Santé mentale et soins psychiques de l’enfant : la surmédication dépasse toutes les bornes scientifiques

Santé mentale et soins psychiques de l’enfant : la surmédication dépasse toutes les bornes scientifiques

On observe une aggravation des problèmes de santé mentale chez les jeunes, avec une augmentation du nombre de suicides.

Des collectifs soignants ont multiplié les tribunes et les alertes. Le covid n'a fait qu'amplifier un problème déjà existant. Face à cela, un rapport que vient de publier le HCFEA (Haut conseil de la famille de l'enfance et de l'âge) montre que la prise en charge n'est pas à la hauteur des enjeux. Faute de soins adaptés, on assiste à une consommation excessive de médicaments psychotropes.

La HAS (Haute autorité de santé) recommande en effet en première intention :
- les pratiques psychothérapeutiques (psychanalyse, pratiques psychodynamiques et cliniques, thérapies cognitives et comportementales, thérapies familiales et groupales…),
- les pratiques éducatives,
- les pratiques de prévention et d’intervention sociale.
Le traitement médicamenteux n'intervient qu'en deuxième intention, en soutien de l’accompagnement psychologique, éducatif et social de l’enfant et de sa famille, avec beaucoup de précautions du fait d'effets secondaires indésirables importants.

On assiste pourtant à une explosion de la consommation de psychotropes.
En 2021, celle-ci a augmenté, chez l’enfant et l’adolescent de :
- 7,5 % pour les antipsychotiques,
- 16 % pour les anxiolytiques,
- 23 % pour les antidépresseurs,
- 224 % pour les hypnotiques.
Le phénomène existe depuis plusieurs années et n'est pas lié à la crise du covid qui n'a fait que l'aggraver : les enfants sont exposés à une médication croissante et inadaptée.
5 % de la population pédiatrique seraient concernés.

Le rapport HCFEA insiste sur le fait que ces prescriptions se font en dehors de toute validation scientifique. En 2009, les prescriptions hors AMM (Autorisation de mise sur le marché) touchaient 66 % des jeunes patients et concernaient essentiellement la prescription chez l’enfant de médicaments réservés à l’adulte. C'est notamment le cas du méthylphénidate (Ritaline, Concerta…) dont la prescription a augmenté de 116 % entre 2010 et 2019 avec une transgression systématique des AMM et des recommandations.

La sur-utilisation de médicaments écarte souvent la possibilité de recourir à d’autres stratégies thérapeutiques, ce qui peut constituer une perte de chance inacceptable.
"Il est urgent d’aligner l’éthique, les données de la science, et la communication à destination des patients et du grand public dans ce domaine."

 

Source : The Conversation, Sébastien Ponnou & Xavier Briffault – 14/03/23

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