La fibromyalgie : approche multidisciplinaire indispensable

La fibromyalgie : approche multidisciplinaire indispensable

Elle peut être invalidante et ses symptômes difficiles à distinguer. Cette maladie apparue à la fin du 20ème siècle est encore controversée. Aujourd'hui, quand on la reconnaît, on sait la soigner grâce à une approche intégrant plusieurs disciplines.

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Sommaire

- Douleurs, fatigue, troubles du sommeil

- À l'origine : le stress post-traumatique

- Des personnes prédisposées

- "Manger mieux gras"

- L'approche multidisciplinaire

Reconnue par l'OMS depuis 1992, la fibromyalgie n'est pas encore reconnue au niveau européen. En France de nombreux patients ne se sentent pas pris en charge par le corps médical. Certains médecins considèrent qu'ils ont une maladie imaginaire, et d'autres se repassent la balle, du rhumatologue au neurologue en passant par le psychologue, le psychiatre ou le généraliste…

Douleurs, fatigue, troubles du sommeil
Il s'agit d'un syndrome (un ensemble de symptômes) caractérisé par des douleurs musculaires chroniques, une fatigue physique et un sommeil non réparateur (voir encadré).

À l'origine : le stress post-traumatique
Selon les experts réunis à l'occasion des dernières Rencontres des Médecines Alternatives et Complémentaires de l'hôpital Tenon, il y a aujourd'hui des avancées significatives dans la compréhension de ce syndrome.
"Les origines musculaires, endocriniennes, neurologiques, infectieuses ou génétiques soupçonnées ont été peu à peu éliminées. Dans la grande majorité des cas, le mécanisme (…) est lié à des phénomènes de stress intense et/ou chronique", selon Patrick Cherin, chef du service de médecine interne à la Pitié-Salpétrière. La relation serait donc étroite entre la fibromyalgie et un état de stress post-traumatique.

Dans le passé des fibromyalgiques on retrouve des traumatismes physiques, psychiques, sexuels : 80 % d'entre eux ont connu du harcèlement et/ou des maltraitances physiques, violences, abus sexuels…

Des chercheurs israéliens ont suivi les survivants d'un accident de train et vu apparaître la fibromyalgie chez 15 % d'entre eux dans les trois ans qui ont suivi (contre 2 % en moyenne dans la population).

Si la cause du stress disparait, dans le cas d'un stress chronique au travail par exemple, on peut observer une amélioration de l'état des patients.

Des personnes prédisposées
Le syndrome ne se manifeste que chez des personnes ayant certaines prédispositions hormonales, neurologiques mais aussi psychiques : tendance à la somatisation, au catastrophisme, mésestime de soi compensée par une hyperactivité avec volonté de se dépasser, perfectionnisme, hyper altruisme.

Ce souvent des personnes qui développent d'abord des céphalées, des syndromes du côlon irritable, des lombalgies… Puis la fibromyalgie apparaît.

"Manger mieux gras"
Olivier Coudron, directeur du département d'alimentation-santé et de micronutrition de l'Université Bourgogne-Dijon, propose de remédier aux déséquilibres nutritionnel et micronutritionnel des patients et à l'hyperperméabilité intestinale concomitants au syndrome.
On peut donc faire appel aux probiotiques, se renforcer en magnésium, tryptophane, vitamines du groupe B, fer, zinc, calcium, adopter une alimentation adaptée faisant place notamment aux fibres, aux antioxydants, avec 40 % de "bonnes" graisses.
Il est fondamental de "manger mieux gras", précise Olivier Coudron. "C'est impensable d'avoir de l'huile de tournesol dans la cuisine et des anti-inflammatoires dans l'armoire à pharmacie. Notre anti-inflammatoire c'est un rapport oméga 6 / oméga 3 équilibré (inférieur à 4). Et il faut fuir les graisses trans industrielles."

Grégoire Cozon, maître de conférence à l'hôpital E. Herriot de Lyon, préconise de compléter les règles diététiques par l'utilisation d'antifongiques naturels : ail, oignon, extraits de pépins de pamplemousse, olive, HE de thym ou d'arbre à thé…

L'approche multidisciplinaire
En complément, Olivier Coudron propose des disciplines comme la chronobiologie nutritionnelle, la luminothérapie, l'EFT (Emotionnel Freedom Technique), l'EMDR, les approches cognitives mais aussi la relaxation, la méditation, la pratique de la cohérence cardiaque… Il insiste sur la globalité de la démarche proposée aux patients.

On trouve bien sûr des réponses avec l'ostéopathie, l'homéopathie (Luesinum, Mercurius, Psorinum et Sulfur), la phytothérapie (magnolia, jujubier, péricarpe de l'oranger, pivoine…), ainsi que l'acupuncture et les médecines énergétiques.

Pour Patrick Cherin, il est clair qu'il n'y a pas sur le marché actuellement de médicament susceptible de guérir la fibromyalgie. Il faut une approche multidisciplinaire :
- psychothérapie pour traiter la cause en priorité ;
- médicaments mais aussi acupuncture ou sophrologie pour traiter la douleur ;
- reprise d'une activité physique régulière (3 fois 30 minutes par semaine) pour traiter le déconditionnement musculaire : marche, vélo, danse, salle de sports, piscine, balnéothérapie, Taiji Quan
Dans ce cadre on pourrait obtenir une amélioration dans environ la moitié des cas.

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Les symptômes

"fibro" : tendons
"myo" : muscles
"algie" : douleur

La fibromyalgie se manifeste par quatre signes principaux :
- douleurs articulaires et musculaires diffuses ;
- fatigue physique importante ;
- sommeil déstructuré non réparateur ;
- persistance de points douloureux précis au niveau des insertions de certains tendons des muscles sur les os.

Dans 60 % des cas, les patients ont un syndrome des jambes sans repos.
Ils sont souvent dépressifs, mais il s'agit la plupart du temps d'un effet de la fibromyalgie et non d'une cause. Et cet effet est aggravé par la douleur et l'absence de compréhension du monde médical.

Même si les symptômes ressemblent à des pathologies apparentées, il y a bien une spécificité de la fibromyalgie.
"Par rapport à des sujets témoins, on observe à l'IRM fonctionnel des anomalies non physiologiques spécifiques dans les aires du cerveau qui interviennent dans le traitement de la douleur", précise Patrick Cherin.

2 %
de la population
européenne
touchés par la fibromyalgie

80 %
de femmes
parmi les personnes
atteintes de fibromyalgie

35 ans
l'âge moyen
auquel débute
la fibromyalgie

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