Trouver sa propre façon de bien manger

Trouver sa propre façon de bien manger

Il n'existe pas une alimentation qui soit bénéfique pour tout le monde. Chaque être humain a son propre régime idéal. Mais encore faut-il parvenir à l'identifier…

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Sommaire

- Un "feu métabolique" différent
- Cueilleur, chasseur et chasseur-cueilleur
- Identifier ses besoins
- Sept types de faim
- Pas d'interdits
- Quelques conseils pour tous
- Aller vers ses envies
- Observer les effets des aliments
- Un rapport avec la nourriture sain et joyeux

Les derniers développements de la recherche scientifique sont formels : il n'y a pas une bonne façon de manger, valable pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que nous avons tous dans nos intestins un microbiote dont la composition est différente (voir : L'intestin, un rôle stratégique dans notre santé et Surpoids et obésité, le rôle du microbiote intestinal). C'est ce microbiote qui envoie des messages au cerveau et régule le métabolisme de chaque individu. En clair, les petites bestioles qui habitent dans notre intestin conditionnent largement nos besoins et nos envies en matière d'alimentation.

Un "feu métabolique" différent
"Comme il n'y a pas un habit qui va à tous les corps humains, il n'y a pas une façon de manger qui soit bonne pour tout le monde", explique Chine Lanzmann, coach professionnelle*. "Chacun va digérer et métaboliser d'une façon différente. L'ail peut être très bon pour moi et très mauvais pour mon voisin. Le chou cru sera repoussant pour les uns, délicieux pour les autres…"

L'hypothèse est que chacun aurait un "feu métabolique" différent.
"Le feu métabolique est la façon de digérer et de prendre ce qui est bon dans les aliments. Si quelqu'un a un petit feu et qu'on lui met des grosses bûches, ça va l'étouffer. Si quelqu'un a un grand feu et qu'on lui met des petites bûches, il va vite les consumer. À chaque feu, il faut trouver sa bûche."

Cueilleur, chasseur et chasseur-cueilleur
Certaines personnes, avec un petit feu métabolique, auraient la capacité de mieux métaboliser les glucides. D'autres, avec un grand feu, vont mieux transformer la viande. Chine Lanzmann distingue ainsi trois profils : cueilleur, chasseur et chasseur-cueilleur.

"Le cueilleur est quelqu'un qui va bien tirer profit des aliments légers : un peu de protéines animales, beaucoup de légumes, des féculents, des fruits… Le chasseur est quelqu'un qui va être en forme et rassasié avec plus de viandes et de graisses animales, moins de fruits et de féculents.
Le chasseur-cueilleur, lui, s'adapte à tous les aliments."

Identifier ses besoins
Selon qu'on appartient à un profil ou à un autre, il faudra adapter son alimentation. D'où l'importance d'identifier ses besoins, de s'affranchir des injonctions de la diététique et d'apprendre à écouter ses sensations alimentaires. (Voir : L'équilibre alimentaire, manger plaisir, manger intuitif)

Sept types de faim
"L'une de mes grandes prises de conscience a consisté à repérer les sept types de faim qui sont évoqués par la méditation de pleine conscience : la faim des yeux, du nez, de la bouche, du mental, du cœur, de l'estomac et des cellules", raconte Chine Lanzmann. "Est-ce qu'il s'agit de la faim des yeux parce que je viens de voir un livre de recettes ? Celle du nez parce que je passe devant une boulangerie et que ça sent le croissant chaud ? Celle du mental parce qu'il est 13h et que c'est l'heure de manger ? Celle du cœur parce que je me sens triste et un peu seule ? Celle de la bouche qui est insatiable ?..."
(Voir : Manger en pleine conscience)

Seules celles de l'estomac et des cellules sont des faims que l'on satisfait en mangeant. Les autres peuvent être assouvies autrement.
"Par exemple pour la faim du cœur, il vaut mieux faire un câlin, trouver une façon de se consoler ou être en lien avec quelqu'un. Pour celle des yeux, on peut se satisfaire de regarder des aliments…"

Pas d'interdits
Au moment du repas, la pratique de la pleine conscience permet d'être attentif à ses besoins, en toute liberté : pas d'aliment bon ou mauvais, pas d'interdits, pas de restrictions.

"Faire attention à l'aliment, le regarder, le sentir, le mettre dans la bouche, sentir comment il est dans la bouche, quel goût il a, commencer à mâcher… C'est extrêmement difficile parce que dans notre société beaucoup de gens sont coupés de leurs sensations. On a tendance à dévorer. Notre rapport à la nourriture est très bizarre : en général plus on aime un aliment, plus on va le manger vite ! En fait, on devrait le déguster très lentement."

Quelques conseils pour tous
S'il n'y a pas de régime alimentaire qui convienne à tout le monde, il y a des conseils de santé qui sont universels : manger quand on a faim, consommer du naturel, faire la cuisine, privilégier les bonnes graisses (voir : Matières grasses, les bonnes et les mauvaises), se désintoxiquer du sucre (voir : Ne pas se laisser piéger par le sucre), manger des aliments non transformés à partir d'aliments bruts et de préférence bio (voir : Éviter l'alimentation industrielle ?).

Aller vers ses envies
Comment s'y prendre pour repérer ses besoins ? Comment distinguer la faim de l'estomac des autres faims ? La première des choses serait d'aller vers ses envies.
"Pourquoi pas se mettre devant l'étal de légumes au marché et se demander de quoi on a vraiment envie, là, maintenant…"

Chine Lanzmann conseille également d'utiliser un outil très pratique : l'échelle de la faim (voir encadré).
"Est-ce que je n'ai pas faim du tout, est-ce que j'ai un petit peu, moyennement ou très faim ? Est-ce que je suis un peu rassasiée, juste rassasiée, bien rassasiée ou est-ce que j'ai trop mangé, est-ce que ça déborde ? Idéalement on mange à -3 et on arrête de manger à 3."

Observer les effets des aliments
On peut aussi simplement observer après un repas comment se passe la digestion, le sommeil, l'humeur. Et éventuellement noter les effets de tel ou tel aliment.
"Par exemple les gens qui mangent trop de sucre sont souvent plus énervés et stressés que les autres."

Un rapport avec la nourriture sain et joyeux
Chine Lanzmann rêve d'un monde où chacun pourrait avoir un rapport sain et joyeux avec la nourriture, où chacun se nourrirait à la façon qui lui convient et non comme les autres lui disent de faire.
"Que désormais la nourriture cesse de vous bouffer la vie et vous apporte un moral solide, un bien-être durable et surtout du plaisir !"

 

*Coauteure de Quand l'alimentation nous bouffe la vie, Chine Lanzmann et Gabriella Tamas, éditions Eyrolles

 En savoir +

L'échelle de la faim

5. Je me sens malade, j'ai mal au cœur tellement j'ai mangé.
4. Je me sens mal, j'ai trop mangé, je suis ballonné, je déboutonne mes vêtements.
3. J'ai l'estomac agréablement plein, j'ai bien mangé.
2. J'ai encore faim, je pourrais encore manger.
1. J'ai commencé à manger, il me reste plein de place.
0. Je suis bien, je suis heureux, en harmonie.
-1. Ai-je faim ? Ou non ? Je ne sais pas trop si j'ai faim.
-2. Je commence à avoir faim.
-3. J'ai un peu faim, je sens qu'il faudrait que je mange pour avoir plus d'énergie.
-4. J'ai très faim, je suis irrité, j'ai mal au ventre, à la tête…
-5. Je meurs de faim, je mangerais n'importe quoi, je me sens faible.

 

(Extrait de Quand l'alimentation nous bouffe la vie, Chine Lanzmann et Gabriella Tamas, éditions Eyrolles)

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