Effets sur la santé, alternatives… Face au glyphosate, l'impossible consensus

Effets sur la santé, alternatives… Face au glyphosate, l'impossible consensus

Peut-on ou non se passer du glyphosate dont la reconduction de l’autorisation est actuellement en discussion ?

Ce dossier épineux fait l’objet d’une âpre discussion sur fond de lobbyisme et de controverse scientifique. Les États membres de l’Union européenne qui devaient se décider en octobre ont repoussé leur décision à la mi-novembre.
Selon les experts, le glyphosate est un herbicide unique et efficace, le seul à agir sur toutes les plantes. Il est également facile d’emploi et bon marché.
Problème : 70 % des Français veulent s’en débarrasser, à cause de sa dangerosité supposée sur la santé et des scandales à répétition liés à son créateur, la sulfureuse société Monsanto. Les Monsanto Papers, notamment, ont dévoilé en 2017 un "système de manipulation de données scientifiques", une "dissimulation d'informations aux autorités", des "opérations de propagande", des "menaces et intimidations de scientifiques". 

Le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), dépendant de l’OMS, considère que le glyphosate est un cancérogène probable depuis 2015, à l’inverse des autorités sanitaires européennes qui se fondent sur les études des industriels et n’étudient que la molécule active du produit.
Une étude de l'Inserm a analysé toute la littérature scientifique internationale publiée depuis 2013. Elle fait état d’un lien plus ou moins fort entre le glyphosate et le myélome multiple (cancer de la moelle osseuse), certaines leucémies, des troubles respiratoires, le lymphome non hodgkinien (cancer lymphatique) et des malformations prénatales. 

Les experts considèrent qu’il n’existe pas à ce jour un produit qui pourrait se substituer au glyphosate et qu'un tel produit aurait de fortes chances de comporter les mêmes défauts et d’entraîner les mêmes inquiétudes.
Les solutions existent et sont maîtrisées mais elles nécessitent une évolution des pratiques agricoles avec souvent plus d'argent, plus de temps, plus de personnel et un rendement plus faible : désherbage mécanique, utilisation de couverts végétaux pour protéger les sols…
Dans certains cas, se passer du glyphosate peut s’avérer très difficile.
Certains agriculteurs préconisent donc non pas d’interdire le glyphosate mais de le taxer très fortement. "S'il n'était plus aussi bon marché, cela forcerait à l'utiliser avec parcimonie quand cela se justifie réellement et pas, comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui, par simple facilité."

"Finalement, le glyphosate, c'est un peu comme la voiture. On connaît ses effets néfastes, on sait qu'il faudrait s'en passer, mais tout s'est tellement organisé autour pendant des années que nous n'y arrivons pas", conclut un expert de l'Inrae.

 

Source : France 24, Cyrielle Cabot - 12/10/23

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