L'épigénétique est une science jeune qui montre notamment à quel point notre environnement (nutrition, exercice physique, stress, plaisir, harmonie du réseau humain, toxicités) peut influer sur notre santé et notre longévité.
Sommaire
- La symphonie du vivant
- Des champs d'exploration immenses
- Une nutrition équilibrée
- Exercice physique
- Réduction du stress
- Recherche du plaisir, de l'harmonie du réseau humain
- Les dangers des "épimutations"
Il s'agit d'une découverte récente, qui date d'une vingtaine d'années : nous ne sommes pas le produit de nos gènes, comme nous le croyions au 20e siècle. C'est nous qui avons un potentiel d'action sur eux. "Notre ADN peut être influencé par notre environnement personnel : nourriture, exercice physique, vie sociale et amoureuse, entourage, lieu de vie, stress…", explique Joël de Rosnay, docteur ès sciences, ancien chercheur en biologie et en informatique*.
La symphonie du vivant
Cette nouvelle science s'appelle l'épigénétique. Pour la définir, on peut faire référence au monde de la musique : "On peut considérer que les notes de musique sur une portée sont la génétique, tandis que l'épigénétique est la symphonie exécutée à partir de ces notes. (…) Notre organisme fonctionne comme un grand orchestre. Le cœur, les poumons, le foie… Chacun doit "jouer sa partition" en harmonie avec tous les autres organes pour interpréter la symphonie du vivant."
Des champs d'exploration immenses
À la manière d'une partition musicale, notre programme ADN peut donc être exprimé, inhibé ou modulé par nos comportements. Certaines maladies ou certains troubles mentaux seraient liés à des changements épigénétiques. Les champs d'applications de cette nouvelle science sont immenses et ont déjà commencé à être explorés : traitement du cancer, ralentissement du vieillissement, amélioration et maintien de la santé… On sait dores et déjà qu'il est possible d'opter pour une hygiène de vie susceptible de mieux prévenir les maladies et de nous faire "vieillir jeune". Joël de Rosnay propose ainsi un mode d'emploi très simple pour une bonne pratique de l'épigénétique.
Une nutrition équilibrée
La première de ses recommandations consiste à modérer son apport calorique autour de 1 900 calories par jour (un Américain en consomme en moyenne 2 500 et un Français 2 300), réparti selon l'adage connu : "petit déjeuner de roi, déjeuner de prince, dîner de gueux".
Il faut ensuite "manger en couleurs" : dans les fruits et légumes, le rouge, le jaune, l'orangé, le bleu, le pourpre signifient que les produits contiennent des antioxydants et des anti-inflammatoires.
Contrairement à ce que l'on a longtemps cru, il est important de manger gras ! "Les graisses (animales, végétales), à l'exclusion des graisses industrielles, sont indispensables à l'organisme. Elles protégeraient même contre le cancer." (Voir : Matières grasses, les bonnes et les mauvaises)
Il y a des aliments à privilégier, comme le chocolat noir, riche en cacao. Il y a des aliments à éviter, comme les boissons toxiques, l'excès de sel et de sucre. (Voir : Ne pas se laisser piéger par le sucre)
Exercice physique
L'épigénétique nous apprend que l'effort physique, par les contractions musculaires qu'il provoque, entraîne des modifications quasi instantanées. Mais l'effet est réversible et, après quelques heures, les gènes retrouvent leur état initial. Voilà pourquoi "seule une pratique régulière peut entraîner des changements épigénétiques à long terme". Il est question de 30 à 40 minutes par jour. Marche à pied, jogging, vélo, natation, surf… Ou chez soi : rameur, vélo d'appartement…
Réduction du stress
Selon Joël de Rosnay, les résultats des travaux sur l'épigénétique sont en train de donner raison aux médecines traditionnelles orientales comme la MTC (Médecine Traditionnelle Chinoise).
"Ces pionniers de la médecine psychosomatique (on parle aussi de psycho-neuro-immunologie) étaient en effet persuadés que nos comportements pouvaient expliquer l'apparition de maladies ou de désordres du métabolisme. (…) Aujourd'hui, dans le monde entier, les neurosciences mettent enfin en évidence l'influence réciproque entre l'esprit et le corps."
D'où le fort intérêt que l'on constate aujourd'hui pour le yoga, le Taiji Quan et le Qi Gong voire la méditation. Les effets de ces disciplines sont concluants non seulement en matière de gestion du stress mais aussi, par exemple, pour diminuer l'hypertension ou le risque de maladies cardiovasculaires.
Recherche du plaisir, de l'harmonie du réseau humain
Endorphine, dopamine, sérotonine, ocytocine… Les hormones du plaisir agissent en synergie. On peut favoriser leur production en privilégiant certains comportements : pratiques d'exercices physiques, situations de plaisir et de récompenses, optimisme, amour, convivialité et relations sociales. Dans ces derniers domaines, Joël de Rosnay préconise d'utiliser les outils de la Communication non violente (CNV) qui "permet à chacun d'approfondir ses sentiments pour mieux communiquer en laissant s'exprimer sa bienveillance."
Les dangers des "épimutations"
Les récents travaux mettent en lumière les dangers des mutations épigénétiques dues aux toxicités du monde moderne : produits chimiques liés à l'agriculture, peintures, colorants, particules fines liées à la pollution de l'air, additifs alimentaires, médicaments…
On connaît depuis peu les impacts sur certains mécanismes épigénétiques des métaux lourds, des perturbateurs endocriniens (voir : Perturbateurs endocriniens, quels enjeux), de médicaments comme le Distillbène ou la Dépakine… Plusieurs générations seront touchées par ces "épimutations".
Ces nouvelles connaissances doivent entraîner des prises de conscience au niveau des autorités compétentes. Les seuils de toxicité devront être revus et, d'une manière générale, de vigoureuses mesures de santé publique devront être mises en œuvre.
D'une manière plus large, Joël de Rosnay appelle à une gouvernance citoyenne pour un partage planétaire des savoirs et des richesses (voir encadré).
Source :
*La symphonie du vivant, Comment l'épigénétique va changer votre vie, Joël de Rosnay, éditions Les Liens qui Libèrent
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Épigénétique et "épimémétique"
Les mécanismes de l'épigénétique pourraient, selon Joël de Rosnay, être transposés à l'échelle de la société. Il y aurait un ADN sociétal, constitué de gènes virtuels culturels transmis par les médias, les comportements collectifs et l'utilisation des outils numériques interactifs. En reprenant la terminologie de Richard Dawkins, Joël de Rosnay appelle ces gènes des "mèmes".
On pourrait donc passer de la génétique à la "mémétique" et de l'épigénétique à l'épimémétique. De la même manière que l'homme peut influer sur ses gènes en matière de santé et de longévité, il pourrait agir sur la société, dans le cadre d'une véritable démocratie participative et d'une gouvernance citoyenne, pour la transformer dans un sens positif. Pour une "société souhaitée et un futur désirable".*