.
Une directive européenne de juillet 2023 contraindra prochainement les data centers de plus de 500 kW au sein de l’Union à plus de transparence sur leur consommation d’eau.
En attendant, beaucoup d’experts sont conscients que la consommation d’eau est un sujet d’importance. Il semblerait même que les opérateurs de data centers procèdent à des forages plus ou moins déclarés dans les nappes phréatiques. En Île-de-France, il y aurait des nappes de plus en plus fragilisées, notamment dans l’Essonne.
La consommation des data centers est amenée à exploser avec le développement de l’intelligence artificielle (IA). D’ici à 2027, on estime que l’IA consommera autant d’eau que la moitié du Royaume-Uni ou 4 à 6 Danemark.
On va vers un conflit d’usage entre d’un côté le lobby technologique, ses data centers et ses fermes de serveurs, et de l’autre le lobby de l’agriculture industrielle. Leurs points communs : les deux concourent à un appauvrissement, un épuisement des sols ainsi qu’au stress hydrique des populations avoisinantes ; et, pour l’essentiel, ils s’en moquent.
Source : Reporterre, Fabien Benoît - 29/01/24