Se libérer de la douleur

Se libérer de la douleur

Face à la douleur, comment passer du statut de victime à celui d'acteur ? De nombreuses disciplines peuvent aider à apaiser le mental et ainsi diminuer la perception douloureuse.

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Sommaire

- Un ensemble complexe modulé par le cerveau
- Une approche intégrative
- Quatre types de douleurs
- Des facteurs biologiques et physiologiques
- Des facteurs culturels et socio-économiques
- Des facteurs familiaux et professionnels
- Des facteurs cognitifs et psychologiques
- De la douleur à la souffrance
- Asanas : des bienfaits reconnus
- Calmer le mental
- Cinq causes de la souffrance
- Transformer la douleur et la souffrance

Lombalgie, névralgies, endométriose, arthrose… Aujourd'hui un adulte sur cinq souffre de douleurs chroniques dont un sur deux voit sa qualité de vie très altérée et deux sur trois ne sont pas soulagés par leur traitement.*

La douleur fait partie de la vie et nous signale la plupart du temps une anomalie dans notre organisme. Elle dépend de facteurs sur lesquels nous ne pouvons pas grand chose (aléas de la vie, biologie, environnement) et d'autres sur lesquels nous pouvons agir : hygiène de vie, activité physique, respiration, attitude mentale…
Pourtant, face à la douleur, "nous pouvons passer du statut de victime impuissante à celui d'acteur"*, affirme Yael Bloch, enseignante de yoga.

Un ensemble complexe modulé par le cerveau
Depuis la seconde moitié du 20e siècle, on constate que la douleur n'est pas seulement d'ordre physiologique et neurologique mais un ensemble complexe d'événements sensoriels, affectifs et psychiques (voir encadré).
"La douleur est une perception personnelle et intime qui ne peut se mesurer de manière objective et, en tant que perception, elle est interprétée, créée et modulée par notre cerveau"*, explique Yael Bloch.

Une approche intégrative
Cela ouvre la voie dans les années 2000 à une prise en charge non médicamenteuse de la douleur : électrothérapie, acupuncture, psychologie, thérapies cognitives, relaxation, kinésithérapie, ostéopathie, sophrologie, yoga, massages, musicothérapie, hypnose…
L'approche intégrative de la douleur a aujourd'hui fait ses preuves.

Quatre types de douleurs
On sait analyser la douleur et faire la distinction entre les douleurs nociceptives (une alerte de l'organisme dû à une cause interne ou externe), les douleurs neuropathiques (dues à un dérèglement du système nerveux), les douleurs dysfonctionnelles (inexpliquées) ou les douleurs mixtes (une combinaison des douleurs nociceptives et/ou neuropathiques et/ou dysfonctionnelles).

Des facteurs biologiques et physiologiques
Le vécu de la douleur peut-être influencé par différents facteurs.
Certains facteurs biologiques et physiologiques sont susceptibles de diminuer la douleur : une activité physique modérée, la concentration sur un son, l'effet placebo…
Ou d'exacerber la douleur : le manque de sommeil, la fatigue, l'effet nocebo…

Des facteurs culturels et socio-économiques
Certains facteurs culturels et socio-économiques sont susceptibles de diminuer la douleur, comme par exemple le fait de donner du sens à cette douleur.
Ou d'exacerber la douleur : l'insécurité, la précarité, les conditions de vie difficile, le manque d'éducation, le fait de subir cette douleur…

Des facteurs familiaux et professionnels
Certains facteurs familiaux et professionnels sont susceptibles de diminuer la douleur : la communication, l'expression, la bienveillance, la compréhension...
Ou d'exacerber la douleur, dans tous les cas où ces éléments sont aux abonnés absents.

Des facteurs cognitifs et psychologiques
Certains facteurs cognitifs et psychologiques sont susceptibles de diminuer la douleur : la compréhension de la cause, l'état d'esprit positif et serein...
Ou d'exacerber la douleur : une émotion négative, le stress accompagné d'émotions perturbatrices, certaines maladies comme la dépression ou les troubles cardiovasculaires…

De la douleur à la souffrance
On voit que la douleur physique peut être perçue différemment selon tous ces facteurs. L'attitude mentale, notamment, peut venir se surajouter à la douleur : par exemple lorsqu'on s'inquiète, lorsqu'on rumine des pensées négatives, lorsqu'on se met en colère… C'est ainsi qu'on passe de la douleur à la souffrance.

Certaines disciplines traditionnelles se sont beaucoup intéressées à la souffrance puisque leur objectif est d'en libérer leurs adeptes.
C'est le cas du Taiji Quan et du Qi Gong qui font partie intégrante de la médecine traditionnelle chinoise.

Asanas : des bienfaits reconnus
C'est le cas aussi du yoga. La pratique des postures (asanas) peut être associée à tout traitement médicamenteux. Elle permet de renforcer, étirer, soutenir, adoucir, détendre les muscles et les fascias, de créer une sensation d'espace dans le corps, de redonner de la souplesse aux tendons et ligaments, de favoriser la réparation des tissus, de diminuer l'inflammation, d'augmenter la variabilité de la fréquence cardiaque, de diminuer le stress et l'anxiété…*

Calmer le mental
Mais le yoga ne se réduit pas à cela. Il préconise également une hygiène de vie incluant l'alimentation, des pratiques comme la méditation (voir : Méditation : un chemin vers la guérison) et la respiration (voir : Ne pas oublier de respirer !) permettant de calmer le mental, d'apaiser la souffrance et donc de diminuer la perception douloureuse (voir : Yogathérapie : prévenir et se soigner avec le yoga).
"Nous croyons souvent que nous ne pourrons avoir un esprit tranquille (sans souffrance psychologique) que quand nous irons bien ou quand nos douleurs seront parties. C'est une illusion et c'est même le contraire, car un mental tranquille est le meilleur allié de notre amélioration et de notre guérison"*, assure Yael Bloch.

Cinq causes de la souffrance
Plus largement, le grand texte de référence du yoga, les Yoga Sutra de Patanjali, qui date du 4e siècle de notre ère, dénombre cinq causes (kleshas) de la souffrance (duhkha) : l'ignorance, l'égo, le désir de prendre, le refus d'accepter, la peur de la mort.

Transformer la douleur et la souffrance
Yael Bloch considère que la pratique du yoga dans son intégralité est un outil précieux.
"En abordant la douleur de manière détournée plutôt que frontalement, le yoga nous transforme et ainsi il transforme la douleur et la souffrance."*

 

*Soulager la douleur grâce au yoga, Yael Bloch, éditions La Plage

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En bref : histoire de la douleur

Bains, fumigations, pilules, lavements… Pour soulager la douleur, on dispose dans l'Antiquité de tout un arsenal, dont une vaste pharmacopée : dérivés du pavot (opium), cannabis… En Chine, il y a déjà l'acupuncture et la moxibustion.

En Occident, dans la foulée des stoïciens grecs, la religion catholique attribue à la douleur une fonction expiatoire censée élever l'être humain, lui apporter la rédemption de ses péchés. La douleur sera ainsi longtemps considérée chez nous comme nécessaire, inévitable voire salutaire. Il faut attendre le siècle des Lumières pour qu'on commence à considérer la douleur comme une alerte émise par le corps pour signaler un dysfonctionnement.

Avec le développement de la médecine, on découvre au 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle les mécanismes de la douleur et du système nerveux ainsi que l'efficacité des antalgiques : aspirine, paracétamol, morphine, cocaïne, codéine, héroïne… L'anesthésie voit le jour, sous forme locale ou générale, avec l'aide de l'éther ou du chloroforme puis de la morphine ou de la cocaïne.

Ces dernières années, le cannabidiol (CBD), un dérivé du chanvre sans effets psychotropes, a montré des résultats intéressants sur les douleurs chroniques mais il est encore insuffisamment documenté.*

Vie Saine et Zen